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Matteo Salvini Risque 6 Ans de Prison pour Privation de Liberté

Alors qu'il était ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini a bloqué en mer 147 migrants secourus pendant près de 3 semaines. Son destin sera scellé ce vendredi par le tribunal de Palerme, qui pourrait le condamner à une peine de prison ferme...

Le sort de Matteo Salvini, vice-Premier ministre italien et figure de proue de l’extrême droite, sera connu ce vendredi. Jugé pour avoir retenu en mer 147 migrants secourus en août 2019 alors qu’il était ministre de l’Intérieur, le leader de La Ligue, parti ouvertement anti-immigration, risque jusqu’à six ans de prison pour abus de pouvoir et privation de liberté.

L’affaire remonte à l’été 2019. Pendant près de trois semaines, Matteo Salvini a refusé de laisser accoster le navire humanitaire Open Arms et ses 147 passagers, déclenchant une crise médiatique mondiale. Malgré les propositions d’accueil d’autres pays européens, l’intervention d’ONG et même la visite de solidarité de l’acteur Richard Gere, l’impasse a perduré jusqu’à ce qu’une décision de justice autorise finalement le débarquement sur l’île de Lampedusa.

Une « folie » pour Salvini, un « devoir » de défendre les frontières

Du haut de ses 51 ans, Matteo Salvini n’en démord pas : ce procès est une « folie ». Sur les réseaux sociaux, ses soutiens, du Premier ministre hongrois Viktor Orban à Elon Musk, s’insurgent contre cette mise en accusation. « Défendre les frontières est un devoir, pas un délit », martèle l’intéressé, bien décidé à se rendre au tribunal de Palerme « la tête haute ».

La Première ministre Giorgia Meloni monte au créneau

Malgré certains différends, la Première ministre Giorgia Meloni, dont le gouvernement dresse aussi des obstacles aux navires de sauvetage, a systématiquement pris la défense de son ministre. Apprenant en septembre dernier que les procureurs réclamaient six ans de réclusion, elle avait jugé « incroyable » que Salvini risque la prison « pour avoir fait son travail en défendant les frontières de la nation ».

L’espoir d’un « précédent historique » pour les ONG

Du côté des organisations humanitaires en revanche, on espère que ce procès fera date. « Une condamnation pourrait marquer l’histoire et créer un précédent. Nous espérons que le juge résistera à la pression et sera juste », a déclaré Oscar Camps, fondateur de l’ONG espagnole Open Arms. L’équipage avait témoigné de conditions sanitaires désastreuses à bord, avec une épidémie de gale. Une situation « pas dangereuse » selon Salvini.

Une politique migratoire de « ports fermés » assumée

Ancien sécessionniste lombard ayant peu à peu fait glisser son parti vers l’extrême droite, Matteo Salvini avait fait des « ports fermés » son credo en 2019, refusant l’entrée en Italie aux bateaux secourant les migrants effectuant la périlleuse traversée depuis l’Afrique du Nord. Une ligne qu’il assume encore aujourd’hui, affirmant que l’ensemble du gouvernement de l’époque, dirigé par Giuseppe Conte, soutenait sa politique.

Affrontements avec la justice sur la politique migratoire

La décision très attendue du tribunal de Palerme intervient dans un contexte de tensions entre le gouvernement Meloni et les magistrats concernant la politique migratoire. Des juges s’opposent actuellement aux tentatives de l’exécutif d’accélérer le traitement des demandes d’asile, notamment dans deux nouveaux centres gérés par l’Italie en Albanie. L’équipe de Giorgia Meloni a également durci les conditions d’intervention des navires de sauvetage en mer, les accusant sans réelles preuves d’encourager l’immigration clandestine.

Une procédure déjà abandonnée en 2021

Ce n’est pas la première fois que Matteo Salvini se retrouve sur le banc des accusés pour ses méthodes radicales. En juillet 2019, il avait déjà interdit le débarquement de 116 migrants du navire Gregoretti des garde-côtes italiens. Une affaire similaire pour laquelle il était poursuivi, jusqu’à ce que la justice abandonne la procédure en 2021, après la levée de son immunité parlementaire votée par le Sénat en 2020.

Reconnu coupable ou pas, Matteo Salvini dispose encore de recours en appel qui suspendront l’application de la peine. Mais au-delà de son cas personnel, c’est bien la question brûlante de l’accueil des migrants qui est au cœur des débats, clivant profondément la société italienne et européenne. Dans ce bras de fer entre humanité et fermeté, le verdict du tribunal de Palerme sera scruté de près, bien au-delà des frontières de la péninsule.

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