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Méga-bassines : L’influence linguistique de l’activisme écologique

L'expression "méga-bassines", née sous la plume d'activistes écolos, a envahi l'espace médiatique puis le langage courant en un temps record. Un cas d'école d'influence linguistique révélateur des enjeux agricoles et écologiques de notre époque. Décryptage.

En l’espace d’à peine quelques années, l’expression “méga-bassines” s’est imposée dans le débat public français. Mais d’où vient-elle exactement ? Son origine se trouve en réalité du côté des milieux écologistes et activistes, plus précisément du collectif “Bassines Non Merci” fondé en 2021 pour s’opposer à ces projets de retenues d’eau géantes destinées à l’irrigation agricole. Retour sur un cas d’école d’influence linguistique et médiatique.

Des “bassines” aux “méga-bassines” : genèse d’une expression coup de poing

Au départ, les agriculteurs et promoteurs de ces projets parlaient simplement de “retenues d’eau” ou de “réserves de substitution”. Des termes relativement neutres et techniques. C’est le collectif d’opposants “Bassines Non Merci” qui, dès sa création en septembre 2021, a forgé l’expression “méga-bassines” pour désigner ces infrastructures de manière péjorative. En accolant le préfixe “méga-” évoquant leur taille imposante, et en détournant le mot familier “bassine”, les activistes ont réussi un coup médiatique.

L’expression fait mouche dans les médias

Très vite, les médias généralistes ont repris ce terme. Comme l’expliquait en 2022 le Journal du Dimanche : “‘Méga-bassines’ est le terme choisi par le collectif ‘Bassines Non Merci’, qui fédère les opposants aux divers projets en France.” En quelques mois, l’expression s’est banalisée dans la presse, la radio, la télévision. Un belle opération de communication pour les activistes, qui ont réussi à imposer leur vocabulaire orienté dans le débat public.

Un débat de fond sur l’agriculture et l’eau

Au-delà de la bataille sémantique, c’est un vrai débat de société qui se joue. Les agriculteurs défendent ces retenues d’eau comme une solution face aux sécheresses à répétition, permettant de stocker l’eau l’hiver pour irriguer l’été. Mais les écologistes y voient une privatisation de l’eau par l’agro-industrie et une fuite en avant. Ils dénoncent les impacts sur les nappes phréatiques et l’artificialisation des sols générée.

Quand on parle de bassines, il n’est question que d’une minorité, puisqu’elles ne bénéficient qu’à 7% d’agriculteurs irrigants, pour 6% des surfaces agricoles, principalement destinées à l’alimentation du bétail. Est-il raisonnable de produire toujours plus de maïs pour nourrir des animaux en batterie ?

Catherine Menguy, élue EELV à Bourges

L’État soutient les projets de “bassines” en les finançant à 70% par des subventions publiques. Mais les opposants prônent une agriculture plus résiliente et économe en eau. La controverse est loin d’être close, comme l’ont montré les violents affrontements lors d’une manifestation anti-bassines en 2022 à Sainte-Soline.

Méga-bassines : le pouvoir des mots

Au final, le cas des “méga-bassines” illustre à merveille le pouvoir des mots et des stratégies de communication dans le débat public. En forgeant un terme choc et connoté, les activistes ont réussi en un temps record à imposer leur vocabulaire et leur cadrage dans les médias et les discussions. Quitte à caricaturer parfois un dossier complexe.

Mais cette offensive sémantique a permis de projeter le sujet sur le devant de la scène et d’interpeller sur les enjeux d’agriculture durable et de souveraineté alimentaire qu’il soulève. Preuve que dans le combat écologique comme en politique, la maîtrise des éléments de langage n’est pas accessoire. C’est une arme redoutablement efficace.

Au final, le cas des “méga-bassines” illustre à merveille le pouvoir des mots et des stratégies de communication dans le débat public. En forgeant un terme choc et connoté, les activistes ont réussi en un temps record à imposer leur vocabulaire et leur cadrage dans les médias et les discussions. Quitte à caricaturer parfois un dossier complexe.

Mais cette offensive sémantique a permis de projeter le sujet sur le devant de la scène et d’interpeller sur les enjeux d’agriculture durable et de souveraineté alimentaire qu’il soulève. Preuve que dans le combat écologique comme en politique, la maîtrise des éléments de langage n’est pas accessoire. C’est une arme redoutablement efficace.

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