Cette année, le marathon de Valence s’est déroulé dans un contexte éprouvant. Seulement un mois après les terribles inondations qui ont frappé la région, faisant plus de 230 morts et causant des milliards d’euros de dégâts, la ville espagnole a tenu à maintenir son épreuve malgré l’ambiance lourde. Une décision mûrement réfléchie par les organisateurs, qui souhaitaient ainsi envoyer « une étreinte à cette ville blessée et une promesse de rétablissement ».
Sawe et Alemu s’imposent en champions
C’est dans ce contexte si particulier que le Kenyan Sebastian Sawe et l’Ethiopienne Megertu Alemu ont triomphé ce dimanche. Sawe, récent champion du monde de semi-marathon, a remporté son tout premier marathon en 2 heures 02 minutes et 05 secondes. Un chrono exceptionnel qui fait de lui le meilleur performeur mondial de l’année et le propulse à la 5e place des athlètes les plus rapides de l’histoire sur cette distance mythique.
Chez les femmes, c’est donc Megertu Alemu qui s’est imposée en bouclant les 42,195 km en 2 heures 16 minutes et 49 secondes. Une belle performance pour l’athlète éthiopienne sur un parcours réputé très rapide qui attire chaque année l’élite mondiale.
Les Français passent à côté des minima pour les Mondiaux
Côté français, la déception était au rendez-vous. Les trois représentants tricolores engagés dans l’optique de décrocher leur billet pour les prochains championnats du monde à Tokyo (minima fixés à 2h06’30) sont tous passés à côté. Abderrazak Charik a terminé 20e en 2h07’20, devant Emmanuel Roudolff, 24e en 2h07’52. Yohan Durand complète ce triste bilan avec une 47e place en 2h11’56.
Valence, terre de records
Le marathon de Valence, qui se déroule chaque année en décembre, est devenu au fil des éditions un rendez-vous incontournable pour les runners en quête de chrono. Son parcours roulant au cœur de la cité espagnole est propice aux performances de haut vol. Ces dernières années, de nombreux records sont tombés dans les rues valenciennes :
- En 2020, le Kényan Kibiwott Kandie y avait battu le record du monde du semi-marathon en 57’32.
- L’an dernier, l’Ethiopienne Letesenbet Gidey était devenue la première femme à passer sous les 62 minutes sur semi (1h02’52).
- Chez les hommes, son compatriote Haile Gebreselassie détient le record du marathon de Valence depuis 2008 avec un temps de 2h03’40
Valence est une ville qui respire l’athlétisme. Courir ici, c’est évoluer dans des conditions optimales avec un public toujours au rendez-vous pour nous porter.
Eliud Kipchoge, double champion olympique du marathon
La résilience d’une ville meurtrie
Au-delà des performances sportives, c’est surtout l’état d’esprit qui force l’admiration. En maintenant son marathon malgré le drame des inondations, Valence a montré son attachement à cette épreuve emblématique. Les coureurs, professionnels comme amateurs, ont rendu un vibrant hommage à la ville en prenant part à la course dans ces circonstances si particulières.
Une énergie positive pour une cité qui entame sa reconstruction, comme l’a souligné le maire Joan Ribó : « Le marathon est plus qu’une course, c’est un symbole. Le symbole d’une ville qui avance, le symbole de la vie qui reprend ses droits. Il nous rappelle que malgré les épreuves, il faut continuer, un pas après l’autre. C’est tout l’esprit de Valence qui s’exprime aujourd’hui à travers nos coureurs. »
Les prochains défis des vainqueurs
Forts de leurs succès valenciens, Sebastian Sawe et Megertu Alemu vont maintenant pouvoir se projeter vers leurs prochains objectifs. Pour le jeune Kenyan de 23 ans, qui vient de signer un chrono exceptionnel pour ses débuts sur marathon, tous les espoirs sont permis. Beaucoup voient déjà en lui le successeur des légendaires coureurs kényans des années 2000 comme Paul Tergat ou Haile Gebreselassie.
Quant à Megertu Alemu, après avoir trusté les podiums sur semi-marathon, elle confirme à 26 ans son potentiel sur la distance reine. Nul doute que l’Ethiopienne visera une sélection pour les prochains Jeux Olympiques de Paris en 2024, où elle tentera de succéder à sa compatriote Tiki Gelana, sacrée à Londres en 2012.
Dans une période difficile, le marathon de Valence a montré que le sport restait un formidable vecteur d’espoir et de communion. Sebastian Sawe et Megertu Alemu, en s’imposant de fort belle manière, ont parfaitement endossé ce rôle de porte-étendards d’une ville résiliente, déterminée à se relever et à continuer d’avancer. Rendez-vous est déjà pris pour l’édition 2024, qui sera assurément placée sous le signe de la renaissance.