C’est une découverte qui a semé l’inquiétude au sein de la magistrature corse. Des tags menaçants, visant nommément le procureur de la République de Bastia, ont été retrouvés sur un préfabriqué de l’université de Corse, à Corte. Face à la gravité des faits, une enquête judiciaire a immédiatement été ouverte.
Le nom de Jean-Philippe Navarre, procureur de Bastia, est apparu en lettres noires sur les murs du bâtiment universitaire, accompagné de symboles on ne peut plus explicites : une valise et un cercueil. Des menaces de mort à peine voilées qui ont déclenché une vive réaction des autorités judiciaires.
Une enquête dépaysée pour garantir l’impartialité
Compte tenu de la fonction de la victime, l’enquête a été confiée au parquet d’Ajaccio. Une mesure visant à assurer une totale impartialité dans le traitement de cette affaire sensible. Les investigations ont été placées entre les mains de la brigade de recherches de la gendarmerie de Corte.
D’après une source proche du dossier, le procureur général près la cour d’appel de Bastia, Jean-Jacques Fagni, a affiché sa détermination à apporter une réponse pénale ferme :
Je serais véritablement intransigeant en termes de réponse pénale, sur ce type de faits. Si nous identifions le ou les auteurs, il y aura une procédure pénale coercitive. Ce sont des menaces de mort très claires contre un magistrat. C’est inadmissible.
Des précédents inquiétants
Malheureusement, ces menaces ne sont pas un cas isolé. Par le passé, deux autres procureurs en poste à Bastia ont déjà été la cible de tags similaires :
- Nicolas Bessone, chef du parquet de Bastia entre 2014 et 2017, avait dû bénéficier d’une protection rapprochée suite à des inscriptions menaçantes.
- Caroline Tharot, qui lui a succédé de 2017 à 2020, a elle aussi été visée par ce type d’intimidations.
Ces actes répétés soulèvent de sérieuses questions quant à la sécurité des magistrats en Corse. Face à la gravité de la situation, les autorités judiciaires se montrent déterminées à faire toute la lumière sur cette affaire et à en identifier les auteurs.
Une société sous tension
Au-delà du cas individuel du procureur de Bastia, ces menaces sont symptomatiques d’un climat de tension qui règne sur l’île. Les relations entre une partie de la population et les représentants de l’État sont souvent empreintes de défiance, voire d’hostilité.
Dans ce contexte, la task force mise en place par le gouvernement pour lutter contre la criminalité organisée en Corse se heurte à de nombreux défis. Les magistrats, en première ligne dans ce combat, sont particulièrement exposés.
Il est essentiel que l’État réaffirme son autorité et assure la protection de ceux qui œuvrent au maintien de l’ordre public et à l’application de la loi. Aucune menace, aucune intimidation ne doit rester impunie.
Un représentant du ministère de la Justice
L’enquête ouverte suite à la découverte des tags menaçants contre le procureur de Bastia devra déterminer s’il s’agit de l’acte isolé d’un déséquilibré ou d’une action concertée visant à déstabiliser l’institution judiciaire. Dans tous les cas, la réponse des autorités se veut ferme et sans ambiguïté.
La solidarité de la magistrature
Face à cette situation préoccupante, les magistrats corses peuvent compter sur le soutien de leurs collègues du continent. Les associations professionnelles de magistrats ont unanimement condamné ces menaces, appelant le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des officiers de justice.
Au-delà des mots, des actes concrets sont attendus pour restaurer un climat de confiance et permettre à la Justice d’accomplir sereinement sa mission. Le renforcement de la protection des magistrats les plus exposés apparaît comme une priorité.
L’affaire des tags menaçants de Corte n’en est qu’à ses débuts. Gageons que l’enquête saura faire toute la lumière sur cet acte inqualifiable et que ses auteurs seront rapidement identifiés et déférés devant la Justice. Car c’est bien la crédibilité de l’État de droit qui est en jeu.