Dans l’archipel français de Mayotte, une semaine après le passage dévastateur du cyclone Chido, les habitants font face à une pénurie d’eau potable sans précédent. Robinets à sec, rayons vides dans les magasins, les Mahorais n’ont d’autre choix que de s’en remettre à des distributions organisées dans l’urgence, au compte-goutte et aux horaires incertains. Une situation critique qui exacerbe les inégalités dans ce département, le plus pauvre de France.
Files d’attente interminables pour quelques bouteilles d’eau
Dès 9h du matin ce lundi, plusieurs centaines de personnes s’amassaient déjà le long de la route littorale de Passamainty, chaises de camping et enfants dans les bras, dans l’espoir d’obtenir un maigre pack d’eau minérale. Las, au fil des heures qui s’égrenaient sans que le camion tant attendu ne daigne se montrer, beaucoup ont fini par abandonner, découragés par l’attente et le manque d’informations.
On a eu des infos sur les réseaux sociaux, comme quoi il y aurait une distribution d’eau, mais on n’a pas d’heure. On ne sait pas non plus à quoi on a droit : un pack par famille ?
s’interroge Emmanuel Gence, enseignant venu faire la queue
Quand le précieux chargement s’est enfin présenté aux alentours de 14h, c’est une véritable cohue qui s’est formée. Chacun tentant de préserver sa place chèrement acquise, redoutant de repartir bredouille. Au final, la distribution s’est faite au compte-goutte, par groupes de cinq personnes, un pack de six bouteilles étant remis à chaque famille. Une quantité dérisoire pour subvenir aux besoins de tous.
Des distributions aux lieux et horaires aléatoires
Si des distributions de ce type ont lieu chaque jour dans différentes communes de l’archipel, leurs horaires demeurent le plus souvent incertains, obligeant les habitants à patienter de longues heures sans garantie de repartir avec de l’eau. Une situation d’autant plus difficile pour les plus précaires, qui n’osent quitter leurs quartiers de peur d’être contrôlés.
Les distributions d’eau, et les premières distributions de nourriture, ont lieu uniquement en ville, et c’est regrettable. Les habitants en situation irrégulière des bidonvilles n’y vont pas, ils ne quittent pas leur quartier de peur de se faire attraper. Alors qu’il y a des besoins énormes.
déplore Yann Santin, coordinateur de Médecin sans frontières à Mayotte
D’après les autorités, plus d’un tiers des 320.000 habitants que compte Mayotte vivraient en situation irrégulière. Autant de personnes laissées pour compte face à cette crise de l’eau potable qui perdure depuis le passage du cyclone.
Le cyclone Chido, un coup dur pour un archipel déjà en souffrance
Le 14 décembre dernier, le cyclone Chido s’abattait avec une rare violence sur Mayotte, causant des dégâts considérables dans l’ensemble de l’archipel. Routes coupées, habitations détruites, réseau électrique endommagé… Les secours s’activent depuis pour rétablir les services essentiels à la population. Le bilan provisoire fait état de 35 morts et environ 2.500 blessés, sans compter les innombrables sinistrés.
Face à l’ampleur de la catastrophe, facilitée par le réchauffement climatique, nombre d’habitants peinent aujourd’hui à se relever. À l’image de Pamela Kamariza, jeune mère de famille contrainte de puiser l’eau de la rivière pour se laver elle et son bébé de 8 mois, et qui place tous ses espoirs dans un départ vers la métropole.
C’est trop difficile ici. Le cyclone a tout rendu pire.
lâche-t-elle, désabusée
Une semaine après le passage dévastateur du cyclone Chido, l’archipel français de Mayotte peine à se relever. Privés d’eau potable et d’électricité, contraints pour beaucoup de s’approvisionner à des puits ou via des distributions d’urgence aux horaires incertains, les habitants vivent au jour le jour, dans des conditions particulièrement précaires. Une situation intenable qui vient raviver les profondes inégalités minant déjà ce département, le plus pauvre de France, où plus d’un tiers de la population vivrait en situation irrégulière. Tandis que les secours s’activent pour rétablir les services de base, certains placent déjà leurs espoirs dans un départ vers la métropole, seule échappatoire à cette crise sans précédent.