Au cœur des relations diplomatiques entre la France et le Maroc, un artiste tisse discrètement des liens culturels forts entre les deux pays. Mehdi Qotbi, peintre marocain de 73 ans, est à l’honneur d’une rétrospective inédite à l’Institut du Monde Arabe à Paris. L’occasion de découvrir cet artiste influent mais méconnu du grand public français, dont les œuvres chaudes et poétiques font écho à son rôle de passeur entre les deux rives de la Méditerranée.
Un artiste diplomate dans l’ombre
Si le nom de Mehdi Qotbi est peu familier en France, il résonne dans les sphères du pouvoir. Décoré en avril dernier de la médaille de Grand Officier de l’ordre national du Mérite par Emmanuel Macron, l’artiste est un rouage essentiel des relations culturelles franco-marocaines. Comme le souligne une source proche du dossier :
Mehdi Qotbi est au cœur d’un écheveau de relations tissées au fil des ans avec soin et obstination entre institutions artistiques françaises et marocaines.
Du Musée Picasso à la Fondation Giacometti, de nombreux établissements français ont ainsi pu exposer au Maroc grâce à son entregent. Un rôle de facilitateur dans l’ombre qu’éclaire aujourd’hui la lumière des cimaises de l’IMA.
Rétrospective lumineuse à l’IMA
Dans les salles imaginées par Jean Nouvel, les toiles de Mehdi Qotbi déploient leur univers vibrant et coloré. Abstraites, ses œuvres évoquent un entrelacs d’écritures, une danse de signes chargés de sens. D’après les mots du peintre rapportés par un proche :
Je suis un tisseur d’écriture. Mes œuvres cherchent à relier les fils de la calligraphie arabe et latine, à entrecroiser les mémoires de l’Orient et de l’Occident.
Chaudes et sensuelles, les peintures de Mehdi Qotbi sont une invitation au voyage entre deux cultures. Un trait d’union qui fait écho à son engagement d’artiste diplomate œuvrant inlassablement au dialogue des civilisations.
De l’atelier au palais présidentiel
Si Mehdi Qotbi partage sa vie entre ses ateliers de Rabat et Paris, son influence rayonne bien au-delà. Président de la Fondation nationale des musées du Maroc, il a l’oreille des plus hautes sphères du pouvoir dans son pays mais aussi en France. Un passeur culturel incontournable comme en témoigne un diplomate français :
Aucun projet artistique d’envergure entre la France et le Maroc ne se fait sans l’aval ou l’entremise de Mehdi Qotbi. Il est un rouage essentiel du soft power marocain et un artisan du rapprochement entre nos deux pays.
Un engagement au long cours qui vaut à l’artiste d’être décoré des deux côtés de la Méditerranée. Officier des Arts et des Lettres en France, décoré du Wissam Al Moukafâa Al Wataniya, la plus haute distinction marocaine, Mehdi Qotbi trace inlassablement des ponts entre les deux rives.
Une rétrospective au goût d’hommage
En offrant sa première grande exposition parisienne à Mehdi Qotbi, l’Institut du Monde Arabe rend hommage à ce diplomate de l’art. Au fil d’un parcours chrono-thématique, le public découvre l’évolution d’un style singulier, entre calligraphie et abstraction, modernité et tradition. Avec en filigrane, le portrait d’un homme engagé corps et âme pour le dialogue des cultures. Comme le résume Jack Lang, président de l’IMA :
Avec Mehdi Qotbi, la peinture est un pont, un trait d’union lumineux entre le Maroc et la France, entre l’Orient et l’Occident. Cette rétrospective est un hommage vibrant à cet infatigable diplomate de l’art.
Une exposition à la hauteur de l’engagement d’un homme pour qui l’art est le plus beau des passeports diplomatiques. De l’ocre chaud des toiles aux ors des palais, Mehdi Qotbi n’a de cesse de tisser des liens, d’entrecroiser les fils de l’amitié franco-marocaine. Un artiste et un diplomate à découvrir d’urgence à Paris.
