Imaginez acheter une voiture censée être propre et respectueuse de l’environnement, pour découvrir des années plus tard qu’elle pollue bien plus que prévu. C’est exactement ce qu’ont vécu des centaines de milliers de propriétaires de véhicules Mercedes-Benz aux États-Unis. Un nouveau chapitre vient de s’écrire dans cette affaire qui secoue l’industrie automobile depuis plus d’une décennie.
Le constructeur allemand a accepté de verser une somme importante pour clore des poursuites engagées par de nombreux États américains. Cette décision marque une étape supplémentaire dans la longue série de scandales liés aux émissions polluantes des moteurs diesel.
Un Accord À 120 Millions De Dollars Avec 48 États Américains
Le groupe Mercedes-Benz a récemment trouvé un terrain d’entente avec les autorités de 48 États des États-Unis. L’accord prévoit le paiement d’une pénalité totale qui peut atteindre 150 millions de dollars. Une partie de cette somme, précisément 29 millions, reste suspendue à condition que l’entreprise poursuive ses efforts pour corriger les logiciels embarqués dans les véhicules concernés.
Cet arrangement met fin à des procédures judiciaires lancées pour des pratiques de manipulation des tests d’émissions. Les modèles visés datent des années 2009 à 2016 et concernent plus de 200 000 véhicules équipés de la technologie BlueTec. Cette technologie était présentée comme une solution innovante pour réduire les rejets polluants.
Malheureusement, les investigations ont révélé que le logiciel était configuré différemment selon les situations. Pendant les tests officiels, les émissions étaient limitées. En conditions réelles de conduite, les oxydes d’azote émis pouvaient dépasser largement les normes légales, avec des conséquences directes sur la qualité de l’air et la santé publique.
Les Détails Techniques De La Manipulation
La technologie BlueTec repose sur un système de réduction catalytique sélective. Elle injecte une solution d’urée pour transformer les oxydes d’azote en éléments moins nocifs. Sur le papier, tout semblait parfait. Les véhicules passaient avec succès les contrôles en laboratoire.
Cependant, les autorités ont découvert que le système fonctionnait à plein régime uniquement lors des phases de test. En usage quotidien, sur route, le dispositif se mettait en mode réduit pour préserver les performances ou limiter la consommation d’urée. Résultat : des émissions réelles bien supérieures aux valeurs annoncées.
Cette pratique, qualifiée de dispositif de défaite, permettait aux voitures de respecter les seuils réglementaires uniquement dans des conditions artificielles. Une fois sur la route, les rejets d’oxydes d’azote pouvaient multiplier par plusieurs fois les limites autorisées.
Le Contexte Judiciaire Aux États-Unis
L’accord annoncé concerne spécifiquement 48 États. Deux absences notables : la Californie et l’Arizona. La première avait déjà conclu un arrangement séparé en 2020 avec les autorités fédérales. Cet accord plus large incluait des mesures correctives et des amendes pour un montant total de 1,5 milliard de dollars.
Quant à l’Arizona, un règlement spécifique avait été trouvé en 2022, avec une indemnité de 6 millions de dollars. Ces différences illustrent la complexité du système judiciaire américain, où chaque État peut engager ses propres poursuites en parallèle des actions fédérales.
L’accord actuel doit encore recevoir l’approbation des juges compétents dans chaque État concerné. Une fois homologué, il permettra de clore définitivement ces procédures collectives.
Les Conséquences Financières Pour Mercedes-Benz
Sur le plan financier, cette nouvelle pénalité s’ajoute à des coûts déjà considérables. En 2020, l’accord avec les autorités fédérales et la Californie représentait 1,5 milliard de dollars. À cela s’ajoutait une compensation de 700 millions de dollars versée aux propriétaires dans le cadre d’une action de groupe.
Le total des dépenses liées à ce scandale dépasse largement les deux milliards de dollars pour le constructeur allemand. Ces montants couvrent non seulement les amendes, mais aussi les frais de mise à jour logicielle et les mesures correctives imposées.
Coûts cumulés pour Mercedes-Benz :
- Accord fédéral et Californie (2020) : 1,5 milliard de dollars
- Compensation propriétaires : 700 millions de dollars
- Accord 48 États : jusqu’à 150 millions de dollars
- Accord Arizona (2022) : 6 millions de dollars
Ces chiffres montrent l’ampleur des répercussions financières pour les constructeurs impliqués dans ce type d’affaires.
Le Précédent Volkswagen Et Ses Répercussions
Tout a commencé en 2015 avec la révélation du scandale touchant Volkswagen. Plus de onze millions de véhicules dans le monde étaient équipés d’un logiciel similaire. Le groupe allemand a dû débourser plus de 30 milliards de dollars en amendes, rappels et compensations.
Cette affaire, rapidement baptisée Dieselgate, a provoqué une onde de choc dans l’ensemble du secteur automobile. Les autorités ont renforcé leurs contrôles et développé de nouveaux protocoles de test plus proches des conditions réelles.
Dans le sillage de Volkswagen, d’autres constructeurs ont été visés par des enquêtes. Plusieurs grands noms européens ont dû répondre de pratiques comparables devant la justice.
L’Impact Sur L’Industrie Automobile Mondiale
Ces scandales successifs ont profondément modifié la perception du diesel. Autrefois plébiscité pour sa sobriété, ce carburant a vu sa réputation ternie par les révélations sur la pollution réelle. De nombreux pays ont annoncé des interdictions progressives dans les centres-villes.
Les constructeurs ont accéléré leur transition vers l’électrique. Les investissements massifs dans les batteries et les motorisations alternatives sont en partie une réponse directe à ces affaires. La confiance des consommateurs, ébranlée, devait être reconquise par des engagements concrets.
Au-delà des aspects financiers, ces procédures ont mis en lumière les limites des tests en laboratoire. Les nouveaux cycles d’homologation, dits RDE pour Real Driving Emissions, mesurent désormais les émissions en conditions réelles de circulation.
Les Enjeux Environnementaux Et De Santé Publique
Les oxydes d’azote sont particulièrement nocifs. Ils contribuent à la formation de particules fines et d’ozone troposphérique. Ces polluants sont associés à des problèmes respiratoires, cardiovasculaires et même à une mortalité prématurée.
Dans les zones urbaines denses, la concentration de ces émissions a un impact direct sur la population. Les véhicules diesel, même récents, ont longtemps contribué de manière significative à cette pollution locale.
Les accords comme celui conclu par Mercedes-Benz incluent souvent des obligations de correction. Les propriétaires peuvent bénéficier de mises à jour logicielles gratuites pour réduire effectivement les émissions de leurs véhicules.
Vers Une Plus Grande Transparence ?
Ces affaires ont poussé les régulateurs à exiger plus de transparence. Les constructeurs doivent désormais justifier en détail le fonctionnement de leurs systèmes antipollution. Les tests indépendants se multiplient.
Pour les consommateurs, ces scandales ont renforcé la méfiance. Avant d’acheter un véhicule, beaucoup vérifient désormais les données d’émissions réelles publiées par des organismes indépendants.
L’industrie automobile traverse une période de profonde mutation. Entre électrification accélérée et normes toujours plus strictes, les défis sont nombreux. Les erreurs du passé servent au moins de leçon pour construire un avenir plus propre.
Cet accord avec 48 États américains clôt un chapitre important pour Mercedes-Benz. Il rappelle cependant que la route vers une mobilité réellement durable reste longue et semée d’embûches.
Les prochaines années diront si ces coûteuses leçons ont été pleinement assimilées par l’ensemble des acteurs du secteur.
