Le débat autour du projet de Budget 2025 s’envenime, la présidente du groupe du Rassemblement National à l’Assemblée nationale Marine Le Pen montant au créneau pour dénoncer des concessions gouvernementales qui ne seraient pas financées et risqueraient d’aggraver encore un lourd déficit.
Des annonces fiscales et sociales non compensées ?
Interrogée sur les récentes déclarations du premier ministre Michel Barnier concernant une modération de la hausse prévue des taxes sur l’électricité et une révision à la baisse des allègements de charges sociales pour les entreprises, la cheffe de file des députés RN n’a pas mâché ses mots :
Les dernières annonces de Michel Barnier ne sont pas financées par des économies structurelles. Elles aggravent donc un déficit déjà abyssal et ça n’est pas acceptable.
D’après une source proche du parti, ces mesures non compensées, évaluées à plusieurs milliards d’euros, risquent de creuser encore davantage le déficit public dans un contexte économique et financier déjà tendu.
Vers une crise financière majeure ?
Marine Le Pen va même plus loin, pronostiquant de graves conséquences si rien n’était fait pour rectifier le tir :
En l’état, le budget de M. Barnier va précipiter la crise financière générée par sept ans de macronisme, dont les défaillances d’entreprises, la hausse du chômage et les tensions sur les marchés financiers ne sont que les prémices.
Des indicateurs économiques dégradés que le gouvernement ne semble pas prendre suffisamment au sérieux selon la patronne du RN, qui appelle à davantage de responsabilité et de rigueur budgétaire.
Menace de censure en cas de 49.3
Alors que la possibilité d’un recours par l’exécutif à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution pour faire adopter sans vote son budget de la Sécurité sociale est évoquée avec insistance, Marine Le Pen a d’ores et déjà prévenu :
Si le gouvernement devait passer en force sur ce texte en engageant sa responsabilité, nous n’hésiterions pas une seconde à voter une motion de censure.
Un avertissement on ne peut plus clair envoyé à Matignon et à Bercy, alors que se profile une semaine décisive pour les finances publiques du pays. L’opposition entend bien utiliser tous les leviers à sa disposition pour peser sur les arbitrages budgétaires.
Un bras de fer politique
Au-delà des enjeux financiers, c’est aussi une véritable partie de poker menteur qui se joue entre le gouvernement et les différents groupes parlementaires. Chacun avance ses pions, teste les limites de l’autre, dans l’espoir de marquer des points auprès de l’opinion.
Mais avec une croissance atone, une inflation persistante et une dette publique record, difficile de contenter tout le monde sans risquer de faire dérailler encore davantage des comptes publics déjà mal en point.
Le gouvernement Barnier marche donc sur des œufs budgétaires, pris en étau entre des oppositions remontées et des marchés financiers à cran. L’équation s’annonce compliquée à résoudre, et les prochains jours s’annoncent agités dans les travées du Palais Bourbon comme dans les couloirs de Bercy.
Une chose est sûre : ce Budget 2025 promet d’être scruté comme jamais. Car au-delà des habituelles passes d’armes politiques, c’est bien la trajectoire économique et sociale du pays pour les prochaines années qui est en jeu. Un rendez-vous crucial à ne pas manquer, aux lourdes conséquences potentielles.