Les soupçons s’aggravent contre un médecin de soins palliatifs à Berlin, arrêté en août dernier. Selon les enquêteurs, ce soignant de 40 ans aurait provoqué la mort d’au moins huit patients par simple « envie de tuer ». Un mobile aussi glaçant qu’inhabituel pour ce type de crimes.
Jeudi, le parquet et la police de la capitale allemande ont annoncé avoir découvert quatre nouvelles victimes potentielles de ce praticien. Un groupe d’enquête spécial a été créé pour retracer le parcours criminel de ce suspect au profil inquiétant, qui serait passé d’une vocation de soignant à une pulsion meurtrière.
Des patients gravement malades mais pas en phase terminale
D’après les informations communiquées par le parquet et relayées par la presse allemande, les victimes présumées de ce médecin n’étaient pas toutes en fin de vie au moment des faits. Bien que gravement malades, certains patients assassinés ne se trouvaient pas dans une phase terminale aiguë, ce qui exclut a priori un motif « compassionnel ».
Le suspect, actuellement en détention provisoire, avait été interpellé le 6 août après la mort suspecte de quatre patientes âgées de 72 à 94 ans. Pour dissimuler ses actes, il avait ensuite incendié les appartements des victimes à Neukölln et Treptow, des quartiers populaires de Berlin.
Huit victimes entre juin 2022 et juillet 2024
Avec les derniers éléments de l’enquête, le bilan macabre de ce médecin tueur s’est alourdi. Son premier meurtre remonterait au 24 juin 2022 : une patiente de 70 ans à qui il aurait administré un cocktail mortel de médicaments avant de mettre le feu à son domicile.
Par la suite, il aurait récidivé à sept reprises jusqu’au 24 juillet 2024, date de son dernier crime connu à ce jour. Ses victimes, trois hommes et cinq femmes âgés de 61 à 94 ans, auraient toutes succombé à des overdoses médicamenteuses létales et injustifiées, administrées à leur domicile ou en maison de retraite.
L’homicide comme sujet de thèse
Un détail troublant a émergé sur le parcours de ce médecin : d’après la radio-télévision berlinoise RBB, le suspect se serait penché scientifiquement sur les homicides dans le cadre de sa thèse de doctorat en médecine. Il se serait notamment intéressé aux meurtres non détectés et aux assassinats de patients.
Avant de sévir à Berlin, ce praticien aurait travaillé dans des cliniques et cabinets médicaux en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et en Hesse, selon son profil sur les réseaux sociaux. Les enquêteurs vont maintenant devoir déterminer si d’autres décès suspects ont pu avoir lieu au cours de sa carrière.
D’autres cas de soignants tueurs en série
Malheureusement, ce médecin berlinois n’est pas le premier soignant allemand soupçonné de meurtres en série. Au début des années 2000, Niels Högel, un infirmier souffrant d’un « trouble narcissique sévère », avait été condamné à perpétuité pour avoir tué 85 patients en provoquant des arrêts cardiaques.
Plus récemment, en mai 2023, un jeune infirmier de Munich a écopé de la prison à vie pour les meurtres de deux patients et six tentatives sur d’autres, dont l’intellectuel Hans-Magnus Enzensberger. L’accusé avait reconnu que son métier « n’était pas fait pour lui ».
Face à ces drames, les établissements de santé et les autorités vont devoir renforcer leurs procédures de contrôle et de signalement pour détecter au plus tôt les soignants à risque. Car si leur vocation est de sauver des vies, certains semblent hélas animés par de tout autres pulsions.