Selon toute vraisemblance, la France se dirige vers une élection présidentielle anticipée. C’est du moins ce que pense Manuel Bompard, le coordinateur de La France Insoumise. Dans un courrier adressé jeudi à Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, il exhorte ce dernier à préparer dès maintenant les modalités d’un tel scrutin.
La chute du gouvernement, une question de jours ?
Jean-Luc Mélenchon, le leader des Insoumis, est catégorique : le gouvernement actuel n’en a plus pour longtemps. Empêtré dans le bourbier des textes budgétaires, le premier ministre Michel Barnier fait face à une motion de censure déposée conjointement par la gauche et le Rassemblement national. Une alliance de circonstance qui pourrait bien lui être fatale.
Face à cette situation, deux options se profilent : soit un nouveau premier ministre est nommé après d’interminables tractations, soit Emmanuel Macron jette l’éponge et démissionne. C’est visiblement sur ce second scénario que mise Manuel Bompard.
Un timing serré dicté par la Constitution
Si le président de la République venait effectivement à démissionner, la Constitution prévoit la tenue d’une nouvelle élection présidentielle dans un délai très court, entre 20 et 35 jours. Un timing extrêmement serré qui inquiète le coordinateur de LFI. Il craint en effet que ces délais ne permettent pas « un débat éclairé et la pleine et entière expression démocratique du peuple français ».
C’est pourquoi il réclame dès à présent des gages au ministre de l’Intérieur. Il veut savoir si les formulaires de parrainage ont déjà été imprimés, si la liste des élus habilités à parrainer un candidat est à jour, et quel délai est prévu pour acheminer ces documents. Des questions très concrètes qui témoignent de l’imminence du scrutin aux yeux de Manuel Bompard.
Des difficultés logistiques en perspective
Au-delà des parrainages, l’Insoumis s’inquiète également des difficultés logistiques qu’engendrerait une élection anticipée. Il évoque notamment l’impression des bulletins de vote et l’envoi des documents de propagande électorale dans des délais aussi courts. Sans parler du peu de temps dont disposeraient les candidats pour réaliser leur clip de campagne officiel.
Autre sujet de préoccupation pour Manuel Bompard : les inscriptions sur les listes électorales. Combien de temps les citoyens auront-ils pour accomplir cette démarche indispensable ? Autant de questions auxquelles il attend des réponses claires de la part de Bruno Retailleau.
Les Insoumis déjà en ordre de bataille
En interpellant ainsi le ministre de l’Intérieur, Manuel Bompard montre que La France Insoumise est déjà dans les starting-blocks pour cette élection présidentielle anticipée. Le mouvement avait d’ailleurs déjà présenté la candidature de Lucie Castets, une haute fonctionnaire de la ville de Paris, pour Matignon en cas de chute du gouvernement Barnier.
Le Nouveau Front populaire a déjà présenté une candidature de premier ministre. Si cela ne convient pas, le président n’a qu’à s’en aller parce que c’est quand même ça la solution. Le reste, ce sont des bavardages occupationnels.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise
Une façon pour Jean-Luc Mélenchon de mettre la pression sur Emmanuel Macron, dont il réclame inlassablement la démission depuis plusieurs mois. Mais aussi de présenter son mouvement comme la seule alternative crédible en cas de départ précipité du chef de l’État.
La présidentielle, déjà dans toutes les têtes
Si la demande de Manuel Bompard peut sembler prématurée, elle témoigne surtout du fait que l’hypothèse d’une élection présidentielle anticipée est dans tous les esprits. Les différents partis fourbissent leurs armes en coulisses, conscients que tout peut basculer d’un jour à l’autre.
D’après des sources concordantes, les états-majors politiques seraient déjà en train d’échafauder leurs stratégies et d’affûter leurs arguments en prévision de ce scrutin surprise. Les potentiels candidats, eux, peaufinent leur image et leurs réseaux en vue d’une campagne éclair.
Bref, si officiellement personne n’évoque cette présidentielle anticipée, officieusement tout le monde s’y prépare. La demande de Manuel Bompard n’est finalement que la partie émergée d’un iceberg bien plus vaste. Reste à savoir si Bruno Retailleau accédera à sa requête et, surtout, si les craintes de l’Insoumis sur l’imminence d’un départ d’Emmanuel Macron sont fondées. Réponse dans les prochains jours, voire les prochaines heures…