C’est un véritable coup de théâtre qui vient de se produire dans la course à la tête de l’OTAN. Alors que beaucoup voyaient le président roumain Klaus Iohannis comme un sérieux prétendant au poste de secrétaire général de l’Alliance atlantique, celui-ci a finalement annoncé le retrait de sa candidature ce jeudi. Une décision qui laisse désormais le champ libre au premier ministre néerlandais Mark Rutte pour succéder à l’actuel secrétaire général Jens Stoltenberg dont le mandat s’achève le 1er octobre prochain.
Un retrait surprise mais logique
L’annonce du retrait de Klaus Iohannis a surpris plus d’un observateur. Le dirigeant roumain avait en effet dévoilé ses ambitions en mars dernier, affirmant vouloir incarner le flanc oriental de l’OTAN dans un contexte de tensions accrues avec la Russie. Un positionnement qui semblait pertinent au vu de la situation stratégique de la Roumanie, pays frontalier de l’Ukraine et de la Moldavie, non-membres de l’Alliance.
Mais force est de constater que malgré le sérieux de sa candidature, Klaus Iohannis n’a pas réussi à convaincre les 31 autres pays membres de l’OTAN. Seule la Hongrie de Viktor Orban lui avait apporté son soutien avant de se rallier à son tour à Mark Rutte mardi dernier. Face au large consensus qui semblait se dégager en faveur du premier ministre néerlandais, le retrait de Klaus Iohannis apparaît donc comme une décision logique et réaliste.
Mark Rutte, l’homme de la situation ?
Si la nomination de Mark Rutte à la tête de l’OTAN semble désormais acquise, elle soulève néanmoins certaines interrogations. Âgé de 57 ans, le premier ministre néerlandais dispose certes d’une solide expérience politique avec 13 ans passés à la tête de son pays. Mais son profil de libéral pro-européen tranche avec celui, plus atlantiste, de son prédécesseur norvégien Jens Stoltenberg.
Mark Rutte incarne une nouvelle génération de dirigeants européens qui souhaitent renforcer l’autonomie stratégique de l’UE sans pour autant remettre en cause l’importance de l’OTAN.
Un diplomate européen cité par Politico
Certains s’inquiètent également de voir un ressortissant d’Europe de l’Ouest prendre la tête de l’OTAN alors que les principaux défis sécuritaires se situent désormais à l’Est, aux portes de la Russie. La candidature de Klaus Iohannis avait justement pour but de donner un signal fort en ce sens.
Les défis du prochain secrétaire général
Quoi qu’il en soit, le prochain secrétaire général de l’OTAN aura fort à faire pour relever les nombreux défis auxquels est confrontée l’Alliance atlantique :
- Maintenir l’unité des pays membres face à la menace russe et aux tentatives de déstabilisation hybrides
- Poursuivre l’aide militaire à l’Ukraine tout en évitant une escalade avec Moscou
- Renforcer les capacités de défense et de dissuasion sur le flanc Est
- Définir une stratégie à long terme pour l’après-guerre en Ukraine
- Gérer les relations complexes avec des alliés “problématiques” comme la Turquie ou la Hongrie
Autant de sujets brûlants qui seront certainement au cœur des discussions lors du prochain sommet de l’OTAN prévu en juillet à Washington. Un rendez-vous crucial qui devrait acter la nomination de Mark Rutte et donner le “la” de son mandat.
Quelles que soient les qualités du futur secrétaire général, une chose est sûre : sous le mandat de Jens Stoltenberg qui s’achève, l’OTAN a retrouvé une importance cruciale face à la guerre en Ukraine. Il s’agira désormais de consolider ce regain de légitimité tout en adaptant l’Alliance aux nouveaux enjeux géostratégiques du XXIe siècle. Un défi colossal pour lequel Mark Rutte semble avoir les faveurs des États membres. Réponse définitive en juillet donc.