L’État reculé du Manipur, dans l’extrême nord-est de l’Inde, vient de retrouver sa connexion internet après plusieurs semaines de coupure imposée par les autorités. Cette suspension visait à contenir une flambée de violence liée à un conflit ethnique qui déchire la région depuis plus d’un an et demi. Un drame méconnu qui a déjà fait plus de 250 morts et contraint 60 000 personnes à fuir leur foyer.
Manipur : un conflit ethnique aux racines profondes
Depuis mai 2023, le Manipur est le théâtre d’affrontements sanglants opposant la communauté ethnique hindoue des Metei, majoritaire dans l’État, à la minorité chrétienne des Kuki. Les deux groupes se disputent l’accès aux emplois publics et aux terres, dans un contexte de fortes tensions identitaires et religieuses.
Malgré les appels au calme du gouvernement central, la violence n’a cessé de s’intensifier ces derniers mois, gagnant de nouvelles régions jusque-là épargnées. En novembre, au moins 17 personnes ont été tuées lors de nouveaux affrontements, poussant les autorités à couper une nouvelle fois internet pour tenter d’endiguer la crise.
Cette mesure avait été prise le 19 novembre après que des protestataires eurent tenté de prendre d’assaut les domiciles de responsables politiques à Imphal, capitale de l’État, et vandalisé des propriétés.
D’après une source proche du dossier
Des dizaines de milliers de déplacés dans l’impossibilité de rentrer chez eux
Au plus fort des violences au printemps dernier, ce sont 60 000 personnes qui ont été contraintes de fuir leur foyer selon les chiffres officiels. Et pour des milliers d’entre elles, le retour s’avère toujours impossible en raison de la persistance des tensions intercommunautaires.
Les coupures à répétition d’internet, visant à empêcher la propagation de rumeurs et de fausses informations, ont aussi eu pour effet pervers d’aggraver l’isolement de populations déjà très vulnérables. Sans accès au réseau, de nombreux déplacés peinent à garder contact avec leurs proches ou à accéder à l’aide humanitaire.
Un conflit attisé par des considérations politiques ?
Si le conflit trouve ses racines dans des revendications anciennes autour des droits fonciers et des quotas dans la fonction publique, son embrasement actuel semble aussi lié à des considérations politiques plus récentes.
Des défenseurs des droits humains accusent en effet des dirigeants locaux d’attiser les tensions ethniques pour en retirer un bénéfice électoral, sur fond de montée du nationalisme hindou dans le pays. Le Manipur est gouverné par le BJP, le parti du Premier ministre indien Narendra Modi.
Le gouvernement attise le conflit avec une politique de division qui promeut le majoritarisme hindou.
Human Rights Watch, ONG de défense des droits humains
Le rétablissement d’internet, signe d’un apaisement durable ?
La levée de la suspension d’internet lundi est perçue comme un signe d’accalmie par les observateurs, après des mois de chaos. Les autorités assurent avoir repris le contrôle de la situation sécuritaire et s’emploient désormais à relancer le dialogue entre communautés.
Mais sur le terrain, la méfiance reste forte et le chemin de la réconciliation s’annonce long et semé d’embûches. De nombreuses familles déplacées hésitent encore à regagner leurs villages par peur de nouvelles attaques.
Il faudra plus que le retour d’internet pour panser les plaies de ce territoire déchiré. Seul un règlement politique global, s’attaquant aux racines profondes du mal et associant toutes les parties, pourra ramener une paix durable sur les collines du Manipur. Un défi immense pour les autorités indiennes.
Si le conflit trouve ses racines dans des revendications anciennes autour des droits fonciers et des quotas dans la fonction publique, son embrasement actuel semble aussi lié à des considérations politiques plus récentes.
Des défenseurs des droits humains accusent en effet des dirigeants locaux d’attiser les tensions ethniques pour en retirer un bénéfice électoral, sur fond de montée du nationalisme hindou dans le pays. Le Manipur est gouverné par le BJP, le parti du Premier ministre indien Narendra Modi.
Le gouvernement attise le conflit avec une politique de division qui promeut le majoritarisme hindou.
Human Rights Watch, ONG de défense des droits humains
Le rétablissement d’internet, signe d’un apaisement durable ?
La levée de la suspension d’internet lundi est perçue comme un signe d’accalmie par les observateurs, après des mois de chaos. Les autorités assurent avoir repris le contrôle de la situation sécuritaire et s’emploient désormais à relancer le dialogue entre communautés.
Mais sur le terrain, la méfiance reste forte et le chemin de la réconciliation s’annonce long et semé d’embûches. De nombreuses familles déplacées hésitent encore à regagner leurs villages par peur de nouvelles attaques.
Il faudra plus que le retour d’internet pour panser les plaies de ce territoire déchiré. Seul un règlement politique global, s’attaquant aux racines profondes du mal et associant toutes les parties, pourra ramener une paix durable sur les collines du Manipur. Un défi immense pour les autorités indiennes.