Tic, tac. L’heure de la grande réforme tant attendue par les familles monoparentales semble enfin sur le point de sonner. Alors que ces foyers, dirigés à 82% par des mères solos, font face à une précarité alarmante, les instances politiques s’emparent du sujet. Sénat, Assemblée, gouvernement : tous planchent sur des mesures pour améliorer le quotidien de ces près de 2 millions de parents isolés. Des propositions émergent, certaines font consensus, d’autres divisent. Mais une chose est sûre : le statu quo n’est plus une option. Décryptage des enjeux d’une réforme qui s’annonce déterminante.
Mères solos : un combat de longue haleine pour plus de droits
Carrière, fiscalité, lutte contre la pauvreté… Depuis des années, les associations de parents solos, très largement des mères, se mobilisent pour faire entendre leur voix et réclamer plus de soutien face aux difficultés spécifiques auxquelles elles sont confrontées. Un combat de longue haleine qui semble enfin porter ses fruits, à l’heure où le sujet s’invite dans le débat public et politique.
Au total près de 40 % des familles monoparentales vivaient sous le seuil de pauvreté en 2011 contre seulement 13,5 % des familles dites traditionnelles.
Florence Mahon de Monaghan
L’urgence d’agir face à la précarité des mères isolées
Avec des revenus souvent amputés après une séparation et des charges de famille à assumer seules, les mères solos sont les premières victimes de la pauvreté. Un constat alarmant qui appelle des mesures fortes et ciblées pour inverser la tendance. Revaloriser les allocations familiales et les pensions alimentaires, mieux soutenir la conciliation travail-famille, lutter contre les inégalités salariales… Autant de leviers identifiés pour améliorer durablement leur situation.
Vers une défiscalisation des pensions alimentaires ?
Parmi les pistes à l’étude, la défiscalisation des pensions alimentaires concentre beaucoup d’attentes. Une mesure de justice sociale selon ses partisans, qui permettrait aux mères solos de conserver l’intégralité de ces sommes essentielles au budget familial. Mais aussi un signal fort pour responsabiliser les pères et les inciter à verser la pension. Une proposition qui ne fait cependant pas l’unanimité, certains craignant des effets pervers en termes d’optimisation fiscale.
Un statut du parent solo en question
Autre sujet au cœur des débats : la création d’un statut spécifique du parent isolé. L’objectif ? Reconnaître les difficultés propres à ces familles et leurs besoins, pour adapter en conséquence les politiques publiques. Cela pourrait passer par des aides financières dédiées, un accompagnement renforcé vers l’emploi ou encore un accès facilité aux modes de garde. Mais là encore, certaines voix expriment des réserves et appellent à la prudence avant de créer un nouveau statut.
Revoir le partage de l’autorité parentale ?
Enfin, des associations réclament une refonte du partage de l’autorité parentale pour l’adapter aux réalités des familles monoparentales, dans lesquelles un parent assume souvent l’essentiel de la charge éducative. En ligne de mire : un rééquilibrage des droits et devoirs de chacun, pour simplifier le quotidien des mères solos, souvent confrontées à des blocages de la part de l’autre parent. Une piste qui divise cependant, certains y voyant un risque pour le principe de coparentalité.
2024, l’année décisive pour une réforme ambitieuse ?
Alors que les rapports et missions se multiplient, tous les regards sont désormais tournés vers l’exécutif. Jusqu’où le gouvernement est-il prêt à aller pour transformer en profondeur les politiques en faveur des familles monoparentales ? Les arbitrages s’annoncent complexes, mais une chose est sûre : les attentes sont immenses. Pour les mères solos, 2024 pourrait bien rimer avec espoir d’un véritable tournant. Un rendez-vous à ne pas manquer pour bâtir une société plus juste et protectrice envers ces familles en première ligne face à la précarité.