Un simple message sur Snapchat, des mots lourds de menaces, et c’est tout un lycée qui se retrouve sous le choc. À Marseille, un professeur et son fils ont été la cible de menaces de mort proférées par le biais du sulfureux réseau social. Un fait divers comme révélateur d’un mal plus profond qui ronge nos établissements scolaires ?
Quand Snapchat s’invite dans la salle des profs
L’affaire a éclaté en ce début de semaine au lycée Rempart-Vinci de Marseille. Selon une source proche du dossier, un professeur a eu la désagréable surprise de découvrir, via une capture d’écran, qu’un groupe Snapchat proférait des menaces de mort à son encontre, promettant même de «l’abattre avec son fils».
Une « intervention » de l’enseignant en cours serait à l’origine de ce déferlement de haine, dans un contexte décrit comme «tendu», où racisme, complotisme et négationnisme sembleraient avoir droit de cité dans certaines classes. Face à la gravité des faits, une plainte a été déposée et le rectorat a réagi promptement en apportant son soutien au professeur menacé. Mais au-delà de ce cas individuel, c’est bien un phénomène de fond qui semble se dessiner.
Violence et perte d’autorité : le cocktail explosif
Les menaces proférées à l’encontre de cet enseignant marseillais sont loin d’être un cas isolé. Insultes, harcèlement, agressions physiques même… Les signalements d’incidents impliquant des professeurs se multiplient à travers la France, symptôme d’une perte d’autorité et de respect croissante envers le corps enseignant.
On a l’impression de ne plus être respectés, ni par les élèves, ni par leur famille. Notre parole est constamment remise en cause, notre autorité bafouée.
Un professeur de lycée sous couvert d’anonymat
Dans ce contexte, les réseaux sociaux apparaissent comme un nouvel espace où se déploie cette violence latente. Snapchat et ses messages éphémères, Twitter et ses shitstorms, autant d’outils détournés pour cibler les enseignants, dans une relative impunité.
L’école face à ses responsabilités
Face à cette situation préoccupante, c’est toute l’institution scolaire qui est appelée à réagir. Soutien aux enseignants menacés, sanction des auteurs de violences, mais aussi réflexion de fond sur le climat dans les établissements et le rôle éducatif de l’École.
Il est urgent de réaffirmer l’autorité des enseignants et les valeurs de respect au cœur de l’École républicaine. C’est un enjeu majeur pour le climat scolaire et les conditions d’apprentissage de nos enfants.
Un responsable au ministère de l’Éducation
Des initiatives émergent déjà ça et là, entre médiations, actions de sensibilisation sur les réseaux sociaux ou renforcement des équipes vie scolaire. Mais le chemin semble encore long pour pacifier durablement les relations au sein du monde éducatif. L’affaire du professeur marseillais menacé apparaît en tout cas comme un nouveau signal d’alarme, ultime rappel de l’urgence à agir pour restaurer la sérénité dans nos lycées.
Les chiffres clés du malaise enseignant
- 44% des enseignants disent avoir été victimes de violences verbales (sondage SNES)
- En hausse de 20% sur 10 ans, les signalements pour « atteinte à l’autorité » impliquant des enseignants (ONDRP)
- 12% des professeurs déclarent avoir subi un harcèlement en ligne (enquête Observatoire OUISO)
Autant de données qui viennent confirmer le ressenti exprimé par la communauté éducative et souligner l’ampleur du phénomène. Au-delà des faits divers et des émotions suscitées, c’est bien une réponse globale et pérenne qu’il s’agit de construire, pour redonner aux enseignants la place et le respect qui leur sont dus. Un défi majeur pour l’École, socle de notre modèle républicain.