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Merz à Jérusalem : Soutien Inébranlable à Israël

À peine arrivé au pouvoir, Friedrich Merz pose un geste fort : visite à Yad Vashem et rencontre avec Netanyahu. L’Allemagne lève l’embargo sur les armes et pousse pour la phase 2 du cessez-le-feu… mais exige aussi des réformes palestiniennes. Ce que cache vraiment cette visite.

Quand un chancelier allemand pose le pied à Jérusalem pour sa première visite officielle, l’histoire pèse toujours de tout son poids. Friedrich Merz, tout juste investi, a choisi de commencer son mandat par un symbole fort : Yad Vashem, le mémorial de la Shoah. Un lieu où les mots se font rares et où la responsabilité allemande face à l’extermination de six millions de Juifs reste gravée dans le marbre.

Un soutien réaffirmé sans ambiguïté

Devant les flammes éternelles du souvenir, le nouveau locataire de la Chancellerie n’a pas hésité. « L’Allemagne doit défendre l’existence et la sécurité d’Israël. Cela restera à jamais profondément inscrit dans le lien qui nous unit », a-t-il déclaré d’une voix ferme. Des mots qui résonnent comme une réponse directe aux tensions des derniers mois.

Car rappelons-le : en août dernier, le gouvernement sortant avait décrété un embargo partiel sur les exportations d’armes vers Israël, face à l’intensification des opérations à Gaza. Une décision qui avait profondément irrité Tel-Aviv. Merz, lui, a choisi de tourner la page : l’embargo a été levé fin novembre, profitant du fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre.

« Israël a le droit de se défendre car c’est la seule façon de garantir son droit à exister »

Friedrich Merz, Jérusalem, 2025

Rencontre au sommet avec Benjamin Netanyahu

Après Yad Vashem, direction la résidence du Premier ministre. Benjamin Netanyahu. L’homme fort d’Israël, de plus en plus isolé sur la scène internationale, attendait beaucoup de cette visite. Et pour cause : l’entretien devait porter sur la délicate transition vers la deuxième phase du plan américain censé mettre fin à la guerre déclenchée le 7 octobre 2023.

Ce plan, porté par le président Donald Trump, prévoit notamment le désarmement du Hamas, le déploiement d’une force internationale à Gaza et le retrait progressif de l’armée israélienne. Autant de points qui coincent encore durement. Les deux camps s’accusent quotidiennement de violer le cessez-le-feu actuel, rendant l’avenir particulièrement incertain.

À Tel-Aviv comme à Berlin, on sait que sans un signal fort de l’Allemagne – premier partenaire commercial européen d’Israël et troisième fournisseur d’armes –, la suite risque d’être compliquée. D’où les « grandes attentes » côté israélien, comme l’a confié Michael Rimmel, directeur de la Fondation Konrad-Adenauer à Jérusalem.

Un message clair envoyé à Mahmoud Abbas

Mais Merz n’a pas oublié l’autre côté de l’équation. Avant même d’atterrir en Israël, il s’est entretenu au téléphone avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Le message était direct : l’Autorité palestinienne doit engager « des réformes urgemment nécessaires » si elle veut jouer un rôle constructif dans l’après-guerre à Gaza.

Berlin salue l’attitude coopérative de Ramallah face au plan Trump, mais reste ferme : sans réformes crédibles, pas de reconstruction sérieuse. Un discours en parfaite cohérence avec la position allemande historique en faveur d’une solution à deux États – une solution ouvertement rejetée par l’actuelle coalition au pouvoir en Israël.

Escale jordanienne et cris d’alarme

En chemin vers Israël, le chancelier a fait une brève halte à Aqaba. Accueilli par le roi Abdallah II, il a plaidé pour un acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza et pour que les combattants du Hamas déposent enfin les armes.

De son côté, le monarque hachémite a mis en garde contre l’escalade des violences israéliennes en Cisjordanie occupée – des violences portées notamment par des colons extrémistes, régulièrement dénoncées par la communauté internationale. Un sujet qui, curieusement, n’a pas été publiquement évoqué lors des déclarations à Jérusalem.

Entre mémoire, realpolitik et incertitudes

Ce voyage de Friedrich Merz illustre parfaitement la corde raide sur laquelle marche l’Allemagne. D’un côté, la responsabilité historique incompressible : jamais Berlin ne pourra se dérober à son devoir de protection envers Israël. De l’autre, la nécessité de préserver une voix audible dans le concert des nations, y compris lorsqu’il s’agit de critiquer certaines actions israéliennes.

Le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité ? Merz a déjà fait savoir que cela ne constituerait pas un obstacle à une visite du Premier ministre israélien en Allemagne. « Ce n’est pas un sujet pour le moment », balaie la Chancellerie.

En filigrane, une question demeure : jusqu’où l’Allemagne est-elle prête à aller pour soutenir Israël, alors que l’opinion publique européenne – et allemande – reste profondément divisée sur la conduite de la guerre à Gaza ?

Une chose est sûre : avec cette visite, Friedrich Merz a voulu poser une marque forte dès le début de son mandat. Un mélange de fidélité indéfectible à l’allié israélien et de pression discrète mais ferme pour une sortie de crise négociée. Reste à savoir si ce délicat équilibre tiendra face aux tempêtes à venir.

En résumé :
→ Soutien allemand réaffirmé sans condition à la sécurité d’Israël
→ Embargo sur les armes levé après le cessez-le-feu
→ Pression sur l’Autorité palestinienne pour des réformes
→ Soutien au plan Trump phase 2, malgré les blocages
→ Silence public sur les violences de colons en Cisjordanie

Dans un Moyen-Orient toujours au bord du gouffre, chaque geste diplomatique compte. Celui de Merz, à la croisée de la mémoire et de la realpolitik, pourrait bien peser lourd dans les mois à venir.

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