Le vent tourne au Parlement européen. Le camp de la Première ministre italienne Giorgia Meloni est en passe de devenir le troisième groupe le plus important à Strasbourg, au détriment de celui du président français Emmanuel Macron. Un basculement qui ne manquera pas d’avoir des répercussions sur l’échiquier politique européen.
Meloni gagne du poids, Macron en perd
Depuis les élections européennes du 9 juin dernier, les cartes sont rebattues au Parlement. Le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et d’autres formations d’extrême droite ont vu leur nombre d’eurodéputés augmenter. Résultat, le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), où siège le parti de Meloni, revendique désormais la troisième place avec 83 élus.
En face, le groupe Renew Europe, composé de centristes et libéraux dont les eurodéputés français de Renaissance, a perdu du terrain. Avec le départ annoncé des sept élus tchèques du parti Ano, Renew Europe n’affiche plus que 74 députés, en recul par rapport au CRE.
La course aux postes-clés de l’UE
Cette recomposition des forces a son importance au moment où se jouent les nominations aux postes-clés de l’Union européenne. Traditionnellement, ces postes sont attribués en tenant compte des résultats des élections européennes.
Sans surprise, le PPE (droite) et le S&D (sociaux-démocrates), arrivés en tête le 9 juin, entendent reconstituer avec les centristes de Renew la majorité qui était la leur lors de la précédente législature. Ensemble, ces trois familles politiques totalisent environ 400 sièges sur 720.
Forts de cet avantage, les dirigeants du PPE, du S&D et de Renew ont entamé des discussions sur le partage des “top jobs” européens dès lundi soir, en marge d’un sommet des 27. Des tractations dans lesquelles Giorgia Meloni compte bien s’inviter.
L’extrême droite incontournable ?
Avec une position renforcée au Parlement, la dirigeante italienne entend donner de la voix sur les équilibres de pouvoir au sein de l’UE. Signe de cette ambition, Mme Meloni a insisté sur le fait que son groupe CRE était désormais le troisième en nombre d’élus, devant les centristes.
“Un écart qui change tout”, selon elle.
– Giorgia Meloni, Première ministre italienne
En s’imposant comme une force incontournable, l’extrême droite européenne incarnée par Fratelli d’Italia pourrait bien bousculer le jeu des alliances traditionnelles à Bruxelles et Strasbourg. Reste à savoir si le trio PPE-S&D-Renew acceptera de lui faire une place, ou s’il choisira de l’ignorer.
L’issue de ce bras de fer politique déterminera assurément le visage de l’Europe pour les années à venir. Une Europe tiraillée entre le camp des libéraux incarné par Emmanuel Macron, et celui des nationalistes et identitaires représenté par Giorgia Meloni. Deux visions radicalement opposées de l’avenir du projet européen.
