C’est une annonce qui a pris tout le monde de court et a immédiatement fait plonger le cours de l’action : Mattéo Fantacchiotti, le nouveau PDG du groupe italien de spiritueux Campari, vient de démissionner à peine cinq mois après avoir pris ses fonctions, invoquant des “raisons personnelles”. En poste depuis avril dernier, il avait succédé à Bob Kunze-Concewitz qui était resté 16 ans à la tête de l’entreprise. Ce mercredi 18 septembre 2024, l’action Campari a chuté de plus de 6% à la Bourse de Milan suite à cette nouvelle.
La “faiblesse” du secteur des spiritueux évoquée
Le départ soudain de Mattéo Fantacchiotti intervient seulement quelques jours après qu’il ait évoqué publiquement la “faiblesse” actuelle de l’industrie des spiritueux lors d’une conférence avec des investisseurs. Des propos qui avaient déjà fait vaciller le titre en Bourse vendredi dernier, avant que le groupe ne clarifie que son dirigeant commentait les tendances générales du secteur aux États-Unis et non les performances spécifiques de Campari.
L’entreprise a donc dû gérer coup sur coup deux mini-crises boursières liées à son dirigeant en l’espace de quelques jours. Mais le président du conseil d’administration Luca Garavoglia s’est empressé de rassurer les marchés et les investisseurs suite à ce séisme :
Notre ambition de croissance reste très forte. Nous avons un avenir solide devant nous grâce à notre présence mondiale et notre portefeuille unique de marques.
– Luca Garavoglia, Président du conseil d’administration de Campari
Un comité de transition pour assurer l’intérim
Pour piloter le groupe dans cette période d’incertitude, un comité de transition a été nommé. Il est présidé par l’ancien PDG Bob Kunze-Concewitz, qui est resté membre non-exécutif du conseil d’administration. Le directeur financier Paolo Marchesini et le directeur commercial Fabio Di Fede ont quant à eux été nommés co-directeurs généraux par intérim. Leur mission : assurer la continuité opérationnelle et choisir le futur patron en collaboration avec le comité des rémunérations et nominations.
L’acquisition record de Courvoisier comme gage d’ambition
Malgré la surprise de ce départ, Campari entend bien poursuivre sa stratégie de croissance externe. Le groupe né en 1860 s’est lancé dans une vague d’acquisitions depuis le milieu des années 1990 pour devenir une multinationale présente dans 190 pays avec un portefeuille de plus de 50 marques. Sa dernière prise de guerre : la maison de cognac française Courvoisier, rachetée pour plus d’un milliard d’euros en mai dernier. Une acquisition record qui témoigne de l’appétit intact de Campari.
Fondé il y a plus de 160 ans, le groupe milanais doit maintenant prouver que l’épisode Fantacchiotti n’était qu’une péripétie et que sa stratégie d’expansion mondiale est toujours sur les rails. Le défi est d’autant plus grand que le marché des alcools forts traverse une passe difficile. Entre hausse des coûts, nouvelles concurrences et évolutions de consommation, le secteur doit se réinventer. La prochaine nomination au sommet de Campari sera donc scrutée de près.