Le vent du changement souffle sur la diplomatie américaine. Lundi, jour même de l’investiture de Donald Trump, la commission des Affaires étrangères du Sénat a validé à l’unanimité la nomination du sénateur républicain Marco Rubio au poste stratégique de secrétaire d’État. Un vote en session plénière pourrait intervenir dès lundi soir, faisant de cet élu de Floride le premier membre confirmé de la nouvelle administration.
Un faucon aux commandes de la diplomatie
Âgé de 53 ans, Marco Rubio est un poids lourd du parti républicain. Habitué des plateaux télé, il s’est forgé une réputation de faucon en politique étrangère, n’hésitant pas à critiquer les régimes communistes de Cuba ou du Venezuela, pays d’origine de sa famille. Lors de son audition la semaine dernière, il a désigné sans ambages la Chine comme « l’adversaire le plus puissant et dangereux » de l’histoire américaine.
Son credo : mettre en œuvre le slogan « l’Amérique d’abord » cher à Donald Trump, au détriment du multilatéralisme prôné par l’administration sortante de Joe Biden. Un changement de paradigme qui aura des répercussions majeures sur l’échiquier géopolitique.
De la candidature avortée à la Maison-Blanche à la tête de la diplomatie
Ironie de l’histoire, Marco Rubio s’était porté candidat face à Donald Trump lors de la présidentielle de 2016. Perçu comme l’étoile montante d’un parti républicain plus modéré, il avait finalement jeté l’éponge. Mais les deux hommes ont depuis enterré la hache de guerre, comme en témoigne ce poste clé offert par le nouveau président.
« Nous sommes heureux d’avoir travaillé de manière bipartisane pour faire en sorte que l’un des nôtres, le sénateur Marco Rubio, soit en mesure de prendre rapidement la direction du département d’État. »
Les sénateurs Jim Risch et Jeanne Shaheen
Les dossiers brûlants qui attendent le nouveau secrétaire d’État
En première ligne : exécuter la vision diplomatique exposée par Donald Trump lors de son discours d’investiture. Le président a promis de « reprendre le contrôle » du canal de Panama, tout en se posant en « artisan de la paix ». Deux objectifs qui peuvent sembler antinomiques, et qu’il reviendra à Marco Rubio de concilier.
Autre défi de taille : gérer les relations compliquées avec la Chine, dont la montée en puissance inquiète Washington. Le nouveau locataire de Foggy Bottom devra manœuvrer habilement pour contenir les ambitions de Pékin, sans pour autant déclencher une guerre froide.
Une nomination historique
Né à Miami de parents cubains, Marco Rubio sera le premier chef de la diplomatie américaine à parler couramment espagnol. Un atout indéniable pour dialoguer avec l’Amérique latine, région stratégique où les États-Unis cherchent à endiguer l’influence grandissante de la Chine.
Mais au-delà des symboles, c’est bien la ligne dure du sénateur qui a séduit Donald Trump. En adoubant ce faucon, le président envoie un message clair : sous son administration, la diplomatie américaine ne fera pas de cadeau à ses adversaires.
Reste à savoir si cette approche musclée portera ses fruits, ou si elle risque au contraire d’isoler un peu plus les États-Unis sur la scène internationale. Réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour la politique étrangère de la première puissance mondiale.
