C’est une nomination qui a surpris plus d’un observateur politique. Quelques heures seulement après l’annonce de la composition de son gouvernement, François Bayrou, nouveau Premier ministre, est revenu sur le retour inattendu de Manuel Valls au sein de l’exécutif, en tant que ministre d’État chargé des Outre-mer. Une résurrection politique pour celui qui avait quitté Matignon fin 2016.
Valls, « une personnalité kamikaze par moments » selon Bayrou
Invité lundi soir sur le plateau de BFMTV, le chef du gouvernement a tenu à s’expliquer sur ce choix audacieux. « Manuel Valls est naturellement en conflit avec la gauche sur des sujets très importants, très difficiles», a-t-il d’abord fait valoir, avant de le qualifier de « personnalité un peu kamikaze par moments ». Mais le Premier ministre apprécie visiblement ce côté fonceuse : « J’aime bien les personnalités audacieuses ou qui acceptent de prendre des risques, il ne craint pas le risque », a-t-il insisté, tout en assurant avoir beaucoup d’« estime » pour son ministre.
Pas une « provocation » envers la gauche
Mais alors, faut-il y voir un geste de défiance envers les forces de gauche réunies au sein du Nouveau Front populaire (NFP) ? François Bayrou s’en défend. « Je ne crois pas que ce soit des histoires de marchandage », balaye-t-il, expliquant que « la question c’est de savoir si on met les défis à la bonne hauteur et les personnalités pour y répondre à la bonne hauteur ». Un argumentaire qu’il a martelé à plusieurs reprises au cours de l’interview.
Les défis des Outre-mer
Et justement, les défis ne manquent pas dans les territoires ultramarins, qui figurent parmi les priorités affichées du gouvernement Bayrou. Développement économique, lutte contre les inégalités, insécurité, infrastructures, autant de chantiers sur lesquels Manuel Valls va devoir rapidement se pencher.
Son expérience passée à la tête du gouvernement et au ministère de l’Intérieur pourrait s’avérer un atout précieux, même si son passage à Matignon avait été marqué par des relations parfois tendues avec certains élus ultramarins. Sa nomination est en tout cas un signal fort envoyé à ces territoires.
Un choix risqué mais stratégique ?
S’il reconnaît en Valls une personnalité clivante, François Bayrou semble convaincu d’avoir fait le bon choix. Un pari osé qui, s’il est réussi, pourrait renforcer la stature d' »homme d’État » qu’entend incarner le nouveau Premier ministre. À l’inverse, un échec fragiliserait un exécutif qui joue gros dans ce nouveau quinquennat.
Une chose est sûre : avec un Manuel Valls de retour aux affaires, dans un ministère exposé, on peut s’attendre à ce que l’actualité politique des prochains mois soit agitée. Reste à savoir si ce come-back surprise permettra de répondre efficacement aux immenses attentes des territoires d’Outre-mer. Le défi est lancé pour celui que Bayrou décrit comme un « kamikaze » prêt à prendre tous les risques.