La Martinique est à nouveau sous tension. Rodrigue Petitot, l’une des figures de proue du mouvement contre la vie chère qui secoue l’île depuis plusieurs mois, a été interpellé mardi soir à Fort-de-France. Selon une source proche du dossier, il a été placé en garde à vue suite à une plainte pour violation de domicile et actes d’intimidation envers des personnes exerçant une fonction publique.
Une intrusion à la résidence préfectorale
Lundi soir, celui qu’on surnomme “le R” s’était introduit avec trois autres personnes dans l’enceinte de la résidence préfectorale, située dans le quartier huppé de Didier. Le but de cette action coup de poing ? Obtenir un entretien avec le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, actuellement en déplacement sur l’île. C’est le préfet de Martinique en personne, Jean Christophe Bouvier, qui s’est interposé physiquement pour empêcher Rodrigue Petitot, président du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), de pénétrer dans la résidence.
L’attitude des leaders du collectif était “inacceptable, inimaginable, intolérable”
Jean Christophe Bouvier, préfet de Martinique
Rassemblement devant le commissariat
Sitôt l’arrestation de Rodrigue Petitot connue, ses partisans se sont mobilisés. Vers 20h30, une centaine de personnes étaient rassemblées devant le commissariat central de Fort-de-France pour exiger sa remise en liberté. Aude Goussard, secrétaire du RPPRAC, a mis en garde contre de nouvelles « perturbations » qui seraient « de la responsabilité du préfet et du ministre ». Un barrage enflammé a été érigé dans le quartier de résidence de Petitot et les transports publics ont été suspendus dans le centre de l’île.
Le ministre des Outre-mer en visite sous haute tension
L’interpellation du leader contestataire tombe au plus mal pour François-Noël Buffet. Arrivé lundi soir pour une visite de quatre jours, il avait assuré être « disposé à rencontrer tout le monde », y compris les dirigeants du RPPRAC de retour d’un séjour militant de dix jours à Paris. Mais le climat social reste particulièrement tendu en Martinique.
La Martinique en proie aux violences
Depuis septembre dernier, l’île est secouée par un vaste mouvement de protestation contre la cherté de la vie. Un mouvement qui a dégénéré en violences urbaines, principalement nocturnes. Selon un décompte de la préfecture, plus de 230 véhicules ont été incendiés volontairement et des dizaines de commerces saccagés, vandalisés ou pillés. Dans ce contexte explosif, l’arrestation d’une figure aussi emblématique que Rodrigue Petitot fait craindre un nouvel embrasement.
La Martinique retient son souffle. Entre revendications légitimes et dérive violente, le mouvement contre la vie chère semble avoir atteint un point de non-retour. Le gouvernement, à travers la visite du ministre des Outre-mer, tente de renouer le dialogue. Mais en interpellant l’un des leaders les plus en vue de la contestation, les autorités prennent le risque d’une escalade incontrôlée. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir de l’île aux fleurs.