Imaginez une femme de 47 ans, issue d’une famille d’élites parisiennes, qui gravit les échelons de la haute fonction publique avant de conquérir le sommet d’une grande banque européenne. Cette femme, c’est Marguerite Bérard, première Française à prendre les rênes d’ABN Amro, une institution néerlandaise au passé tumultueux. Son parcours, mêlant rigueur académique, sens politique et pragmatisme, intrigue autant qu’il inspire. Comment une énarque, formée dans les cabinets ministériels, est-elle devenue une figure incontournable du monde bancaire ?
Un Parcours d’Excellence au Service de l’Ambition
Née en 1977 dans une famille où l’excellence est une tradition, Marguerite Bérard grandit entourée d’une mère banquière et d’un père préfet. Ce cadre prédispose à une carrière hors norme. Après des études brillantes à Sciences-Po et un master à Princeton, elle intègre l’ENA, où elle sort major de la promotion Léopold Sédar Senghor, devançant même un certain futur président. Ce n’est pas seulement un diplôme : c’est une porte ouverte vers les cercles du pouvoir.
Son entrée dans la haute fonction publique marque le début d’une ascension fulgurante. À l’Inspection des finances, elle affine son sens de l’analyse. Puis, sous Nicolas Sarkozy, elle devient conseillère à l’Élysée, avant de diriger le cabinet de Xavier Bertrand, ministre du Travail. Son style ? Une fermeté tempérée par une chaleur humaine, loin des stéréotypes du technocrate déconnecté.
« Derrière sa fermeté, c’est une manageuse chaleureuse qui ne ressemble pas à un robot technocratique : elle n’est pas hors-sol. »
Un proche collaborateur
Une Transition Audacieuse vers le Privé
En 2012, la victoire de François Hollande pousse Marguerite Bérard à quitter la sphère publique. Elle rejoint alors BPCE, un géant bancaire regroupant Banques Populaires et Caisses d’Épargne. Là, elle se distingue comme directrice générale adjointe, en charge de la stratégie. Ce rôle, loin d’être un simple tremplin, lui permet de prouver sa capacité à naviguer dans des environnements complexes.
Sept ans plus tard, en 2019, elle bascule chez BNP Paribas pour diriger le réseau commercial en France. Ce poste, moins prestigieux que d’autres au sein du groupe, est un défi de taille : le réseau souffre d’une informatique vieillissante et d’une rentabilité en berne. Pourtant, Marguerite Bérard s’y investit pleinement, mettant, comme le disent ses proches, « les mains dans le cambouis ».
Son départ soudain en mars 2024 surprend. Après cinq ans chez BNP Paribas, elle semble chercher un nouveau défi. Certains y voient une ambition contrariée : le poste de directeur général, occupé par Jean-Laurent Bonnafé, reste hors de portée. Mais ce départ n’est pas une fin ; c’est le prélude à une nomination historique.
ABN Amro : Un Nouveau Chapitre Européen
En avril 2025, Marguerite Bérard est nommée à la tête d’ABN Amro, devenant la première Française à diriger une grande banque européenne. Cette nomination, entérinée lors de l’assemblée générale des actionnaires, marque un tournant pour l’institution néerlandaise. ABN Amro, nationalisée en 2008 après la crise financière, est à un moment charnière : le gouvernement néerlandais prévoit de réduire sa participation à 30 %. Dans ce contexte, le pragmatisme et la capacité à forger des consensus de Marguerite Bérard sont des atouts précieux.
Les défis qui l’attendent sont nombreux. La banque doit moderniser ses infrastructures, renforcer sa compétitivité et naviguer dans un paysage économique européen incertain. Pourtant, Marguerite Bérard aborde ce rôle avec sérénité. « Je suis honorée de diriger cette banque dans les années à venir », déclare-t-elle, soulignant son engagement à relever ces défis.
Les clés de sa réussite ? Une intelligence stratégique, une capacité à fédérer et une détermination sans faille.
Un Leadership Ancré dans le Pragmatisme
Ce qui distingue Marguerite Bérard, c’est son style de leadership. Loin des clichés du dirigeant autoritaire, elle privilégie le dialogue et la collaboration. Ses anciens collaborateurs louent sa capacité à écouter tout en restant ferme sur ses objectifs. « Elle peut être d’une dureté… russe », plaisante un proche, en référence à ses origines maternelles. Cette dualité – charme et détermination – fait d’elle une figure respectée.
Son pragmatisme se manifeste aussi dans sa gestion des crises. Chez BNP Paribas, elle a su redresser des segments en difficulté grâce à une approche méthodique. À ABN Amro, elle devra appliquer cette même rigueur pour accompagner la transition de la banque vers une structure plus indépendante.
Une Femme aux Multiples Facettes
Marguerite Bérard n’est pas seulement une banquière. Mère de deux enfants, elle a publié deux ouvrages : Le Siècle d’Assia, qui retrace l’histoire de son grand-père, et Oligarque, un thriller politico-financier coécrit sous pseudonyme. Ces projets révèlent une personnalité curieuse, capable de jongler entre des univers variés.
Sur LinkedIn, elle partage des recommandations de livres, de films ou même des recettes de cookies, montrant une facette accessible. Pourtant, certains lui reprochent une approche parfois calculée dans ses relations, où l’ambition semble primer. « Elle est fidèle en amitié, mais ses relations sont rarement désintéressées », confie un proche.
Les Défis d’une Pionnière
Diriger ABN Amro n’est pas une mince affaire. La banque, encore marquée par la crise de 2008, doit regagner la confiance des investisseurs tout en innovant dans un secteur en mutation. Marguerite Bérard devra également s’adapter à la culture néerlandaise, un défi qu’elle prépare en apprenant la langue. Sa réussite dépendra de sa capacité à conjuguer rigueur française et consensus à la néerlandaise.
Pour y parvenir, elle s’appuie sur des influences intellectuelles solides. Fan de Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie qu’elle a côtoyé à Princeton, elle applique ses théories sur la prise de décision dans ses stratégies. Cette approche analytique, combinée à son intuition, pourrait redéfinir l’avenir d’ABN Amro.
Une Inspiration pour le Leadership Féminin
La nomination de Marguerite Bérard est plus qu’un symbole : elle brise un plafond de verre dans un secteur encore dominé par les hommes. À BNP Paribas, le comité exécutif reste exclusivement masculin. En prenant la tête d’ABN Amro, elle ouvre la voie à d’autres femmes, prouvant que le leadership bancaire n’est pas réservé à une élite masculine.
Son parcours illustre aussi les sacrifices inhérents à une telle carrière. Elle a elle-même reconnu avoir parfois négligé sa vie personnelle au profit de ses ambitions. Pourtant, son histoire montre qu’il est possible de conjuguer excellence professionnelle et engagement humain.
Étape | Rôle | Impact |
---|---|---|
ENA (2002) | Major de promotion | Accès aux cercles du pouvoir |
Élysée (2007-2010) | Conseillère | Influence sur les politiques publiques |
BPCE (2012-2019) | Directrice générale adjointe | Modernisation stratégique |
BNP Paribas (2019-2024) | Directrice réseau France | Redressement du réseau commercial |
ABN Amro (2025) | Directrice générale | Transition vers l’indépendance |
Quel Avenir pour ABN Amro ?
L’avenir d’ABN Amro repose sur la capacité de Marguerite Bérard à transformer les défis en opportunités. La réduction de la participation de l’État néerlandais offre une chance de repositionner la banque sur l’échiquier européen. Mais cela exige des investissements stratégiques, une modernisation technologique et une culture d’entreprise renouvelée.
Son expérience chez BPCE et BNP Paribas lui donne une longueur d’avance. Elle a prouvé sa capacité à gérer des transformations complexes tout en maintenant la cohésion des équipes. À ABN Amro, elle devra également s’appuyer sur une communication transparente pour rassurer les actionnaires et les clients.
Un Modèle pour la Nouvelle Génération
Marguerite Bérard incarne une nouvelle génération de dirigeants : des leaders qui allient compétence technique, vision stratégique et humanité. Son parcours, bien que marqué par des sacrifices, montre qu’il est possible de briser les barrières dans des secteurs compétitifs. Pour les jeunes femmes aspirant à des postes de direction, elle est une source d’inspiration.
Son histoire rappelle aussi l’importance de l’équilibre. En partageant ses regrets d’avoir parfois privilégié sa carrière, elle invite à repenser la notion de succès. Peut-on tout avoir ? Son exemple suggère que oui, à condition de faire preuve de résilience et de créativité.
Marguerite Bérard : une femme qui redéfinit le leadership bancaire.
En conclusion, Marguerite Bérard n’est pas seulement la première Française à diriger une grande banque européenne. Elle est une pionnière qui, par son intelligence, son pragmatisme et sa capacité à fédérer, trace une nouvelle voie pour le secteur bancaire. À ABN Amro, elle a l’opportunité de laisser une empreinte durable, non seulement pour la banque, mais pour toute une génération de leaders. Son histoire, riche et nuancée, nous rappelle que le succès est à la croisée de l’ambition, du travail et de l’humanité.