Alors que la censure du gouvernement de Michel Barnier se profile, Marine Tondelier, patronne des Écologistes, tente de reprendre la main à gauche. Dans une lettre adressée mercredi aux chefs des partis ayant participé au « front républicain » contre l’extrême droite aux législatives, elle appelle à « retrouver cet esprit à l’Assemblée en refusant toute compromission avec le RN ». Un rassemblement large, mais qui exclut volontairement Les Républicains.
Construire des « majorités de texte » sans LR
L’élue opposition à Hénin-Beaumont veut croire qu’il est « possible de dégager des majorités de texte » sur les « préoccupations majeures » des Français. Cela doit commencer selon elle par « se donner un cadre budgétaire crédible et solidaire pour 2025 » et trouver des réponses « aux urgences sociales, économiques et écologiques ». Mais ce large « front » devra se passer des Républicains, Marine Tondelier rappelant que le parti de droite n’avait pas systématiquement retiré ses candidats pour faire barrage au RN au second tour des législatives.
Tondelier veut un Premier ministre issu du NFP
Si la secrétaire nationale des Écologistes se dit prête à des compromis, elle estime toutefois qu’Emmanuel Macron doit se tourner vers un Premier ministre issu des rangs du Nouveau Front populaire (NFP) pour « se conformer aux résultats des élections législatives ». Une position qui tranche avec celle de Jean-Luc Mélenchon, qui souhaite pousser le président de la République à la démission.
Divisions à gauche sur la stratégie
L’initiative de Marine Tondelier illustre les divergences stratégiques qui traversent la gauche face à la situation de blocage actuelle. Là où LFI veut aller au bras de fer frontal avec l’exécutif, le reste de la gauche se montre plus prudent et ouvert au dialogue. Pour l’heure, seul le président du PRG Guillaume Lacroix s’est félicité de la « démarche sincère et constructive » de la cheffe écologiste.
Tout ce qui concourt au front républicain et à une solution d’urgence pour la France est bienvenu.
Guillaume Lacroix, président du PRG
Une popularité en hausse pour Tondelier
Profitant d’un gain de notoriété depuis la dissolution de l’Assemblée, Marine Tondelier entend bien s’imposer comme une figure incontournable à gauche en vue de la présidentielle 2027. Habile communicante, elle a su se démarquer par un discours pragmatique, cherchant à occuper un espace politique entre un PS en perte de vitesse et une LFI clivante.
Mais avec seulement 28 députés, son parti ne pèse pas lourd face aux Insoumis et aux socialistes. Sa stratégie de « front républicain » élargi sera-t-elle payante ? Réussira-t-elle à faire émerger une troisième voie à gauche ? Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour celle qui incarne un certain renouveau écologiste.
Le spectre d’une crise politique majeure
En cas d’échec des diverses tentatives de la gauche pour résoudre le blocage actuel, c’est le scénario d’une dissolution de l’Assemblée qui pourrait s’imposer. Un pari risqué pour Emmanuel Macron, alors que la montée des extrêmes se confirme sondage après sondage. Marine Tondelier et les partisans d’un dialogue ont-ils la clé pour désamorcer cette bombe à retardement politique ? Réponse dans les prochains jours.