La stupeur et la désolation règnent à Mayotte au lendemain du passage du cyclone Chido, d’une violence inouïe. L’œil du cyclone a frappé l’archipel de plein fouet samedi, le traversant en seulement 30 minutes mais laissant derrière lui un sillage de dévastation sans précédent.
L’archipel de Mayotte ravagé
Le département français de l’océan Indien offre un triste spectacle au surlendemain de la catastrophe. Habitations précaires soufflées, infrastructures endommagées, routes et télécommunications coupées : le bilan matériel est considérable. Mais c’est surtout l’ampleur de la tragédie humaine qui suscite l’effroi.
D’après une source gouvernementale, on pourrait compter les victimes par milliers, notamment dans les quartiers les plus pauvres où les constructions de fortune n’ont pas résisté aux vents de plus de 220 km/h. De nombreux corps sans vie jonchent encore les décombres, alors que les secours peinent à accéder aux zones sinistrées.
Le casse-tête des opérations de secours
Depuis dimanche, pompiers, militaires et bénévoles tentent de porter assistance aux survivants et de dégager les nombreuses victimes. Une mission rendue extrêmement difficile par l’état catastrophique des infrastructures. La plupart des routes sont coupées, rendant de larges portions du territoire inaccessibles.
La tâche est encore compliquée par l’habitat dense et anarchique des quartiers informels, où les allées étroites sont encombrées de débris. Les cadavres sont souvent ensevelis sous plusieurs mètres de gravats, nécessitant de lourds engins de chantier pour espérer les extirper. Un travail de fourmi, dans des conditions éprouvantes.
On a l’impression d’évoluer dans un cauchemar éveillé. Des familles entières ont été emportées, les survivants sont hagards, en état de choc.
Un secouriste à Mayotte
Une catastrophe sur une île déjà à genoux
Le cyclone Chido a frappé Mayotte alors que le département était déjà en situation de crise profonde. Submergé par une immigration clandestine massive venue des Comores voisines, l’archipel connaît une insécurité chronique et des tensions communautaires exacerbées. Les services publics, sous-dimensionnés, peinent à faire face aux besoins d’une population qui a doublé en 20 ans.
Dans ce contexte, la survenue d’une catastrophe naturelle d’une telle ampleur sonne comme le coup de grâce pour un territoire déjà exsangue. L’État, déjà critiqué pour son inaction face aux maux structurels de Mayotte, va devoir déployer des moyens considérables pour gérer l’urgence humanitaire et entamer la reconstruction.
La solidarité nationale en question
À 8000 km de Paris, le drame mahorais peine encore à susciter l’émotion qu’il mériterait en métropole. L’éloignement, la méconnaissance persistante de cette terre d’outre-mer et la prévalence d’autres sujets d’actualité concourent à une certaine indifférence de l’opinion publique.
Pourtant, la catastrophe qui vient de frapper le 101e département français nécessite une réponse puissante et pérenne de la nation toute entière. Au-delà de la réponse d’urgence, c’est un véritable plan Marshall qu’il va falloir mettre en œuvre pour sortir Mayotte du chaos et restaurer des conditions de vie dignes à sa population si durement éprouvée. Un immense défi qui engage la solidarité de tous les Français.