Dans les rues de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, les équipes s’activent. Tractopelles et camions s’affairent pour un grand nettoyage, sous l’œil intrigué des riverains. Cette « opération déblaiement géante » mobilise depuis samedi près de 200 agents municipaux et une centaine d’entreprises. L’objectif ? Redonner un visage propre à la ville avant l’arrivée très attendue ce lundi du Premier ministre François Bayrou, accompagné de cinq membres du gouvernement.
Pourtant, cette soudaine agitation en surprend plus d’un. « Il y a beaucoup de gens qui pensent que c’est parce que les ministres arrivent qu’on nettoie les rues », glisse une commerçante à l’AFP, soulignant qu’aucun nettoyage n’avait été fait depuis le passage dévastateur du cyclone Chido il y a deux semaines. Les déchets et gravats s’amoncelaient depuis, dégageant des odeurs pestilentielles.
Un nettoyage planifié ou précipité ?
Face aux rumeurs, la mairie se défend. Yssad Mohamed Youssouf, directeur de la propreté urbaine, assure que « cette opération était planifiée depuis plus d’une semaine » pour « agir efficacement » en profitant du trafic réduit du week-end. Quoi qu’il en soit, les habitants apprécient le résultat. « L’important, c’est que ce soit fait », résume Arsène Said, 25 ans, même s’il attend toujours le passage des équipes à Kaweni, bidonville ravagé par Chido.
Les stigmates du cyclone
Car le cyclone a laissé des traces profondes à Mayotte. Végétaux arrachés, débris métalliques, ordures ménagères… Les rues de Mamoudzou et des villages alentours ont été submergées de déchets. Le ramassage a été interrompu pendant plusieurs jours, le temps de dégager les routes des arbres et poteaux effondrés.
Dans les villages, on a beaucoup avancé, mais l’hypercentre, qui n’avait pas encore été traité, était resté à l’abandon.
Yssad Mohamed Youssouf, directeur de la propreté urbaine de Mamoudzou
Des moyens exceptionnels déployés
Pour rattraper le retard, la municipalité a mis les bouchées doubles ce week-end. Une centaine d’entreprises privées avec leurs véhicules ont été réquisitionnées, notamment pour acheminer les déchets verts vers le centre-ville afin de les broyer. L’objectif affiché était de nettoyer « 80% de Mamoudzou » d’ici dimanche soir.
Malgré cette mobilisation, certains comme Mouhoudroiri Nasser restent sceptiques : « On pourrait installer davantage de bennes à ordures pour récupérer ce qui reste. Parce que même si on en enlève, dès le deuxième jour de nouveaux déchets apparaissent ».
Vers une meilleure gestion des déchets ?
Au-delà de l’urgence, la mairie envisage de pérenniser certaines solutions. « Disposer de gros broyeurs, réutiliser les copeaux de bois… Tout cela représente des filières à développer pour maximiser la valorisation de ces matériaux », explique Yssad Mohamed Youssouf. De quoi améliorer durablement la propreté de la ville, au-delà de l’effet d’annonce de la visite ministérielle.
Reste à voir si ces bonnes résolutions survivront au départ des officiels. Les Mahorais, eux, attendent des actes concrets pour leur cadre de vie. Cette opération coup de poing aura au moins eu le mérite de montrer qu’avec des moyens et de la volonté, il est possible d’agir efficacement. Mais il faudra plus qu’un grand nettoyage pour effacer les blessures profondes laissées par Chido sur cette île meurtrie.
