Depuis plus de dix jours, la Géorgie est secouée par des manifestations pro-UE d’une ampleur sans précédent. Mais derrière l’unité et la détermination des protestataires se cachent des récits glaçants de brutalités policières. Des victimes de ces violences ont décidé de briser le silence pour témoigner des traitements choquants qu’elles ont subis.
« Il me frappait agressivement en hurlant »
Irakli Pipia, un anthropologue de 39 ans, raconte avoir été tabassé par un policier alors qu’il priait à voix basse dans un fourgon cellulaire. « Quand il a compris que je priais, il s’est énervé encore plus et a commencé à me frapper agressivement et à hurler : + ça t’aide? Est ce que ta prière t’aide? », confie-t-il, le visage encore tuméfié.
Interpellé lors d’une manifestation, Irakli explique avoir été traîné puis copieusement tabassé par des policiers anti-émeute, d’abord dans la rue puis dans le fourgon. Un témoignage qui illustre la violence extrême employée pour réprimer les contestataires.
La police accusée de « brutalité systématique »
Selon l’ONG Social Justice Centre qui fournit une aide juridique aux détenus, la majorité des 400 personnes interpellées ont affirmé avoir subi des violences. Une « brutalité systématique » dont l’objectif serait clairement « d’intimider les manifestants » d’après Gouram Imnadzé, avocat pour l’ONG.
Mais loin de décourager les protestataires, ces violences semblent au contraire galvaniser la contestation. Des photos de visages tuméfiés et de têtes bandées sont brandies lors des rassemblements, tandis que des vidéos de tabassages policiers deviennent virales sur les réseaux sociaux.
Journalistes pris pour cibles
Les journalistes couvrant les manifestations sont également victimes de la répression. Aleksandre Kechelachvili, un reporter de 32 ans, a subi un traumatisme crânien et un nez cassé par des policiers. « Ils ne faisaient que me frapper et me frapper encore », témoigne-t-il.
Le même sort a été réservé aux bureaux d’un média indépendant et d’un parti d’opposition, attaqués par des assaillants non identifiés que l’opposition accuse d’être des « voyous » pro-gouvernementaux. Des scènes de violence pure, captées par des caméras de surveillance.
Malgré ces tentatives brutales de museler la contestation, les manifestants continuent de se réunir à Tbilissi pour dénoncer le gouvernement et sa dérive autoritaire prorusse.
L’indignation internationale
Cette vague de répression policière a suscité une vive indignation en Géorgie mais aussi à l’international. Les États-Unis et l’Union européenne ont fermement condamné l’usage excessif de la force, Washington menaçant même d’adopter de nouvelles sanctions contre Tbilissi.
Mais le gouvernement géorgien refuse pour l’instant de plier. Plusieurs leaders de l’opposition ont été arrêtés et le pouvoir a juré d’écraser le mouvement contestataire qu’il accuse d’être fomenté depuis l’étranger.
Face à cette sourde oreille des autorités, les victimes de violences policières comme Irakli Pipia sont déterminées à continuer le combat : « Je ne peux pas faire un pas de plus en arrière, car c’est mon pays. »
Une lutte pour la liberté et la démocratie qui se poursuit donc en Géorgie, malgré la répression brutale. Les témoignages poignants des victimes révèlent l’ampleur des dérives policières et renforcent la détermination des manifestants. Le mouvement parviendra-t-il à faire plier le gouvernement ? L’avenir du pays est en jeu.