Les spéculations vont bon train quant à la nomination de Bernard Cazeneuve au poste de Premier ministre. Une éventualité qui inquiète Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de la gauche radicale. Dans une note de blog publiée jeudi, l’ancien candidat insoumis à la présidentielle met en garde contre les conséquences d’un tel choix pour le Parti Socialiste et le Nouveau Front Populaire.
Cazeneuve à Matignon, un scénario explosif pour la gauche ?
Selon Jean-Luc Mélenchon, la nomination de Bernard Cazeneuve au poste de Premier ministre « ferait mécaniquement des dégâts dans les rangs des parlementaires du PS » et « affaiblirait » par la même occasion le Nouveau Front Populaire. Une coalition née dans la foulée de la dissolution surprise de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron.
Malgré une campagne intense et souterraine menée par plusieurs caciques socialistes pour promouvoir la candidature de l’ancien ministre de l’Intérieur, Jean-Luc Mélenchon estime que ce scénario est loin d’être acquis. Et d’ajouter : « Si cette hypothèse devait se confirmer, rien ne serait stabilisé en général d’aucune façon ».
Une crise politique qui s’enlise
Pour le leader de la France Insoumise, la situation de « crise » dans laquelle est plongé le pays depuis les élections législatives s’est renforcée « par le refus du résultat des élections par le président ». Une impasse politique qui « touche au régime lui-même » selon Jean-Luc Mélenchon.
Le reste du monde existe et il va se rappeler bientôt au bon souvenir de tous. Et chacun sera mis au pied d’un mur (déficitaire) très menaçant.
– Jean-Luc Mélenchon
Lucie Castets, candidate du NFP jusqu’au bout ?
Face à l’hypothèse Cazeneuve, Jean-Luc Mélenchon rappelle que Lucie Castets « reste » la candidate du Nouveau Front Populaire pour Matignon « jusqu’à la fin de cette législature, si elle en est d’accord ». Et ce, même si Emmanuel Macron semble regarder de plus en plus du côté des Républicains dans l’objectif de former une coalition.
Une législature qui pourrait d’ailleurs s’achever prématurément si le président de la République décidait de dissoudre une nouvelle fois l’Assemblée Nationale dans les mois à venir. Un scénario que n’écarte pas Jean-Luc Mélenchon.
Une « équation parlementaire » loin d’être résolue
Au-delà de la question du Premier ministre, c’est bien l’avenir de la gauche et sa capacité à peser dans le débat politique qui interrogent. Car si Jean-Luc Mélenchon a proposé la semaine dernière qu’aucun ministre insoumis ne participe à un gouvernement NFP, cela n’a pas fondamentalement changé la donne.
- Le Nouveau Front Populaire peine à s’imposer comme une force d’alternance crédible
- Les divergences idéologiques entre ses composantes restent profondes
- La question de la participation gouvernementale continue de diviser
Autant d’obstacles qui compliquent la résolution de « l’équation parlementaire » et la mise en place d’une cohabitation apaisée entre Emmanuel Macron et les forces de gauche. Dans ce contexte, la nomination d’un Premier ministre issu des rangs socialistes apparaît comme un pari risqué, susceptible de dynamiter les fragiles équilibres du paysage politique.
Reste à savoir si le chef de l’État est prêt à prendre ce risque pour tenter de débloquer la situation. Ou s’il préfèrera jouer la montre, quitte à gouverner par défaut en s’appuyant sur des alliances de circonstance. Une chose est sûre : l’avenir politique de la France n’a jamais semblé aussi incertain.