L’île de Mayotte, ce petit bout de France dans l’océan Indien, se relève douloureusement du passage dévastateur du cyclone Chido. Bâtiments effondrés, routes coupées, réseau électrique hors-service : le département le plus pauvre de France se retrouve plongé dans un chaos sans précédent. Face à l’ampleur de la catastrophe, le gouvernement vient de déclencher, pour la toute première fois, l’état de calamité naturelle exceptionnelle. Un dispositif inédit qui vise à accélérer la gestion de crise et la reconstruction de ce territoire sinistré.
Une procédure d’urgence pour débloquer les aides
Inscrit dans la loi 3DS sur la différenciation, la décentralisation et la déconcentration promulguée en février 2022, l’état de calamité naturelle exceptionnelle n’avait encore jamais été activé. Le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte de plein fouet le 14 décembre dernier, en aura été le triste déclencheur. Concrètement, ce dispositif permet une gestion plus rapide et efficace d’une crise majeure, en suspendant temporairement certains délais administratifs qui entravent normalement l’action des pouvoirs publics.
Valable pour une durée initiale d’un mois, renouvelable par périodes de deux mois, cette procédure d’exception va permettre à l’État et aux collectivités locales de débloquer plus rapidement les aides d’urgence. Les décisions d’attribution de logements provisoires ou de reconstruction d’infrastructures critiques pourront ainsi être prises sans attendre, pour venir en aide aux milliers de Mahorais sinistrés.
Une présomption de force majeure pour faciliter la reconstruction
Au-delà de la suspension des délais, l’état de calamité naturelle exceptionnelle instaure également une présomption de force majeure. Un principe juridique qui va simplifier la mise en œuvre des dispositions réglementaires nécessaires au rétablissement de l’ordre public, de la sécurité des populations et de l’approvisionnement du territoire en biens de première nécessité.
Grâce à ce levier, les autorités pourront plus facilement réquisitionner du matériel, mobiliser des moyens humains supplémentaires ou encore passer des marchés publics en urgence pour accélérer la remise en état des réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunication. Un gain de temps précieux quand chaque jour compte pour soulager la détresse des habitants.
Une procédure encadrée et transparente
Si l’état de calamité naturelle exceptionnelle donne des pouvoirs étendus à l’exécutif pour gérer la crise, il n’est pas pour autant un chèque en blanc. Le dispositif reste strictement encadré et fera l’objet d’un rapport détaillé dans les six mois suivant la fin de son activation. Ce document devra pointer les éventuelles difficultés rencontrées et évaluer l’efficacité des mesures prises.
Une manière de garantir la transparence de cette procédure d’exception et d’en tirer les leçons pour mieux anticiper et répondre aux catastrophes à venir. Car si Mayotte fait figure de précurseur avec l’activation de l’état de calamité naturelle exceptionnelle, nul doute que ce petit bout de France ne sera malheureusement pas le dernier territoire à en avoir besoin, à l’heure où le réchauffement climatique promet de multiplier les phénomènes météorologiques extrêmes.
Un défi logistique dans un territoire isolé
Reste que même avec ces facilités administratives, la tâche s’annonce immense pour reconstruire Mayotte. L’archipel, déjà en proie à de lourdes difficultés socio-économiques avant le passage de Chido, se heurte à un défi logistique de taille. Situé à plus de 8 000 km de la métropole, le territoire souffre d’un manque criant d’infrastructures et de moyens.
L’acheminement de l’aide d’urgence, qu’il s’agisse de vivres, d’eau potable ou de matériaux de construction, se révèle particulièrement complexe. Le port et l’aéroport, sévèrement endommagés par le cyclone, peinent à retrouver leur pleine capacité, ralentissant l’arrivée des renforts tant attendus par la population.
Des dégâts considérables qui exacerbent les inégalités
Au-delà des destructions matérielles, c’est tout le tissu économique et social de Mayotte qui se retrouve durablement affecté. De nombreux commerces et entreprises ont été rayés de la carte, laissant des milliers de salariés sur le carreau. Les établissements scolaires et de santé, déjà sous-dimensionnés en temps normal, peinent à fonctionner, privant la population des services essentiels.
Une situation critique qui vient exacerber les inégalités préexistantes sur ce territoire, où plus de 80% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Les quartiers informels, construits sans normes anti-cycloniques, ont payé le plus lourd tribut lors du passage de Chido. Pour ces familles précaires, qui ont tout perdu, le chemin de la reconstruction s’annonce particulièrement ardu.
Nous sommes face à une catastrophe sans précédent qui nécessite une mobilisation exceptionnelle de l’État et de la Nation toute entière. Mayotte ne doit pas être oubliée.
Estelle Youssouffa, députée de Mayotte
Un élan de solidarité nationale pour relever Mayotte
Face à l’ampleur des dégâts et à la détresse des Mahorais, l’heure est à la mobilisation générale. Au-delà des mesures d’urgence permises par l’état de calamité naturelle exceptionnelle, c’est un véritable plan Marshall qui va devoir être déployé pour permettre à Mayotte de se relever durablement.
L’État, qui a déjà débloqué plusieurs dizaines de millions d’euros, va devoir mettre les bouchées doubles pour soutenir la reconstruction des infrastructures et du logement. Les collectivités locales, elles aussi durement impactées financièrement, attendent un coup de pouce significatif pour faire face à l’adversité.
Mais au-delà des pouvoirs publics, c’est toute la société civile qui est appelée à se mobiliser. De nombreuses associations et ONG ont lancé des appels aux dons pour venir en aide aux sinistrés. Des entreprises de l’hexagone ont également promis d’apporter leur expertise et leurs moyens pour épauler leurs homologues mahorais.
La solidarité nationale doit jouer à plein pour Mayotte. Chaque geste compte pour aider ce territoire et ses habitants à surmonter cette terrible épreuve.
Une source proche du gouvernement
Si l’activation de l’état de calamité naturelle exceptionnelle ouvre la voie à une gestion plus efficace de la crise à Mayotte, elle ne suffira pas, à elle seule, à effacer les cicatrices laissées par Chido. Il faudra du temps, des moyens et une mobilisation sans faille pour permettre à ce petit bout de France meurtri de panser ses plaies et de se tourner à nouveau vers l’avenir. Un immense défi qui en appelle à la solidarité et à la fraternité de tous les Français.