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Mantes-la-Jolie : Quand la fermeture d’un commerce bouleverse les habitudes

La fermeture de la dernière supérette vendant porc et alcool du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie questionne l'évolution des habitudes et du commerce local. Entre nostalgie et réalités socio-économiques, décryptage d'un événement symbolique...

C’est une fermeture qui ne passe pas inaperçue dans le paysage commercial et social du quartier du Val-Fourré à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. Après vingt-deux ans de bons et loyaux services, la supérette La Crémerie a définitivement baissé le rideau le 14 juillet dernier. Au-delà de la perte d’un commerce de proximité apprécié des habitants, c’est tout un pan des habitudes alimentaires et des produits vendus qui disparaît avec cette fermeture.

Le dernier bastion du porc et de l’alcool

Car La Crémerie n’était pas une épicerie comme les autres dans ce quartier populaire de Mantes-la-Jolie. C’était en effet le dernier commerce de la dalle du Val-Fourré à proposer à la vente du porc et de l’alcool, deux produits dont la consommation tend à diminuer en France mais qui restent prisés par une partie de la population. Pour certains habitants, souvent âgés, c’était un point de ravitaillement essentiel pour acheter de la viande de porc, économique, ou quelques boissons alcoolisées.

Vous m’apprenez qu’ils vendaient du porc

– Une passante qui fait ses courses au Lidl

Une perte pour les habitués

Pour Jeannette, une retraitée qui se fournissait régulièrement à La Crémerie, cette fermeture est un coup dur. Comme de nombreuses personnes âgées du quartier, elle appréciait de pouvoir faire ses courses à pied dans cette supérette de proximité, lieu de rencontres et d’échanges. Désormais, pour trouver du porc il faudra se rendre en centre-ville ou dans la zone commerciale de Buchelay, à près de 2 km de là, soit 25 minutes de marche.

Le reflet d’une évolution des modes de consommation

Pour Loïc Vigneron, le propriétaire de La Crémerie, cette fermeture sonne comme un constat amer. Présent dans le quartier depuis 1981, il a vu les habitudes alimentaires se transformer au fil des années, avec une consommation de porc et d’alcool en baisse, sur fond de paupérisation d’une partie des habitants du Val-Fourré. Un “ras-le-bol” qui l’a poussé à jeter l’éponge, laissant sa place à une boulangerie de la chaîne locale L’Excellence.

Avec la fermeture de La Crémerie, ce sont le porc et l’alcool qui disparaissent du Val-Fourré

– Loïc Vigneron, gérant de La Crémerie

Entre évolution et appauvrissement de l’offre commerciale

Si l’arrivée d’une nouvelle boulangerie peut sembler une bonne nouvelle, tout le monde n’est pas de cet avis dans le quartier. Car les boulangeries et les sandwicheries type kebab ne manquent pas au Val-Fourré. En revanche, une supérette généraliste répondant aux besoins variés des habitants se fait plus rare. C’est ce que déplore une ancienne caissière de La Crémerie, pour qui ce nouveau commerce n’apporte rien de neuf.

Un symbole des mutations sociales et urbaines

Au-delà de l’anecdote, la fermeture de cette supérette historique du Val-Fourré est révélatrice de tendances de fond qui travaillent ce quartier populaire de Mantes-la-Jolie et bien d’autres en France. Elle illustre les difficultés du petit commerce face à la concurrence des grandes surfaces et la nécessité de s’adapter en permanence à une population dont les habitudes et le pouvoir d’achat évoluent. Elle questionne aussi la capacité à maintenir une mixité commerciale dans des zones urbaines en mutation. Autant d’enjeux cruciaux pour la vitalité sociale et économique de nos villes.

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