Un message de Noël pour le moins surprenant. C’est ce qu’a envoyé le président élu des États-Unis Donald Trump ce 25 décembre, via son réseau social Truth. Dans une série de déclarations chocs, il a directement menacé trois pays : le Canada, le Panama et le Groenland. Des propos qui suscitent l’inquiétude et l’incompréhension de la communauté internationale.
Des menaces territoriales sans précédent
Dans son message, Donald Trump a d’abord pris pour cible le canal de Panama, accusant la Chine d’interférence. « Joyeux Noël à tous, y compris aux merveilleux soldats chinois qui exploitent avec amour, mais illégalement, le canal de Panama », a-t-il écrit. Le milliardaire, qui considère que les États-Unis devraient bénéficier de tarifs préférentiels, a nommé un nouvel ambassadeur au Panama, pays qu’il accuse d’arnaque.
Mais les revendications territoriales de Donald Trump ne s’arrêtent pas là. Autre cible de son courroux : le Canada. Le président élu persiste à voir le pays comme un potentiel « 51ème État », qualifiant le Premier ministre Justin Trudeau de simple « gouverneur ». Selon lui, rejoindre les États-Unis permettrait aux Canadiens de voir leurs impôts baisser de 60%.
Enfin, Donald Trump a réitéré ses velléités sur le Groenland, immense territoire appartenant au Danemark. « Les habitants du Groenland dont les États-Unis ont besoin pour leur sécurité nationale, veulent que les États-Unis soient présents, et nous le serons ! », a-t-il clamé. Une déclaration immédiatement rejetée par le gouvernement groenlandais.
Une provocation diplomatique
Ces menaces de Donald Trump n’ont pas manqué de faire réagir les dirigeants des pays concernés. Le président panaméen José Raúl Mulino a fermement rejeté les accusations d’ingérence étrangère sur le canal. Quant au Premier ministre groenlandais Mute Egede, il a rappelé que son pays n’était « pas à vendre » et appartenait à son peuple.
« En tant que Panaméen, je rejette fermement toute expression qui déforme cette réalité »
José Raúl Mulino, président du Panama
Preuve du tollé provoqué, une manifestation anti-Trump a rassemblé une centaine de personnes ce mardi devant l’ambassade américaine à Panama. Au Canada, la classe politique s’est montrée divisée face aux menaces de guerre commerciale venues de Washington.
Un avenir diplomatique incertain
Pour de nombreux observateurs, les déclarations de Donald Trump augurent de relations tendues avec la communauté internationale. En remettant en cause la souveraineté d’États indépendants, le futur président s’inscrit dans une logique de confrontation qui inquiète.
Reste à savoir quelle sera la réponse des pays visés et plus largement de la communauté internationale. Si la fermeté semble de mise pour l’instant, la puissance américaine et le tempérament imprévisible de Donald Trump laissent planer le doute. Une chose est sûre : la diplomatie version Trump ne manquera pas de faire parler d’elle dans les prochains mois.
Vers une recomposition géopolitique ?
Au-delà des réactions à chaud, les menaces proférées par Donald Trump pourraient accélérer certaines recompositions géopolitiques. En reprenant à son compte une rhétorique offensive sur tous les fronts, le président américain pousse ses adversaires à se repositionner.
Déjà, les tensions sino-américaines se cristallisent autour du canal de Panama, ouvrage stratégique s’il en est. La Chine, qui a fortement investi en Amérique centrale ces dernières années, entend bien défendre ses intérêts dans la région. Loin de se laisser impressionner, Pékin a dénoncé l’ingérence de Washington.
De même, les velléités américaines sur le Groenland risquent de tendre un peu plus les relations avec la Russie. L’Arctique, dont le Groenland est un maillon essentiel, constitue un espace de compétition croissant entre grandes puissances. Moscou, qui revendique un rôle majeur dans la région, voit d’un très mauvais œil les ambitions de son rival.
Enfin, la pression mise sur le Canada pourrait paradoxalement renforcer l’unité du pays face à la menace extérieure. Si les opinions publiques sont divisées quant à la réponse à apporter, les principales forces politiques font jusqu’à présent front commun pour défendre l’indépendance canadienne.
Le message de Noël lunaire de Trump
L’irruption de considérations géopolitiques dans un message de Noël présidentiel a de quoi surprendre. Alors que ce type d’interventions se veut traditionnellement rassembleur et consensuel, Donald Trump a choisi la provocation tous azimuts.
Si le futur président n’a jamais caché sa volonté de bousculer les codes de la diplomatie, peu s’attendaient à ce qu’il choisisse le jour de Noël pour lancer ses premières offensives. Une approche pour le moins inhabituelle, qui n’est pas sans rappeler ses tweets compulsifs durant la campagne.
En s’attaquant simultanément au Canada, au Panama et au Groenland, Donald Trump pose d’emblée les jalons d’une politique étrangère offensive et unilatérale. Loin de l’apaisement et du « retour à la normale » que certains espéraient, le nouveau locataire de la Maison Blanche entend visiblement bousculer le statu quo international.
Un curieux cadeau de Noël au monde
Ce message lunaire constitue en quelque sorte le « cadeau de Noël » de Donald Trump au reste de la planète. Un cadeau empoisonné qui présage de lendemains diplomatiques agités.
Entre coups de pression, menaces à peine voilées et volonté assumée de domination, le président élu donne le ton de ce que sera sa vision des relations internationales. Loin du multilatéralisme et de la retenue qui ont souvent prévalu, il entend imposer ses vues sans ménagement.
Un sacré programme qui ne manquera pas d’exacerber les tensions aux quatre coins du globe. Le Canada, le Panama, le Groenland et d’autres n’ont qu’à bien se tenir. Avec Donald Trump, la géopolitique mondiale s’apprête à vivre au rythme des provocations présidentielles.
Reste une question en suspens : jusqu’où ira Donald Trump ? S’agit-il de simples rodomontades destinées à marquer les esprits ou d’un véritable programme de refonte agressive des relations internationales ? Les prochains mois nous le diront. Une chose est sûre : le magnat n’a pas fini de faire parler de lui, et de diviser.