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Mariage autorisé malgré une condamnation pour pédophilie

A Béziers, un couple franco-gabonais avec 43 ans d'écart et un passé de pédophilie obtient le feu vert pour se marier. Le ministère public n'a pu prouver une motivation étrangère à l'union, malgré une première condamnation pour tentative de mariage blanc et une interdiction de territoire de 5 ans pour la mariée. La justice passe outre les critères d'âge et de passé judiciaire. Mariage d'amour ou stratagème ? Le débat est ouvert.

À Béziers, un couple franco-gabonais fait parler de lui. Leur histoire d’amour peu banale vient de franchir un cap décisif : la justice a donné son feu vert pour leur mariage, levant la suspension qui planait depuis des mois. Pourtant, plusieurs éléments intriguent dans ce dossier inhabituel.

Un lourd passif judiciaire et une grande différence d’âge

Tout d’abord, l’homme de 76 ans, de nationalité française, a un casier judiciaire chargé. En 2020, il a été condamné pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans, un fait particulièrement grave. Sa future épouse, une Gabonaise de 32 ans, a quant à elle déjà été condamnée en juin dernier à 2 mois de prison avec sursis pour tentative de mariage blanc, assortis d’une interdiction du territoire français pendant 5 ans. Le couple a fait appel de cette décision et attend une nouvelle audience.

Mais au-delà de ce passé judiciaire préoccupant, c’est aussi leur différence d’âge de 43 ans qui soulève des questions. La jeune femme est arrivée en France en 2022 avec un visa espagnol pour rencontrer son futur mari, avec qui elle échangeait sur Internet depuis 2018. Depuis, elle n’est pas retournée au Gabon où vit sa famille, notamment sa fille de 7 ans.

La justice donne son feu vert malgré les doutes

En première instance en juin, le tribunal avait prononcé les condamnations du couple « malgré l’affirmation de la sincérité de leur volonté matrimoniale ». Mais 5 mois plus tard, la justice civile en a décidé autrement en autorisant finalement le mariage.

Pour le juge, le Ministère public n’a pas apporté la preuve certaine que l’un des deux futurs époux poursuit exclusivement un but étranger au mariage.

La différence d’âge de 43 ans est considérée comme relevant « d’une simple appréciation morale » et ne peut à elle seule jeter le doute sur les intentions réelles des fiancés. La justice semble donc passer outre plusieurs critères troublants : l’écart générationnel important, l’éloignement de la mariée de sa famille restée au pays, la situation irrégulière de cette dernière en France et surtout le lourd passif pénal du marié.

Un véritable projet de vie commune ou un stratagème ?

Doit-on voir dans cette union un authentique projet de vie à deux, basé sur des sentiments sincères ? Ou plutôt un arrangement visant à régulariser la situation administrative précaire de la future épouse, qui pourrait bénéficier d’un titre de séjour une fois mariée à un Français ?

Difficile de trancher avec certitude, mais ce cas d’espèce pose question. La condamnation récente de l’homme pour des faits de pédophilie et la grande différence d’âge du couple laissent planer le doute. Même si la justice n’a pas considéré ces éléments comme des preuves suffisantes pour s’opposer au mariage.

Cette histoire illustre toute la complexité du contrôle des mariages binationaux, entre respect de la liberté individuelle de se marier et vigilance face aux dérives. Un équilibre délicat à trouver pour les autorités, au cas par cas. Affaire à suivre donc, en attendant la décision de la cour d’appel sur les condamnations des deux tourtereaux pour tentative de mariage blanc. Le feuilleton judiciaire et médiatique n’est sans doute pas terminé.

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