Imaginez-vous déambuler dans les rues animées de Marseille, le Vieux-Port à deux pas, et soudain, tomber sur une vitrine vide, autrefois éclatante de vie. C’est la réalité qui s’annonce avec la fermeture des deux magasins emblématiques des Galeries Lafayette, situés au Prado et à Centre Bourse. Cette décision, confirmée récemment, marque un tournant pour la deuxième ville de France, laissant derrière elle 300 emplois menacés et des espaces commerciaux déserts. Mais au-delà des chiffres, c’est tout un pan de l’identité marseillaise qui vacille. Pourquoi une telle issue ? Et surtout, que réserve l’avenir à ces lieux autrefois vibrants ?
Un Coup Dur pour l’Économie et l’Âme de Marseille
La nouvelle est tombée comme un couperet : les Galeries Lafayette, symbole de chic et de commerce haut de gamme, plieront bagage à Marseille d’ici le 30 novembre 2025. Les deux magasins, l’un niché près du stade Vélodrome, l’autre à deux pas du Vieux-Port, ne résistent pas aux pertes financières accumulées. Cette annonce, bien que prévisible pour certains, a suscité un tollé parmi les habitants et les élus locaux. Car au-delà de la fermeture, c’est une partie de l’attractivité de la ville qui s’effrite, laissant craindre l’apparition de vastes friches commerciales.
Pourquoi les Galeries Lafayette Partent-elles ?
Les raisons invoquées par l’enseigne sont claires : des pertes récurrentes plombent les comptes depuis plusieurs années. Les deux magasins marseillais, bien que stratégiquement placés, ne parviennent plus à rivaliser avec la concurrence des zones commerciales périphériques, qui attirent une clientèle toujours plus mobile. À cela s’ajoute une évolution du quartier, marquée par une baisse du pouvoir d’achat local, rendant l’offre haut de gamme des Galeries moins attractive. Comme l’a souligné un représentant syndical, la situation déséquilibre les performances nationales de l’enseigne, qui préfère se recentrer sur des sites plus rentables.
« C’est un immense gâchis. Marseille, deuxième ville de France, mérite mieux qu’une telle désertion commerciale. »
Un élu régional
Les efforts pour retenir l’enseigne n’ont pas manqué. Des réunions marathon, menées par le préfet des Bouches-du-Rhône, ont tenté de convaincre les dirigeants de revoir leur décision, en vain. Même l’idée de maintenir au moins le magasin de Centre Bourse, au cœur de la ville, a été balayée. Le bail du magasin du Prado arrivant à son terme, des repreneurs se seraient déjà manifestés, mais pour Centre Bourse, l’avenir reste flou.
Un Impact Humain et Économique Lourd
La fermeture des Galeries Lafayette à Marseille, c’est avant tout une tragédie pour les 300 salariés concernés. Parmi eux, 150 employés directs de l’enseigne et 150 autres travaillant pour des marques partenaires risquent de perdre leur emploi. Ce plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), validé récemment par l’État, laisse peu d’espoir de retour en arrière. Pour ces travailleurs, c’est un coup dur, tant sur le plan professionnel que personnel, dans une ville où le chômage reste un défi majeur.
Chiffres clés de la fermeture :
- 150 salariés directs licenciés
- 150 emplois indirects menacés
- 22 000 m² d’espace commercial à Centre Bourse, potentiellement vacant
- 30 novembre 2025 : date de fermeture officielle
Pour les habitants, cette fermeture est perçue comme un abandon. Les Galeries Lafayette, bien plus qu’un simple magasin, incarnaient un certain art de vivre, un lieu de rencontre et de flânerie. Leur départ laisse un vide, tant symbolique qu’économique, dans une ville déjà confrontée à des défis d’attractivité commerciale.
Une Friche Commerciale aux Portes du Vieux-Port
Le départ des Galeries Lafayette risque de transformer le centre-ville en un désert commercial. À Centre Bourse, l’enseigne occupe un espace colossal de 22 000 m², ce qui pourrait devenir, selon un élu régional, « la plus grande friche commerciale d’Europe ». Une telle vacance pose des problèmes de sécurisation des lieux et d’attractivité pour le quartier. Le préfet a d’ailleurs exprimé ses craintes face à cette perspective, soulignant les défis que représente un tel espace laissé à l’abandon.
« Une friche commerciale de cette taille, en plein cœur de Marseille, c’est une catastrophe pour l’image de la ville. »
Un responsable local
Pourtant, des pistes de reconversion émergent. Parmi les idées évoquées, l’installation d’un complexe de loisirs et de sports ou un projet à vocation touristique. La possibilité d’une cité judiciaire a été écartée, mais les discussions se poursuivent pour redonner vie à cet espace. Une étude, portée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et financée par la région et la mairie, est en cours pour analyser l’avenir du commerce en centre-ville. Ses conclusions, attendues pour novembre 2025, pourraient dessiner les contours d’un renouveau.
Marseille Face à la Concurrence des Zones Périphériques
La fermeture des Galeries Lafayette met en lumière un problème structurel : la concurrence des zones commerciales périphériques. Ces dernières, plus accessibles en voiture et souvent dotées d’offres diversifiées, attirent une clientèle qui délaisse peu à peu le centre-ville. Ce phénomène, loin d’être unique à Marseille, touche de nombreuses grandes villes européennes. Cependant, à Marseille, il est amplifié par une baisse du pouvoir d’achat dans certains quartiers centraux, rendant l’offre haut de gamme des Galeries moins viable.
Facteurs | Impact sur le commerce en centre-ville |
---|---|
Concurrence périphérique | Attire la clientèle hors du centre |
Baisse du pouvoir d’achat | Réduit l’attractivité des enseignes haut de gamme |
Évolution des habitudes | Essor du e-commerce et des loisirs alternatifs |
Cette situation interroge sur l’avenir des centres-villes. Faut-il repenser leur vocation ? Transformer les espaces commerciaux en lieux de vie mixtes, mêlant commerces, culture et loisirs ? Marseille, avec son dynamisme et son patrimoine, a les atouts pour relever ce défi, mais le chemin s’annonce long.
Quelles Solutions pour Redynamiser le Centre-Ville ?
Face à cette crise, les acteurs locaux ne restent pas les bras croisés. Une étude conjointe, impliquant la CCI, la mairie et la région, vise à repenser le commerce en centre-ville. Parmi les pistes envisagées :
- Attirer de nouvelles enseignes adaptées au public local
- Développer des projets mixtes (commerces, loisirs, culture)
- Renforcer l’attractivité touristique du Vieux-Port
- Améliorer l’accessibilité et la sécurité des espaces commerciaux
Ces initiatives, bien que prometteuses, demandent du temps et des investissements conséquents. En attendant, le départ des Galeries Lafayette laisse un goût amer, celui d’une ville qui peine à retenir ses fleurons commerciaux. Pourtant, Marseille a déjà prouvé sa capacité à se réinventer, comme en témoigne la revitalisation du quartier de la Joliette ou l’essor du Mucem.
Un Symbole d’une Crise Plus Large
La fermeture des Galeries Lafayette à Marseille n’est pas un cas isolé. Partout en Europe, les grands magasins, symboles d’une époque révolue, luttent pour s’adapter à l’essor du e-commerce et à l’évolution des habitudes de consommation. À Berlin, par exemple, l’enseigne a récemment fermé ses portes après 28 ans d’activité. Ce constat pousse à une réflexion plus large : comment les villes peuvent-elles préserver leur dynamisme commercial face à ces mutations ?
« Les grands magasins doivent se réinventer, devenir des lieux d’expérience, pas seulement de consommation. »
Un expert en urbanisme
À Marseille, cette crise pourrait être une opportunité. En repensant l’usage des espaces laissés vacants, la ville pourrait innover, en créant des lieux hybrides où commerce, culture et loisirs se rencontrent. Le défi est de taille, mais Marseille, avec son énergie et sa diversité, a les cartes en main pour transformer cette perte en un nouveau départ.
Et Après ? L’Espoir d’un Renouveau
Alors que la date fatidique du 30 novembre 2025 approche, Marseille se trouve à un carrefour. La fermeture des Galeries Lafayette, bien que douloureuse, pourrait être le catalyseur d’une transformation urbaine. Les projets en cours, comme l’étude de la CCI ou les discussions autour de la reconversion de Centre Bourse, laissent entrevoir des perspectives. Mais pour réussir, la ville devra mobiliser tous ses acteurs : élus, commerçants, habitants et investisseurs.
Marseille saura-t-elle transformer cette crise en opportunité ? L’avenir nous le dira.
En attendant, les Marseillais continuent de fréquenter les allées des Galeries Lafayette, peut-être avec une pointe de nostalgie. Ces lieux, qui ont vu défiler des générations, fermeront bientôt leurs portes. Mais l’histoire de Marseille, ville de résilience, ne s’arrête pas là. Le défi est lancé : faire renaître le cœur commercial de la cité phocéenne.