La Géorgie traverse une période de troubles depuis les élections législatives controversées du 26 octobre. Des milliers de Géorgiens pro-européens sont descendus dans les rues pour manifester contre les résultats, dénonçant des fraudes. Mais le gouvernement a choisi la manière forte pour réprimer le mouvement, déclenchant la colère de l’Union Européenne.
L’UE condamne fermement la violence policière
Face aux images choquantes de manifestants brutalisés, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas n’a pas mâché ses mots. Lors d’une visite à Kiev ce dimanche, elle a jugé « inacceptable » le recours à la force contre des citoyens pacifiques, appelant le gouvernement géorgien à respecter la volonté de son peuple. Des propos fermes qui font écho aux vives inquiétudes exprimées par de nombreux pays européens ces derniers jours.
Tbilissi à feu et à sang
Depuis 3 nuits, la capitale Tbilissi est le théâtre de violents affrontements. Canons à eau, gaz lacrymogènes… La police n’hésite pas à employer les grands moyens pour disperser les foules, faisant de nombreux blessés. Plus de 150 personnes ont été interpellées. Les protestataires, eux, répondent en lançant pierres et pétards sur les forces de l’ordre. Des scènes de guérilla urbaine ahurissantes pour ce pays qui aspire à rejoindre l’UE.
Nous avons voté pour l’Union européenne, pour la liberté, pour les droits humains. Et que fait notre gouvernement? L’exact inverse!
Ani Bakhtouridzé, manifestante
Un pays paralysé
Au-delà des rues, c’est tout le pays qui est ébranlé. Les diplomates géorgiens, magistrats et enseignants protestent massivement contre la dérive autoritaire du gouvernement. Ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de l’Education… Des centaines de fonctionnaires ont signé des déclarations communes pour exprimer leur désaccord. Plus de 160 ambassades se vident, les démissions pleuvent. Les universités et écoles ont mis leurs activités en pause. La Géorgie retient son souffle.
La Présidente s’oppose au gouvernement
Même la Présidente Salomé Zourabichvili a pris ses distances avec le parti au pouvoir, le Rêve géorgien. Cette pro-européenne convaincue apporte son soutien au mouvement, tout en n’ayant que des pouvoirs limités. Mais elle l’assure : pas question d’abandonner son poste. Elle restera en fonction jusqu’à de nouvelles élections, pour assurer « une transition légitime et stable » via un Conseil National composé de l’opposition et de la société civile.
Bruxelles menace de sanctions
De son côté, l’UE envisage déjà de passer à l’action. Kaja Kallas évoque des « options » sur la table, dont de possibles sanctions contre la Géorgie. Les relations du pays avec l’Europe risquent fort d’en pâtir. Washington aussi monte au créneau, suspendant carrément son « partenariat stratégique » avec Tbilissi et condamnant vivement la répression. L’OSCE dénonce une « grave violation » du droit de manifester. Une pression internationale qui s’accentue sur le régime géorgien.
Isolé sur la scène internationale mais déterminé, le gouvernement géorgien persiste et signe. Il accuse l’UE de « chantage » tout en jurant vouloir toujours l’intégrer d’ici 2030. Seulement voilà : de nouvelles preuves de fraudes massives lors du scrutin d’octobre ont émergé, sapant sa crédibilité. Entre crispation interne et pression externe, la marge de manœuvre des autorités se réduit de jour en jour. La crise politique en Géorgie est loin d’être terminée.