L’ancien ministre de l’Intérieur italien et leader de l’extrême droite Matteo Salvini risque jusqu’à 6 ans de prison pour avoir bloqué l’accostage d’un navire humanitaire transportant des migrants en 2019. Une affaire qui provoque l’indignation de ses alliés européens comme Marine Le Pen, qui dénoncent une “persécution judiciaire”.
Jusqu’à 6 ans de prison requis contre Matteo Salvini
Les procureurs italiens ont demandé samedi une peine de 6 ans d’emprisonnement à l’encontre de l’ancien ministre de l’Intérieur Matteo Salvini. Celui-ci est accusé d'”abus de pouvoir” et de “séquestration de personnes” pour avoir interdit en août 2019 le débarquement de plus de 100 migrants secourus en mer par le navire humanitaire espagnol Open Arms.
Matteo Salvini, chef de file de la Ligue (extrême droite), avait pris la décision de fermer les ports italiens aux ONG portant assistance aux migrants tentant de traverser la Méditerranée. Une politique “des ports fermés” qui lui avait valu une grande popularité, mais aussi de nombreuses critiques et poursuites judiciaires.
Marine Le Pen et Jordan Bardella crient à la “persécution judiciaire”
Immédiatement, les alliés européens de Matteo Salvini ont volé à son secours, dénonçant un “harcèlement” et une “persécution” de la justice à son encontre. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National (RN) en France, a exprimé son “soutien total face à cette campagne d’intimidation”.
Le procès et la peine de 6 ans requise à son encontre est d’une extrême gravité alors que la submersion migratoire s’accentue partout en Europe.
– Marine Le Pen, sur Twitter
Jordan Bardella, président du RN, a lui aussi dénoncé une “persécution judiciaire” contre Matteo Salvini, dont le seul “tort” serait d’avoir “protégé le peuple italien, son identité et ses lois face à l’immigration anarchique”.
L’Italie divisée sur la question migratoire
En Italie, l’affaire Salvini ravive les tensions autour de la question brûlante de l’accueil des migrants. Si ses alliés au gouvernement, dont la Première ministre Giorgia Meloni, ont pris sa défense, ses adversaires politiques se félicitent de voir la justice passer.
Cette affaire intervient alors que l’Italie fait face à une recrudescence des arrivées de migrants sur ses côtes. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 50 000 personnes ont débarqué depuis le début de l’année, contre 35 000 sur la même période en 2022.
Un procès qui pose la question des limites de la “fermeté” migratoire
Au-delà du cas Salvini, ce procès très médiatisé interroge sur les limites des politiques de “fermeté” face à l’immigration, prônées par de nombreux dirigeants européens. Jusqu’où peut aller un État pour protéger ses frontières ? Quid du devoir d’assistance aux personnes en détresse en mer ?
Des questions épineuses qui divisent profondément les opinions publiques européennes et pour lesquelles le droit peine à apporter des réponses claires. Dans ce contexte, le “cas Salvini” pourrait faire jurisprudence et peser sur les choix politiques des gouvernements en matière d’immigration.
Le procès doit se poursuivre jusqu’au 23 septembre avant une décision de la cour. Un jugement très attendu, et scruté bien au-delà des frontières italiennes.