C’est une déclaration qui a pris tout le monde de court. Ce mardi 16 juillet, Marine Le Pen a rendu hommage aux victimes de la rafle du Vel d’Hiv en soulignant, pour la première fois, qu’elle avait été ordonnée par “les autorités françaises”. Un revirement historique pour la leader d’extrême droite qui, jusqu’alors, niait la responsabilité de la France dans cette tragédie.
Une reconnaissance tardive mais symbolique
Dans un message publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), Marine Le Pen a écrit : “Le 16 juillet 1942, les autorités françaises balafraient la France en ordonnant l’infâme rafle du Vel d’Hiv.” Des propos en rupture totale avec ses précédentes déclarations. En effet, en 2017, elle avait suscité une vive polémique en affirmant que “la France n’est pas responsable du Vel d’Hiv”.
Ce changement de position marque un tournant dans la stratégie de Marine Le Pen vis-à-vis de la communauté juive. Depuis plusieurs mois, elle multiplie les gestes d’ouverture, notamment en participant à une marche contre l’antisémitisme en novembre dernier à Paris. Une volonté de se dédiaboliser et de gagner en crédibilité sur la scène politique nationale.
La rafle du Vel d’Hiv, une page sombre de l’histoire française
Pour rappel, la rafle du Vélodrome d’Hiver, qui s’est déroulée les 16 et 17 juillet 1942, reste l’une des pages les plus sombres de l’histoire de France. Plus de 13 000 Juifs, dont près de 4 000 enfants, avaient été arrêtés par la police française sur ordre des nazis. Parqués dans des conditions inhumaines au Vélodrome d’Hiver, ils avaient ensuite été déportés vers les camps d’extermination.
Les victimes de cette tragédie n’appartiennent pas qu’à l’Histoire. Leur supplice et leur mémoire nous rappellent que le fléau de l’antisémitisme n’a pas disparu.
– Marine Le Pen
Un long chemin vers la reconnaissance de la responsabilité française
Il aura fallu attendre le discours historique de Jacques Chirac en 1995 pour que l’État français reconnaisse officiellement sa responsabilité dans la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Avant lui, les présidents Charles de Gaulle et François Mitterrand avaient toujours nié l’implication de la France, préférant pointer du doigt la seule responsabilité de l’occupant nazi et du régime de Vichy.
La déclaration de Marine Le Pen s’inscrit donc dans la continuité de ce processus de reconnaissance entamé il y a près de 30 ans. Mais au-delà des mots, c’est un véritable travail de mémoire et de lutte contre l’antisémitisme qui doit être mené au quotidien. Car comme le souligne la présidente du Rassemblement National, ce fléau “se repaît aujourd’hui de discours de haine d’une extrême gauche et des islamistes qui ont pris pour cible nos compatriotes juifs”.
Un geste fort mais des questions en suspens
Si la reconnaissance par Marine Le Pen de la responsabilité française dans la rafle du Vel d’Hiv constitue indéniablement une avancée, certaines questions demeurent. Ce revirement est-il sincère ou purement stratégique ? La leader d’extrême droite a-t-elle réellement pris conscience de la portée de ses propos passés ou cherche-t-elle simplement à redorer son image en vue des prochaines échéances électorales ?
Seul l’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : la mémoire des victimes de la Shoah mérite mieux que des déclarations de circonstance. Elle exige un engagement sans faille dans la lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme et de discrimination. Un combat de chaque instant qui doit transcender les clivages politiques et mobiliser toute la société.
Car n’oublions jamais les leçons de l’Histoire. La rafle du Vel d’Hiv nous rappelle à quel point la haine et l’intolérance peuvent conduire à l’innommable. Elle doit rester à jamais gravée dans nos mémoires, comme un avertissement pour les générations futures. Afin que plus jamais, nous ne laissions l’obscurantisme et la barbarie triompher de nos valeurs humanistes.