Alors que les vacances d’été s’achèvent, l’archipel de Mayotte s’apprête à vivre une rentrée scolaire des plus atypiques. Près d’un mois après le passage du dévastateur cyclone Chido, les établissements font face à des dégâts considérables qui vont rendre la reprise des cours particulièrement complexe.
Des écoles dévastées aux quatre coins de l’île
Du nord au sud, d’est en ouest, le constat est sans appel. Selon une source proche du rectorat, ce sont près de 60 à 70% des salles de classe qui ont été endommagées par les vents violents et les pluies diluviennes. Au Lycée du Nord d’Acoua, un des plus grands établissements de l’île avec ses 2300 élèves, le spectacle est désolant :
Il n’y a pas encore d’eau, ni d’électricité. L’établissement est détruit à 60, 70%. C’est un désastre !
Jonas Salako, proviseur adjoint
Toitures arrachées, murs effondrés, clôtures broyées… Difficile d’imaginer que des cours pourront y être dispensés d’ici quelques jours. Et le lycée est loin d’être un cas isolé. De nombreuses écoles, comme celle de La Rose à Bandraboua, présentent le même tableau apocalyptique avec des faux plafonds éventrés et des amas de gravats envahissant les salles de classe.
Le casse-tête de l’organisation des cours
Face à l’ampleur des dégâts, le rectorat a dû revoir complètement l’organisation de cette rentrée. Si administrativement, les professeurs et personnels sont attendus dès le 13 janvier, il faudra patienter une semaine supplémentaire, jusqu’au 20, pour accueillir les 117 000 élèves de l’archipel. Un véritable casse-tête en perspective pour permettre à chacun de suivre sa scolarité dans des conditions décentes.
Plusieurs pistes sont à l’étude pour pallier le manque de salles :
- Mise en place de rotations dans les écoles les moins touchées
- Allongement des semaines jusqu’à 6 jours de cours
- Priorisation des classes à examen (3ème et Terminale)
- Développement des cours à distance via le CNED ou la télévision locale
Dans les cas les plus critiques, certaines écoles pourraient même voir leurs élèves suivre les enseignements sous des tentes, le temps que des solutions pérennes soient trouvées. Un scénario de crise extrême mais qui n’est pas exclu par les autorités.
La résilience comme maître-mot
Malgré ce contexte plus que délicat, la communauté éducative mahoraise semble faire preuve d’un optimisme à toute épreuve. Si certains professeurs ont préféré rentrer en métropole ou à La Réunion, ils ne seraient qu’une infime minorité selon le rectorat. La grande majorité a bien l’intention d’être au rendez-vous pour relever cet immense défi.
Je suis contente qu’il y ait des services publics qui fonctionnent, il faut le dire.
Véronique Hummen, professeur documentaliste
Même constat du côté des élèves et de leurs familles qui n’ont pas l’intention de baisser les bras. Seuls 76 élèves sur les 117 000 que compte l’archipel ont fait le choix de poursuivre leur scolarité hors de Mayotte suite au cyclone. La reconstruction s’annonce longue et difficile, mais la soif d’apprendre et de se reconstruire est plus forte que tout.
Dans ce contexte si particulier, nul doute que cette rentrée 2023 restera dans les mémoires. Au-delà des difficultés matérielles, elle sera surtout le théâtre d’une formidable démonstration de résilience et de solidarité. Des valeurs plus que jamais indispensables pour panser les plaies et se projeter vers l’avenir.