Au cœur des camps de réfugiés surpeuplés de Cisjordanie, l’avenir de milliers d’enfants palestiniens est en suspens. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), récemment interdite par Israël, lutte pour continuer à fournir des services vitaux tels que l’éducation et les soins de santé. Une décision aux conséquences potentiellement désastreuses pour ces communautés déjà vulnérables.
L’UNRWA, pilier des camps de réfugiés palestiniens
Depuis 1950, l’UNRWA est la colonne vertébrale des opérations humanitaires en faveur des Palestiniens. Dans les 19 camps de Cisjordanie où vivent aujourd’hui un quart des 912 000 réfugiés, beaucoup dépendent des divers services fournis par les 3 800 employés de l’agence. Écoles, cliniques, centres de formation professionnelle… L’UNRWA répond aux besoins essentiels de ces populations déracinées.
Des jeunes apprentis inquiets pour leur avenir
Sur le campus du centre d’enseignement professionnel du camp de Qalandiya, des adolescents en bleu de travail s’initient aux métiers manuels. Plomberie, électricité, charpente… Autant de compétences précieuses pour s’insérer dans le monde du travail. Mais avec la menace de fermeture qui plane, c’est leur avenir même qui est remis en question. « De nombreux camarades se retrouveraient au chômage, et certains n’ont pas les moyens financiers d’aller étudier dans d’autres instituts », s’inquiète Ahmed Nassif, 18 ans. Ici, la formation est presque gratuite, une opportunité inestimable pour ces jeunes réfugiés.
Écoliers et patients également touchés
L’impact de l’interdiction israélienne ne se limite pas à la formation professionnelle. Les écoles élémentaires gérées par l’UNRWA sont elles aussi menacées. Si ces services venaient à disparaître, qui prendrait le relais pour assurer l’éducation de ces enfants ? Une question à laquelle les autorités peinent à répondre. Même constat du côté des cliniques de l’agence. Pour de nombreux réfugiés, elles représentent l’unique accès aux soins et aux médicaments. « Si la clinique ferme, les gens seront coupés de ces services essentiels », témoigne Ahmed, qui a lui-même bénéficié de ces structures médicales par le passé.
Pas d’alternative évidente à l’UNRWA
Trouver du jour au lendemain une alternative à une organisation présente depuis plus de 70 ans s’avère extrêmement complexe. « Vous ne pouvez pas simplement appuyer sur un bouton et l’UNRWA disparaît, puis quelqu’un d’autre prend sa place », souligne Jonathan Fowler, porte-parole de l’agence à Jérusalem. D’autant que la loi israélienne reste très floue sur de nombreux points. Quelles seraient les modalités concrètes de mise en œuvre ? Les employés de l’UNRWA pourront-ils continuer à se déplacer librement pour accomplir leur mission ? Autant de questions en suspens qui renforcent le climat d’incertitude.
Le spectre d’une crise humanitaire
Au-delà de l’aspect légal, ce sont les conséquences humaines qui inquiètent le plus les observateurs. Les camps de réfugiés palestiniens, déjà confrontés à la surpopulation et à la précarité, pourraient basculer dans une véritable crise humanitaire si l’UNRWA venait à cesser ses activités. Sans accès à l’éducation, aux soins, à la formation, c’est toute une génération qui risque de se retrouver sans perspectives d’avenir. Un terreau fertile pour le désespoir et les tensions. Dans ce contexte, il est urgent que la communauté internationale se mobilise pour trouver des solutions pérennes et éviter le pire.
L’interdiction de l’UNRWA par Israël constitue une menace sans précédent pour les réfugiés palestiniens. C’est tout un écosystème vital qui est en train de s’effondrer sous nos yeux.
– Un travailleur humanitaire en Cisjordanie
Face à l’adversité, les Palestiniens des camps tentent malgré tout de garder espoir. Ils se raccrochent à l’idée que leur résilience et leur soif d’apprendre seront plus fortes que les obstacles politiques. Mais sans un sursaut de la communauté internationale, c’est un pan entier de l’avenir de la Palestine qui risque de s’écrire en pointillés. L’heure est plus que jamais à la mobilisation pour défendre le droit à l’éducation et à la dignité de ces populations oubliées.