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Marseille : Des Migrants Mineurs Occupent Une Église Pour Protester

À Marseille, une cinquantaine de migrants se disant mineurs occupent une église du Vieux-Port depuis samedi pour protester contre l'expulsion annoncée de quatre squats. Soutenus par des militants, ils contestent leur détermination comme majeurs malgré leurs déclarations. Le diocèse semble soutenir cette démarche, comme lors d'une précédente occupation en 2017. Quels seront les prochains développements ?

Depuis le week-end dernier, l’église Saint-Ferréol sur le Vieux-Port de Marseille est le théâtre d’une mobilisation inhabituelle. Une cinquantaine de migrants y ont trouvé refuge, transformant ce lieu de culte en un espace de contestation. Leur revendication : être reconnus comme mineurs et échapper ainsi à l’expulsion de quatre squats marseillais, qui menace selon les militants environ 150 personnes.

Des jeunes exilés en quête de reconnaissance

Au cœur de cette occupation se trouvent des jeunes exilés dont le statut fait débat. Se présentant comme des mineurs non accompagnés (MNA), ils auraient pourtant été considérés comme majeurs par le conseil départemental, organisme chargé de l’accompagnement des MNA. En désaccord avec cette décision, ils ont entamé des recours pour faire valoir leur minorité et bénéficier ainsi d’une meilleure protection.

« Ce sont des jeunes exilés qui n’ont pas été considérés comme mineurs non accompagnés (MNA), mais comme majeurs, et qui sont en recours », explique Anouk, une militante impliquée dans cette mobilisation. Elle souligne le décalage entre les déclarations de ces jeunes et l’évaluation réalisée par les autorités.

Un soutien militant et religieux

Cette occupation ne se fait pas sans appuis. Les migrants peuvent compter sur l’engagement de nombreux militants, qui dénoncent la précarité de leur situation et les risques liés à leur expulsion. Mais au-delà de la sphère militante, c’est aussi le diocèse de Marseille qui semble apporter son soutien à cette démarche.

« Nous avons le soutien du diocèse dans notre démarche », affirme Anouk.

Si le diocèse n’a pas officiellement confirmé cette position, un précédent datant de 2017 laisse penser que l’institution religieuse n’est pas opposée à ce type d’action. À l’époque, une quarantaine de migrants avaient déjà occupé l’église Saint-Ferréol pendant 48 heures, avec l’aval du recteur de l’église.

Les enjeux d’une situation complexe

Au-delà du cas spécifique de ces jeunes exilés, cette occupation met en lumière les défis liés à la prise en charge des mineurs non accompagnés. L’évaluation de la minorité, basée sur des critères administratifs et médicaux, est régulièrement remise en question par les associations de défense des migrants. Elles pointent les failles d’un système qui peine à garantir la protection des plus vulnérables.

Cette mobilisation interroge aussi sur les alternatives à l’expulsion des squats. Si ces lieux offrent souvent des conditions de vie précaires, ils constituent néanmoins un refuge pour de nombreuses personnes en situation irrégulière. Leur fermeture, sans solution de relogement pérenne, risque d’aggraver la précarité des occupants.

Une issue incertaine

Alors que l’occupation de l’église Saint-Ferréol se poursuit, l’issue de cette mobilisation reste incertaine. Les jeunes exilés et leurs soutiens espèrent obtenir une réévaluation de leur situation et un accompagnement adapté à leur minorité déclarée. Mais au-delà de ces cas individuels, c’est tout le système de prise en charge des mineurs non accompagnés qui est questionné.

Cette occupation insolite d’un lieu de culte marseillais met en lumière les failles d’une politique migratoire souvent débordée par l’ampleur des défis à relever. Entre impératifs humanitaires et contraintes administratives, trouver le juste équilibre relève d’une gageure. Et au cœur de ces enjeux, ce sont des destins individuels qui se jouent, ceux de jeunes en quête d’un avenir meilleur, loin des périls de leurs terres natales.

Reste à savoir si leur voix sera entendue et si cette mobilisation atypique portera ses fruits. Une chose est sûre : la situation de ces jeunes exilés ne peut laisser indifférent. Elle nous renvoie à notre responsabilité collective face à ceux qui, poussés par la nécessité, viennent chercher refuge sur notre sol. Une responsabilité qui, au-delà des clivages politiques, engage notre humanité.

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