Cinq jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, les habitants de Mayotte tentent de se relever parmi les ruines. Dans les villages du nord de l’île, particulièrement touchés, l’heure est à l’amertume et au désespoir. Malgré l’annonce de la visite du président Emmanuel Macron ce jeudi, beaucoup doutent que cela change quoi que ce soit à leur situation précaire.
Des Villages Dévastés, une Population Abandonnée
À Bouyouni, village totalement ravagé, les habitants dorment dans la cour de l’école faute de toit au-dessus de leur tête. « Il n’y a rien qui va changer. S’il amène des vêtements, des solutions, alors oui, mais s’il vient juste pour voir des maisons qui sont cassées, c’est rien en fait », soupire Mouatamou Mzemamou, 18 ans, en découvrant la venue d’Emmanuel Macron.
Malgré le déblaiement de la route nationale longeant la côte, aucune distribution d’eau ou de nourriture n’a encore été organisée dans ces villages pauvres constitués de nombreux quartiers informels, désormais en ruine au milieu d’une végétation à terre. Les Mahorais doivent compter sur la solidarité et les initiatives personnelles pour survivre.
Une Aide Étatique Inexistante
« Depuis cinq jours, il n’y a pas d’aide et c’est inadmissible pour un État comme la France, s’épanche Chad Youyou, un éducateur de 40 ans. Ça montre vraiment que la France méprise l’île. On n’a pas vu les services de l’État, les secours civils, rien ». Multipliant les allers-retours entre le nord-ouest de Mayotte et Mamoudzou pour répondre aux besoins, il ne décolère pas.
C’est humiliant : on ne va plus aux toilettes tellement elles puent. Les gens ont les mêmes habits depuis que le cyclone est passé, ils vont tomber malades à force de les porter.
Un adolescent de Bouyouni
La Crainte de Promesses Non Tenues
La venue d’Emmanuel Macron suscite plus de craintes que d’espoirs parmi la population. Beaucoup redoutent des promesses non tenues qui achèveraient de les désespérer. « Si on reçoit de l’aide, on fera des choses jolies. Mais en attendant, je dois loger mes enfants », explique Islam Silahi en montrant les murs penchés et les trous dans le plafond de son habitation de fortune.
Assise devant sa boutique en ruine, Mouniati Mouhamed résume le sentiment général : « Tout est cassé, tout est écrasé et il n’y a pas d’argent dans notre monde ». Selon un bilan provisoire, le cyclone a fait 31 morts et 1 373 blessés, mais les autorités anticipent un nombre de victimes bien plus important.
L’Urgence d’une Reconstruction
Au-delà des paroles, les Mahorais attendent des actes concrets pour panser leurs plaies et se reconstruire durablement. L’urgence est de rétablir l’accès à l’eau potable, à la nourriture et à des conditions de vie décentes pour les milliers de sinistrés. Les écoles, les dispensaires, les routes et les réseaux doivent être remis en état au plus vite pour permettre un retour à une vie normale.
À plus long terme, c’est un véritable plan de développement et de lutte contre la pauvreté qui doit être mis en place pour sortir Mayotte de la spirale de la précarité et lui donner les moyens d’affronter les prochaines catastrophes naturelles. La visite d’Emmanuel Macron sera jugée à l’aune des engagements pris et surtout des réalisations concrètes qui suivront. Les Mahorais, résilients mais épuisés, n’attendent plus de paroles mais des actes à la hauteur de leur détresse.
