Deux semaines après le passage du cyclone Chido qui a semé la désolation à Mayotte, le Premier ministre François Bayrou est arrivé sur l’île ce lundi 30 décembre à l’aube, accompagné d’une délégation de cinq ministres. L’objectif affiché de ce déplacement express : tenter d’apaiser la colère d’une population durement éprouvée et qui attend beaucoup de l’État. Mais le gouvernement, fragilisé par les critiques sur sa gestion de crise, saura-t-il répondre aux immenses défis qui l’attendent sur place ?
Une visite sous haute tension
D’après une source proche du dossier, François Bayrou était attendu de pied ferme à Mayotte. Et pour cause : la gestion chaotique de la catastrophe par le gouvernement a provoqué une vague d’indignation dans l’archipel, aggravant le ressentiment déjà ancien d’une partie de la population envers les autorités. Lors de son arrivée à l’aéroport de Dzaoudzi ce lundi matin, le Premier ministre, visiblement tendu, a tenté de faire bonne figure :
Nous sommes venus en force pour montrer que Mayotte n’est pas oubliée. L’État sera au rendez-vous de la reconstruction.
François Bayrou, Premier ministre
Mais selon nos informations, cette démonstration de force gouvernementale ne fait pas l’unanimité sur place. Beaucoup y voient avant tout une opération de communication destinée à éteindre la polémique. Les ministres auront fort à faire pour convaincre des Mahorais toujours sous le choc et qui attendent des réponses concrètes à leurs problèmes immédiats : relogement des sinistrés, rétablissement de l’eau et de l’électricité, aide d’urgence…
Un marathon ministériel pour évaluer les dégâts
Au programme de ce déplacement éclair, pas moins de 12 étapes en une seule journée pour le Premier ministre et ses ministres, dont :
- Un survol en hélicoptère des zones les plus touchées
- Des rencontres avec les élus locaux et les acteurs de terrain
- La visite d’un centre d’hébergement d’urgence
- Un point presse en fin de journée
L’objectif est clair : montrer que le gouvernement est sur le pont. François Bayrou sera épaulé notamment par Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, et Elisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, deux poids lourds de l’exécutif. Leur mission : rassurer la population et poser les bases de la reconstruction à venir.
Les promesses ne suffiront pas
Mais sur place, beaucoup doutent de la capacité du gouvernement à être à la hauteur des enjeux. Car au-delà de l’urgence humanitaire, c’est toute la question des inégalités structurelles dont souffre Mayotte qui revient sur le devant de la scène. Pauvreté, insécurité, immigration clandestine, sous-équipement des services publics… Les problèmes sont nombreux et anciens dans ce département français de l’océan Indien.
On ne réglera pas en un jour des difficultés qui durent depuis des années. Il faudra un vrai plan Marshall pour Mayotte.
Un ministre de la délégation, sous couvert d’anonymat
Face à l’ampleur de la tâche, François Bayrou a promis un « plan d’action global » et des moyens supplémentaires. Mais les Mahorais, souvent déçus par le passé, jugeront sur les actes. Pour sortir de la crise, le gouvernement devra prouver sur la durée son engagement aux côtés de ce territoire oublié de la République. La reconstruction de Mayotte ne fait que commencer.