Actualités

Marseille Métropole : Les Agents de Sécurité Bientôt Armés ?

Marseille veut armer ses agents de sécurité dans les transports en commun. Une décision qui suscite des réactions contrastées. La métropole cherche des solutions face à la montée de l'insécurité, mais certains s'inquiètent des dérives potentielles. Jusqu'où ira-t-on pour...

Face à la recrudescence des incivilités et des agressions dans les transports en commun marseillais, la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal a annoncé une mesure choc : armer les agents de sécurité de la régie des transports métropolitains (RTM). Bombes lacrymogènes, matraques… Ces équipements jusqu’ici réservés aux forces de l’ordre pourraient bientôt faire partie de l’arsenal des agents chargés d’assurer la tranquillité des voyageurs. Une annonce qui ne manque pas de faire réagir.

Faire face à une insécurité grandissante

Martine Vassal justifie cette décision par la nécessité de répondre au «sentiment d’insécurité» qui règne dans de nombreux réseaux de transports français. À Marseille, les agressions verbales ou physiques envers les passagers et le personnel sont devenues monnaie courante. Certains chauffeurs de bus sont même contraints de dévier leurs trajets pour éviter les quartiers les plus sensibles, sous peine de voir leur véhicule caillassé.

Pour la présidente de la métropole, armer les agents de sécurité permettrait de renforcer leur autorité et leur capacité d’intervention face aux individus violents. Actuellement au nombre de 78, les effectifs du groupe d’assistance et de protection (GAP) de la RTM devraient passer à 99 d’ici la fin de l’année et disposer «des mêmes prérogatives qu’à la RATP».

La RATP comme modèle

Le modèle parisien est en effet souvent cité en exemple. Depuis plusieurs années, des dizaines d’agents de sûreté RATP patrouillent dans le métro et le RER, équipés de pistolets semi-automatiques avec des munitions en caoutchouc, de bombes lacrymogènes, de bâtons télescopiques et même de menottes. Un arsenal impressionnant mais qui a fait ses preuves selon la régie, permettant de sécuriser les transports franciliens.

C’est ce schéma que souhaite dupliquer Marseille, avec l’aval du ministre des Transports. Il faudra pour cela modifier la législation afin de donner un cadre légal à cet armement. Martine Vassal espère que le dispositif pourra être mis en place «le plus rapidement possible».

Des réactions mitigées

L’annonce de la métropole suscite des réactions contrastées parmi les usagers et le personnel de la RTM. Si certains saluent une mesure « courageuse » et « nécessaire » pour endiguer la violence, d’autres craignent au contraire une escalade et une confusion des rôles avec la police.

On avait déjà la crainte de voir défiler de futurs agents de police avec l’installation du GAP. Cette annonce nous conforte un peu plus dans nos craintes

confie un chauffeur de bus et responsable CFDT.

La RTM se défend de vouloir créer une « police bis » et rappelle que les agents ne seront équipés que d’armes non létales. Il n’empêche, le spectre d’une privatisation de la sécurité et d’une dérive « à l’américaine » inquiète les syndicats.

Des questions en suspens

Au-delà des aspects sécuritaires, l’armement des agents de la RTM soulève de nombreuses questions :

  • Quelles seront les conditions d’utilisation des armes ? Les agents devront-ils suivre une formation spécifique ?
  • Comment s’articuleront leurs interventions avec celles de la police ?
  • Quelle responsabilité pour la RTM en cas de bavure ?
  • Quel impact psychologique pour des salariés qui n’ont pas vocation à maintenir l’ordre ?

Autant d’interrogations qui devront être tranchées avant tout déploiement effectif. La balle est désormais dans le camp du législateur, qui devra encadrer strictement cette nouvelle prérogative des agents de sécurité des transports.

Un débat à l’échelle nationale

La décision marseillaise pourrait faire des émules dans d’autres grandes villes confrontées aux mêmes problématiques d’insécurité. Mais elle risque aussi de raviver le débat sur la place des armes dans l’espace public et la répartition des missions entre sécurité publique et sécurité privée.

Pour l’heure, le ministre de l’Intérieur n’a pas souhaité commenter l’initiative de Martine Vassal. Mais il sera difficile pour l’exécutif d’ignorer ce sujet très sensible, qui touche au monopole régalien de la violence légitime. Armer des agents privés, même pour la bonne cause, n’est pas anodin. Cela mérite un vrai débat de société.

En attendant, les Marseillais scruteront avec attention ce qui se passera dans leurs transports dans les prochains mois. La RTM jouera-t-elle aux cow-boys ou réussira-t-elle à rassurer ses usagers ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la question de la sécurité dans les transports en commun est plus que jamais au cœur des préoccupations des citoyens et des décideurs publics.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.