En ce début d’été, l’église Saint-Ferréol, située sur le Vieux Port de Marseille, est devenue le théâtre d’une mobilisation hors du commun. Depuis le week-end dernier, plusieurs dizaines de migrants ont investi les lieux pour protester contre leur expulsion imminente de quatre squats de la cité phocéenne. Un coup d’éclat qui met en lumière le sort précaire de ces jeunes exilés.
Des « mineurs » en quête de reconnaissance
Selon les militants qui orchestrent cette action coup de poing, les occupants de l’église Saint-Ferréol seraient pour la plupart des mineurs non accompagnés (MNA). Venus seuls en France, ces jeunes migrants se sont présentés comme mineurs auprès des autorités, mais auraient été reconnus majeurs par le conseil départemental, chargé de l’évaluation de leur situation.
Ce sont des jeunes exilés qui n’ont pas été considérés comme mineurs non accompagnés, mais comme majeurs, et qui sont en recours.
– Anouk, militante
En occupant ce lieu de culte emblématique, avec le soutien assumé du diocèse, les migrants espèrent interpeller les pouvoirs publics sur leur sort. Leur objectif : obtenir une réévaluation de leur situation et la reconnaissance de leur statut de mineur, qui leur ouvrirait des droits à une prise en charge.
150 personnes menacées d’expulsion
Cette mobilisation intervient alors que quatre squats marseillais, abritant environ 150 personnes, sont sous le coup d’une procédure d’expulsion. Privés de logement pérenne, de nombreux jeunes exilés se retrouvent contraints de vivre dans des conditions précaires.
En investissant l’église Saint-Ferréol, les militants et les migrants veulent créer un électrochoc, en espérant faire plier la mairie de Marseille et la préfecture des Bouches-du-Rhône. Une stratégie qui avait déjà été employée en 2017, lorsqu’une quarantaine de migrants avaient occupé cette même église pendant 48 heures.
Les autorités « mobilisées »
Face à ce coup d’éclat, les autorités assurent suivre la situation de près. La préfecture indique être « mobilisée depuis le début de l’occupation de l’église ». Reste à savoir si cette mobilisation se traduira par des avancées concrètes pour les jeunes migrants.
Au-delà du sort immédiat des occupants de l’église Saint-Ferréol, c’est toute la problématique de l’accueil et de la prise en charge des mineurs non accompagnés qui se trouve à nouveau sous les projecteurs. Un dossier épineux, qui met en lumière les failles du système d’évaluation et d’accompagnement de ces jeunes en quête d’un avenir meilleur.
Un combat loin d’être terminé
Si l’occupation de l’église Saint-Ferréol a permis de braquer les projecteurs sur la situation des jeunes migrants à Marseille, le combat est loin d’être gagné. Les militants et les exilés attendent désormais des gestes forts de la part des pouvoirs publics.
Au-delà de l’urgence de la situation marseillaise, c’est tout le système de prise en charge des mineurs non accompagnés qui mériterait d’être repensé. Car derrière chaque jeune exilé se cache un parcours singulier, des rêves et des espoirs qu’une société digne de ce nom se doit d’entendre et d’accompagner.