Le marché automobile allemand traverse une période difficile. Malgré l’engouement pour les voitures électriques, les ventes globales continuent de chuter mois après mois. Un paradoxe qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir de ce pilier de l’économie allemande.
Des chiffres préoccupants malgré l’essor de l’électrique
Selon les données publiées par l’Agence fédérale pour l’automobile (KBA), les immatriculations de voitures neuves en Allemagne ont reculé de 0,5% en novembre 2023 par rapport à l’année précédente. Un chiffre qui peut sembler anecdotique, mais qui s’inscrit dans une tendance de fond inquiétante pour le secteur.
Paradoxalement, cette baisse intervient alors que les ventes de voitures 100% électriques ne cessent de progresser. Avec une part de marché de 14,4% en novembre, elles sont toutefois en net recul par rapport à la moyenne annuelle, supérieure à 18%. Un essoufflement qui s’explique par plusieurs facteurs :
- La frilosité des consommateurs, touchés par l’inflation galopante
- La suppression progressive des généreuses subventions à l’achat
- Des prix encore trop élevés par rapport aux modèles thermiques
- Une offre concentrée sur les segments supérieurs du marché
Les constructeurs allemands en difficulté sur leur propre marché
Face à ces vents contraires, les constructeurs allemands voient leur domination s’éroder sur leur marché domestique. Selon la fédération allemande des constructeurs automobiles internationaux (VDIK), la part des marques étrangères dans les ventes en Allemagne est passée de 36 à 42,6% en l’espace d’une décennie. Une tendance particulièrement marquée dans le segment des voitures électriques.
« Sans nouvelles incitations significatives pour accélérer le déploiement de l’électromobilité, nous prévoyons un recul du marché global en 2025 »
Imelda Labbé, présidente de la VDIK
Des défis multiples pour l’avenir de l’automobile allemande
Au-delà des aléas conjoncturels, l’industrie automobile allemande est confrontée à des bouleversements structurels majeurs. La transition vers l’électrique, mais aussi les nouvelles réglementations européennes sur les émissions de CO2, imposent des investissements colossaux et une remise en cause profonde des modèles existants.
Face à ces défis, les constructeurs allemands n’ont d’autre choix que de s’adapter en accélérant leur mue électrique. Volkswagen, leader incontesté du marché, a ainsi annoncé un vaste plan de restructuration visant à réduire ses coûts et à réorienter ses investissements. Mais la route est encore longue et semée d’embûches.
Quel avenir pour le « Made in Germany » automobile ?
Malgré ces difficultés, il serait prématuré d’enterrer l’industrie automobile allemande. Forte de son savoir-faire, de ses capacités d’innovation et de la qualité de ses produits, elle dispose de sérieux atouts pour réussir sa mue. À condition toutefois de trouver le bon rythme et les bons leviers.
Le soutien des pouvoirs publics sera aussi déterminant, que ce soit en termes d’incitations à l’achat de véhicules propres ou de déploiement des infrastructures de recharge. Des domaines où l’Allemagne a encore une marge de progression importante par rapport à d’autres pays européens comme la Norvège ou les Pays-Bas.
Une chose est sûre : la transformation de l’automobile allemande sera longue et complexe. Mais c’est aussi une formidable opportunité pour réinventer un modèle qui a fait ses preuves et pour se projeter dans la mobilité du futur. Le « Made in Germany » automobile n’a pas dit son dernier mot.