Dimanche dernier, les rues de La Haye se sont transformées en un océan de rouge. Des milliers de personnes, unies par une cause commune, ont défilé pour interpeller le gouvernement néerlandais sur la situation à Gaza. Leur message était clair : il est temps d’agir face à ce qu’ils qualifient de génocide. Cette mobilisation, portée par des organisations comme Amnesty International et Oxfam, a marqué les esprits par son ampleur et sa détermination.
Une mobilisation d’ampleur à La Haye
Le cortège, vêtu de rouge symbolisant une ligne rouge à ne pas franchir, a traversé la ville jusqu’à la Cour internationale de justice (CIJ). Cette démarche n’était pas anodine : la CIJ, symbole de justice mondiale, a été le point d’arrivée d’une manifestation visant à dénoncer l’inaction face aux violences à Gaza. Les drapeaux palestiniens flottaient par centaines, accompagnés de slogans puissants comme « Stop au génocide ».
« Les habitants de Gaza ne peuvent pas attendre, et les Pays-Bas ont le devoir de faire tout leur possible pour arrêter le génocide. »
Organisateurs de la manifestation
Les pancartes brandies par les manifestants portaient des messages percutants : « Ne détournez pas le regard, faites quelque chose » ou encore « Silence quand les enfants dorment, pas quand ils meurent ». Ces mots, lourds de sens, reflètent une frustration grandissante face à la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
Un contexte politique tendu aux Pays-Bas
La manifestation intervient dans un contexte politique instable. Le gouvernement néerlandais, fragilisé par l’effondrement de sa coalition le 3 juin après le retrait d’un parti d’extrême droite, est sous pression. Les organisateurs ont saisi cette opportunité pour exiger des mesures concrètes, accusant les autorités de complicité par leur inaction. Ils reprochent au pays de ne pas user de son influence pour freiner les opérations militaires israéliennes.
Pour beaucoup, cette marche était une façon de rappeler aux dirigeants leurs responsabilités internationales. « Je suis ici parce que c’est peut-être la seule chose qu’on peut faire maintenant en tant que citoyen néerlandais, mais c’est quelque chose qu’on doit faire », confie Dodo Van Der Sluis, une retraitée de 67 ans, à l’AFP.
Un cri d’alarme face à la crise à Gaza
Le conflit à Gaza, ravivé par une offensive israélienne à la mi-mars après une trêve de deux mois, a causé des pertes humaines dramatiques. Selon les données du ministère de la Santé de Gaza, jugées fiables par l’ONU, plus de 54 600 Palestiniens, majoritairement des civils, ont perdu la vie. Côté israélien, l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a fait 1 218 morts, principalement des civils.
Chiffres clés du conflit :
- 54 600 morts palestiniens, majoritairement civils.
- 1 218 morts israéliens, principalement civils.
- Objectifs israéliens : anéantir le Hamas, libérer les otages, contrôler Gaza.
La CIJ, en janvier 2024, avait déjà appelé Israël à prévenir tout acte de génocide. Plus récemment, en mai, le chef des opérations humanitaires de l’ONU a exhorté les dirigeants mondiaux à agir. Ces appels, bien que symboliques, n’ont pas encore conduit à un cessez-le-feu durable.
Une mobilisation historique
La manifestation de dimanche n’était pas un événement isolé. Une marche précédente, le 18 mai, avait rassemblé plus de 100 000 personnes, selon les organisateurs, ce qui en ferait la plus grande mobilisation aux Pays-Bas en deux décennies. Bien que la police n’ait pas fourni d’estimation pour l’événement de dimanche, les images d’un parc du centre-ville transformé en une mer rouge témoignent de l’ampleur du mouvement.
Les organisateurs ont su mobiliser une foule hétérogène, des jeunes aux retraités, des militants associatifs aux simples citoyens. Leur objectif : maintenir la pression sur les autorités pour qu’elles adoptent une position plus ferme face à la crise.
Le symbole de la ligne rouge
Le choix du rouge n’est pas anodin. Il incarne une limite morale et politique que les manifestants estiment franchie. En formant une « ligne rouge » jusqu’à la CIJ, ils ont voulu symboliser leur refus de l’impunité et leur exigence de justice. Ce geste visuel, fort et évocateur, a transformé la manifestation en un moment mémorable.
« Ça doit s’arrêter. Ça suffit. Je n’en peux plus. »
Dodo Van Der Sluis, manifestante
Pour les participants, cette ligne rouge représente également un appel à la solidarité internationale. Ils espèrent que leur action inspirera d’autres pays à revoir leur position sur le conflit.
Les défis d’une action internationale
Si la manifestation a su capter l’attention, la route vers un changement concret reste semée d’embûches. Les Pays-Bas, comme d’autres nations européennes, se retrouvent face à un dilemme : comment concilier leurs alliances diplomatiques avec les exigences d’une partie de leur population ? La chute récente du gouvernement complique encore davantage la prise de décisions audacieuses.
De plus, le conflit israélo-palestinien, par sa complexité, divise profondément les opinions. Si les manifestants dénoncent un génocide, d’autres voix rappellent les attaques du Hamas et les otages toujours détenus. Ce débat, souvent polarisé, rend difficile l’émergence d’un consensus.
Un mouvement qui ne faiblit pas
Malgré ces défis, le mouvement de solidarité avec Gaza ne montre aucun signe d’essoufflement. Les manifestations se multiplient à travers le monde, et La Haye semble devenir un épicentre de cette mobilisation en Europe. Les organisateurs promettent de continuer leurs actions jusqu’à ce que des mesures significatives soient prises.
« La justice ne peut attendre. »
Pour les habitants de Gaza, chaque jour sans solution est un jour de trop. Les manifestants de La Haye, par leur engagement, rappellent que l’indifférence n’est pas une option. Leur message, porté par une marée rouge, résonne comme un appel urgent à l’action.
