Depuis le lancement de la nouvelle saison de Ligue 1, un phénomène prend de l’ampleur : le piratage des matchs diffusés sur DAZN. Face à ce fléau, l’Arcom multiplie les actions, mais semble condamnée à un éternel recommencement, tel Sisyphe poussant son rocher. Lors d’une audition au Sénat, son président Roch-Olivier Maistre a pointé du doigt une des causes de ce piratage endémique : les prix prohibitifs des abonnements.
L’Arcom impuissant face à la déferlante de sites pirates
L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) est en première ligne dans la lutte contre la diffusion illégale des matchs. Sous la houlette de Roch-Olivier Maistre, l’organisme a intensifié ses efforts depuis la reprise du championnat, bloquant pas moins de 510 sites pirates en quelques semaines.
Mais c’est un combat sans fin. À peine fermés, de nouveaux sites illicites voient le jour, souvent relocalisés dans des contrées lointaines et peu regardantes sur les droits d’auteur. L’Arcom a beau réguler, il ne peut endiguer seul ce raz-de-marée.
Quand les prix s’envolent, le piratage prospère
Auditionné par la commission Culture du Sénat, Roch-Olivier Maistre a lâché une petite bombe. Pour lui, quand les tarifs des abonnements sportifs atteignent des sommets, ils alimentent mécaniquement le piratage.
«Lorsque l’on est sur des prix exorbitants, c’est sûr que l’on alimente le piratage»
Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom
Une manière à peine voilée de renvoyer DAZN à ses responsabilités. Car c’est bien la politique tarifaire du diffuseur qui est pointée du doigt, jugée prohibitive par de nombreux amateurs de foot. En révisant ses prix, la plateforme aurait entre les mains une arme redoutable pour couper l’herbe sous le pied des pirates.
DAZN contraint de casser les prix
Sous la pression, DAZN semble avoir entendu le message. Depuis septembre, les offres promotionnelles se multiplient pour tenter de séduire de nouveaux abonnés, avec des réductions allant jusqu’à 50% :
- Abonnement à 19,99€/mois pendant 3 semaines
- Semaine d’essai gratuite depuis le 8 octobre
- Abonnement annuel à 20€/mois jusqu’au 27 octobre
- Abonnement annuel à 15€/mois/personne pour deux écrans simultanés
Des offres alléchantes qui pourraient bien convaincre certains pirates de rentrer dans le rang. Mais DAZN devra sans doute aller plus loin s’il veut définitivement enrayer l’hémorragie. Proposer durablement des tarifs accessibles au plus grand nombre semble être la seule issue pour réconcilier amateurs de foot et diffuseurs.
Le foot, sport populaire otage des géants du streaming ?
Au-delà de la problématique du piratage, c’est tout le modèle économique du foot qui est questionné. En confiant les droits TV à des acteurs payants comme DAZN, la Ligue de Football Professionnel prend le risque de couper ce sport populaire de sa base.
Le foot, longtemps accessible gratuitement, est devenu un produit de luxe réservé à ceux qui ont les moyens de s’offrir de coûteux abonnements.
Un expert du milieu
Une tendance inquiétante qui pourrait, à terme, détourner les fans des stades et des écrans. Car si le piratage prospère, c’est bien parce que l’amour du ballon rond reste intact. Mais combien de temps les supporteurs accepteront-ils de payer toujours plus pour vivre leur passion ?
L’avenir du foot français en jeu
Au final, c’est peut-être tout l’écosystème du football hexagonal qui est menacé par cette surenchère. Car qui dit moins d’abonnés, dit moins de revenus pour les diffuseurs, et donc moins d’argent redistribué aux clubs. Un cercle vicieux qui pourrait plomber durablement le développement et l’attractivité de notre championnat.
Il est donc urgent que tous les acteurs – instances, diffuseurs, clubs – se remettent autour de la table pour inventer un nouveau modèle. Un modèle qui remette le supporteur au cœur du jeu, en lui offrant un spectacle de qualité à un prix raisonnable. C’est à ce prix que nous pourrons espérer endiguer le piratage et construire l’avenir du foot français sur des bases saines et pérennes.
