Alors que les nuages s’amoncellent au-dessus de l’Élysée, Marine Le Pen semble déjà préparer la prochaine bataille. Dans une interview accordée récemment, la cheffe de file du Rassemblement National a déclaré se tenir prête pour une éventuelle élection présidentielle anticipée, estimant qu’Emmanuel Macron est « fini ou presque ».
Un président fragilisé, une opposante aux aguets
La nomination dans la douleur de François Bayrou à Matignon après un bras de fer médiatisé avec le président a laissé des traces. Pour Marine Le Pen, c’est le signe qu’Emmanuel Macron « a même perdu son pouvoir de nomination du premier ministre ».
L’ancienne candidate à la présidentielle énumère les facteurs de déstabilisation qui pourraient, selon elle, pousser le chef de l’État à abréger son mandat : divisions au sein de la majorité, tensions persistantes dans le couple exécutif, pression des marchés financiers…
Il y a beaucoup de raisons qui pourraient pousser Emmanuel Macron à mettre fin à son mandat.
Marine Le Pen, dans une interview
Une opposition prête à en découdre
De son côté, Marine Le Pen ne cache pas ses ambitions. Empêchée de se présenter en 2027 si la justice prononce son inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires européens, elle mise sur un retour anticipé aux urnes.
D’après des sources proches de la députée du Pas-de-Calais, le Rassemblement National se tient prêt à toute éventualité. Les cadres du parti multiplient les réunions stratégiques et affûtent leurs arguments en vue d’une potentielle campagne éclair.
Un scenario de plus en plus crédible ?
Si une présidentielle anticipée n’est pour l’heure qu’une hypothèse, elle semble gagner en crédibilité à mesure que les difficultés s’accumulent pour l’exécutif. Entre une majorité relative à l’Assemblée, des réformes enlisées et une cote de popularité en berne, Emmanuel Macron pourrait être tenté de jouer son va-tout.
Du côté des oppositions, l’appel du scrutin national se fait aussi de plus en plus pressant. Jean-Luc Mélenchon a plusieurs fois réclamé une dissolution, tandis qu’à droite, les ambitions présidentielles s’aiguisent.
Si Emmanuel Macron n’est plus en mesure de gouverner, qu’il dissolve l’Assemblée et qu’il en appelle au peuple.
Jordan Bardella, président du RN
Quel calendrier pour une présidentielle anticipée ?
Si le chef de l’État venait à démissionner, un nouveau scrutin devrait être organisé dans les 20 à 35 jours. Un délai très court qui laisserait peu de temps aux prétendants pour faire campagne.
Marine Le Pen mise-t-elle sur l’effet de surprise pour l’emporter cette fois-ci ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre, au vu de ses dernières déclarations : elle sera sur la ligne de départ si la course à l’Élysée venait à s’ouvrir prématurément. Reste à savoir si Emmanuel Macron, acculé, choisira ou non d’abréger son mandat. L’hypothèse, encore improbable il y a quelques mois, semble chaque jour un peu moins farfelue.
Quoi qu’il en soit, les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir politique du pays. Entre contestations internes et pressions extérieures, l’exécutif n’a que peu de marge de manœuvre. Et Marine Le Pen compte bien profiter de la moindre faille pour s’engouffrer vers l’Élysée. Le duel Macron-Le Pen, acte III, se prépare-t-il en coulisses ?