C’est un séisme dans le monde des parcs d’attractions animaliers. Marineland, institution emblématique de la Côte d’Azur et plus grand parc marin d’Europe, vient d’annoncer sa fermeture définitive à compter du 5 janvier 2025. Une décision qui fait suite à l’adoption en 2021 de la loi visant à lutter contre la maltraitance animale et interdisant les spectacles de cétacés. Un coup dur pour le parc antibois, qui n’a pas trouvé d’alternative viable pour l’avenir de ses pensionnaires.
Le bien-être animal, priorité du législateur
Depuis plusieurs années, les parcs aquatiques et delphinariums font l’objet de vives critiques de la part des associations de protection animale. En cause, les conditions de captivité des mammifères marins, jugées inadaptées à leurs besoins biologiques et comportementaux. Face à cette pression grandissante, le législateur a fini par trancher. La loi du 30 novembre 2021 interdit désormais l’acquisition et la reproduction des cétacés à des fins commerciales, sonnant le glas des spectacles de dauphins et d’orques dans l’Hexagone.
Une transition difficile pour Marineland
Pour Marineland, qui accueillait jusqu’à 1,2 million de visiteurs par an, c’est un véritable séisme. Le parc a bien tenté de s’adapter, en proposant de délocaliser ses orques au Japon, mais le projet a été retoqué par le ministère de la Transition écologique. Faute de solution pérenne, la direction a donc acté la fermeture définitive du site.
C’est avec une grande émotion et une profonde tristesse que Marineland est contraint d’envisager de fermer définitivement le zoo marin.
La direction de Marineland
Une décision qui ne manque pas de susciter des interrogations quant au devenir des animaux. D’après une source proche du dossier, des discussions seraient en cours avec les autorités compétentes pour trouver des solutions d’accueil adaptées, avec comme priorité le bien-être des pensionnaires. Mais le temps presse, l’échéance du 5 janvier approchant à grands pas.
Quel avenir pour les parcs aquatiques ?
Le cas Marineland n’est pas isolé. Partout en France, les delphinariums sont confrontés au même dilemme face à l’interdiction des spectacles de cétacés. Si certains misent sur une reconversion, à l’image du Parc Astérix qui a transformé son delphinarium en bassin de méduses géantes, d’autres peinent à trouver une issue favorable. Une situation préoccupante pour la filière, qui emploie plusieurs milliers de personnes et génère d’importantes retombées économiques.
Mais pour les défenseurs du bien-être animal, c’est une victoire sans appel. Selon une porte-parole d’une association engagée sur ces questions, cette fermeture marque un tournant historique et ouvre la voie à une nouvelle ère, où le respect de la faune sauvage primera sur les considérations marchandes. Une opinion loin d’être partagée par tous, certains y voyant une atteinte à l’attractivité touristique du pays.
Des conséquences en cascade
Au-delà de la question des parcs aquatiques, c’est tout un pan de l’économie locale qui pourrait être affecté par ces fermetures. Hôtels, restaurants, commerces… De nombreux acteurs dépendent en effet directement ou indirectement de l’activité de ces sites touristiques majeurs. Un manque à gagner potentiellement considérable, dans des territoires déjà fragilisés par la crise sanitaire.
Face à ces inquiétudes, les pouvoirs publics tentent de rassurer. Le ministère du Tourisme a ainsi annoncé la mise en place d’un plan d’accompagnement spécifique, visant à soutenir la reconversion des parcs impactés et à préserver l’emploi local. Des mesures jugées insuffisantes par certains élus locaux, qui craignent un effet domino sur tout le tissu économique.
Une prise de conscience collective
Au-delà des considérations économiques, la fermeture de Marineland pose la question de notre rapport à la nature et aux animaux. Pendant des décennies, les parcs aquatiques ont fasciné petits et grands, véhiculant une image idyllique de communion avec la faune marine. Mais derrière les sourires et les acrobaties, se cachait souvent une réalité bien plus sombre, faite de bassins exigus et de dressage intensif.
En actant l’interdiction des spectacles de cétacés, la France fait le choix d’une autre voie, plus respectueuse du vivant. Une prise de conscience collective, qui témoigne d’une évolution profonde des mentalités. Désormais, la priorité n’est plus au divertissement à tout prix, mais bien à la préservation de la biodiversité et au respect du bien-être animal.
Reste à savoir si cette tendance se confirmera dans la durée, et si elle saura s’imposer face aux impératifs économiques. Une chose est sûre, la fermeture de Marineland marque un tournant historique, et ouvre la voie à une profonde remise en question de notre rapport à la nature. A nous de saisir cette opportunité pour construire un modèle plus durable et plus éthique, où l’homme et l’animal pourront coexister en harmonie.