Le géant pétrolier américain Marathon Oil vient d’être condamné à une amende record de 241,5 millions de dollars par les autorités américaines pour ses émissions « néfastes » de gaz à effet de serre dans l’État du Dakota du Nord. Cet accord historique, conclu avec le ministère de la Justice (DOJ) et l’Agence de protection de l’environnement (EPA), marque un tournant dans la lutte contre le changement climatique et la pollution industrielle.
Une sanction sans précédent dans le cadre du Clean Air Act
L’amende infligée à Marathon Oil, qui s’élève précisément à 64,5 millions de dollars, est la plus importante jamais prononcée dans le cadre de la loi sur la qualité de l’air (Clean Air Act) pour des infrastructures fixes. Cette loi, adoptée en 1963, vise à protéger la santé publique et l’environnement en réglementant les émissions polluantes.
Outre cette amende, l’accord prévoit également un investissement total de 177 millions de dollars pour permettre à Marathon Oil de se mettre en conformité avec la réglementation environnementale. Le groupe pétrolier devra ainsi mettre en œuvre des mesures pour réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, un puissant polluant climatique.
Plus de 200 infrastructures concernées dans le Dakota du Nord
Les faits reprochés à Marathon Oil concernent plus de 200 infrastructures de production de gaz et de pétrole situées dans l’État du Dakota du Nord, en particulier dans la réserve indienne de Fort Berthold. Ces installations étaient responsables d’émissions massives et illégales de composants organiques volatils (COV) et de gaz à effet de serre entre 2015 et 2019.
Cet accord engage la responsabilité de Marathon pour sa pollution illégale, tout en assurant un air plus pur pour ces régions.
– Merrick Garland, ministre de la Justice
Des mesures concrètes pour réduire les émissions polluantes
En vertu de cet accord, Marathon Oil s’engage à mettre en place une série de mesures visant à réduire drastiquement ses émissions polluantes :
- Réduction de plus de 2,25 millions de tonnes de CO2 au cours des cinq prochaines années, soit l’équivalent des émissions annuelles de 487 000 voitures.
- Élimination de près de 110 000 tonnes d’émissions de composants organiques volatils (COV).
- Obtention de permis fédéraux fixant des limites strictes aux émissions.
- Inspections régulières des installations avec des caméras à infrarouge pour détecter les fuites.
La plupart de ces mesures devront être mises en place avant la fin de l’année 2023, permettant ainsi une action rapide et efficace contre la pollution atmosphérique générée par les activités pétrolières et gazières de Marathon Oil.
Marathon Oil, un des plus gros pollueurs de l’industrie pétrolière américaine
Bien que ne figurant qu’à la 22e place des producteurs de pétrole aux États-Unis, Marathon Oil se classait en 2022 au septième rang des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre de l’industrie pétrolière et gazière du pays. Cette amende record vise donc à sanctionner l’un des acteurs les plus polluants du secteur et à l’inciter à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Marathon Oil va réduire drastiquement ses émissions, y compris la diffusion de méthane, un super-polluant vingt-cinq fois plus puissant à court terme que le CO2.
– David Uhlmann, dirigeant de l’EPA
Cet accord historique intervient alors que les États-Unis, sous l’administration Biden, ont fait de la lutte contre le changement climatique une priorité nationale. En sanctionnant lourdement les entreprises les plus polluantes et en les contraignant à réduire leurs émissions, les autorités américaines espèrent accélérer la transition vers une économie plus durable et respectueuse de l’environnement.
Un signal fort envoyé à l’industrie pétrolière et gazière
Au-delà du cas spécifique de Marathon Oil, cette amende record envoie un signal fort à l’ensemble de l’industrie pétrolière et gazière américaine. Les entreprises du secteur sont désormais prévenues : les pratiques polluantes ne seront plus tolérées et seront sévèrement sanctionnées.
Cette décision pourrait inciter d’autres géants de l’énergie à accélérer leurs efforts de réduction des émissions et à investir massivement dans les technologies propres. À l’heure où l’urgence climatique se fait chaque jour plus pressante, il est crucial que les industries les plus polluantes prennent leurs responsabilités et s’engagent résolument dans la voie de la décarbonation.
L’accord conclu entre Marathon Oil et les autorités américaines constitue à cet égard un précédent important, qui pourrait ouvrir la voie à d’autres actions similaires à l’encontre des entreprises peu soucieuses de leur impact environnemental. Reste à espérer que cette sanction historique marquera un véritable tournant dans la lutte contre la pollution industrielle et le changement climatique aux États-Unis et au-delà.