C’est un pas important vers la réunification de milliers de familles déchirées par la guerre. Lors d’une conférence internationale tenue à Montréal, l’Afrique du Sud, le Vatican et le Qatar se sont engagés à jouer un rôle crucial de médiateurs pour faciliter le retour en Ukraine d’environ 20 000 enfants déplacés en Russie depuis le début du conflit.
Un accord historique pour ramener les enfants ukrainiens chez eux
L'”Engagement de Montréal pour le retour des Ukrainiens”, tel est le nom donné à cet accord sans précédent visant à coordonner les efforts internationaux pour le rapatriement des mineurs ukrainiens. Outre leur rôle de médiateurs, le Qatar et la Lituanie serviront également de pays de transit pour contribuer au retour des personnes enlevées.
Le Qatar n’en est pas à son coup d’essai en matière de médiation dans ce dossier épineux. Depuis juillet 2023, l’émirat a déjà aidé à rapatrier des enfants transférés dans les territoires sous occupation russe. Les Émirats arabes unis, quant à eux, joueront un rôle clé dans la médiation des échanges de prisonniers de guerre entre la Russie et l’Ukraine.
Une coopération internationale pour identifier les enfants disparus
Lors de la conférence de Montréal, qui a réuni 70 pays sur deux jours, les participants se sont également engagés à coopérer dans la collecte de données cruciales pour aider l’Ukraine à identifier les enfants disparus ainsi que les prisonniers de guerre. Un défi de taille, comme l’a souligné Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères :
La Russie, dans un processus de russification, a changé les noms de ces enfants, les a envoyés dans différents camps pour tenter d’effacer leur identité ukrainienne.
Selon Kiev, près de 20 000 mineurs auraient été “déportés ou déplacés de force” en Russie depuis février 2022, un chiffre que de nombreux observateurs jugent sous-estimé. Face à l’ampleur de la tâche, la coordination internationale scellée à Montréal représente “une énorme avancée” selon la ministre canadienne.
La Cour pénale internationale accuse Poutine de “déportations illégales”
Ces déplacements forcés d’enfants sont considérés par la communauté internationale comme un crime de guerre. En mars 2023, la Cour pénale internationale a d’ailleurs lancé un mandat d’arrêt à l’encontre du président russe Vladimir Poutine et de sa commissaire aux droits de l’enfant, Maria Lvova-Belova, pour “déportations illégales” de mineurs ukrainiens.
Des accusations rejetées à plusieurs reprises par Moscou, qui assure protéger ces enfants des combats et se dit prêt à les remettre à leurs proches en Ukraine sur demande. Selon les autorités ukrainiennes, environ 860 enfants ont pour l’instant pu être rapatriés.
L’espoir de retrouvailles pour les familles séparées
Pour Andriï Sybiga, ministre ukrainien des Affaires étrangères, l’accord de Montréal représente un espoir concret pour de nombreuses familles :
Je suis heureux de revenir à Kiev avec des résultats concrets que de nombreuses familles ukrainiennes attendent, à une époque où nous constatons que le droit humanitaire international n’offre malheureusement pas de protection.
Si le chemin vers la réunification de ces milliers d’enfants avec leurs proches s’annonce encore long et semé d’embûches, l’engagement pris par la communauté internationale à Montréal représente indéniablement une lueur d’espoir pour ces familles déchirées par la guerre. Un premier pas crucial pour panser les plaies du conflit et tenter de reconstruire un avenir pour cette génération sacrifiée sur l’autel de la violence.