Une lueur d’espoir brille enfin pour Mary Jane Veloso, cette ressortissante philippine condamnée à la peine capitale en Indonésie pour trafic de drogue en 2010. Après plus d’une décennie d’intenses tractations diplomatiques entre Manille et Jakarta, un accord a été trouvé pour permettre son transfert vers son pays d’origine. Une issue inespérée pour cette mère de famille qui a toujours clamé son innocence.
Les dessous d’une affaire complexe
Retour sur les faits. En avril 2010, Mary Jane Veloso est arrêtée à l’aéroport de Yogyakarta en Indonésie. Les douaniers découvrent 2,6 kg d’héroïne dissimulés dans sa valise. Malgré ses dénégations, la jeune femme est jugée, condamnée à mort et incarcérée dans le couloir de la mort dans l’attente de son exécution.
Mais en 2015, coup de théâtre. Alors que Mary Jane est sur le point d’être fusillée, une femme soupçonnée de l’avoir recrutée comme « mule » est interpellée aux Philippines pour trafic d’êtres humains. Manille obtient in extremis un sursis à exécution auprès des autorités indonésiennes. C’est le début d’un long bras de fer diplomatique pour tenter de sauver la jeune femme du peloton.
La thèse de l’innocence
Car pour ses proches et ses soutiens, Mary Jane Veloso est innocente. Victime d’une machination, elle aurait en réalité été dupée par un réseau de trafiquants de drogue sans le savoir. Croyant signer pour un emploi de domestique à l’étranger, elle n’aurait pas eu conscience que sa valise contenait de l’héroïne.
Nous avons toujours cru en l’innocence de Mary Jane. Elle n’est qu’une victime, utilisée par des criminels sans scrupules. Nous n’avons jamais baissé les bras pour la sauver de ce terrible destin.
Declaire un proche de Mary Jane Veloso
Un travail diplomatique de longue haleine
Depuis 2015, les autorités philippines n’ont eu de cesse de plaider la cause de leur ressortissante auprès de leurs homologues indonésiens. Un travail de fourmi, fait de discussions ardues et de petites victoires.
Le président philippin Ferdinand Marcos a salué ce succès diplomatique :
Après plus d’une décennie de diplomatie et de consultations avec le gouvernement indonésien, nous avons réussi à retarder son exécution suffisamment longtemps pour parvenir à un accord permettant de la ramener aux Philippines.
Ferdinand Marcos, président des Philippines
Côté indonésien, on confirme. Le président Joko Widodo a donné son feu vert au transfert de la prisonnière, qui pourrait intervenir dès le mois de décembre selon le ministre indonésien des affaires juridiques Yusril Ihza Mahendra.
Le long chemin vers la clémence
Si ce rapatriement constitue déjà une immense victoire pour Mary Jane Veloso et ses proches, l’objectif ultime reste d’obtenir sa grâce présidentielle. Un défi encore loin d’être gagné, mais que les autorités philippines entendent bien relever.
Notre but ne sera pas seulement de la faire transférer, mais que le Président soit en mesure de faire preuve de clémence à son égard.
Indique Eduardo de Vega, sous-secrétaire philippin aux Affaires étrangères
Pour Mary Jane Veloso, le bout du tunnel est peut-être enfin en vue après ces longues années passées dans le couloir de la mort. Si rien n’est encore acquis, ce premier pas vers la liberté est porteur d’un immense espoir.
Cette affaire illustre une nouvelle fois la complexité et les enjeux des relations diplomatiques internationales. Elle met aussi en lumière le délicat équilibre entre lutte contre le trafic de drogue et protection des ressortissants à l’étranger. Une ligne de crête sur laquelle les États doivent en permanence se tenir pour défendre au mieux les intérêts de leurs citoyens, parfois pris dans les mailles de la justice d’autres pays.
L’histoire de Mary Jane Veloso, aussi tragique soit-elle, pourrait bien connaître un dénouement plus heureux que prévu grâce à la ténacité des autorités philippines. Une issue positive qui redonnerait foi en la justice et en la capacité du dialogue entre les nations à infléchir les destins les plus funestes.