Imaginez une grand-mère de 68 ans, fière de ses sept petits-enfants, menottée par la police pour avoir brandi une pancarte dans les rues de Londres. Ce n’est pas une fiction, mais la réalité de Marji Mansfield, une Britannique arrêtée pour avoir manifesté son soutien à la cause palestinienne. Depuis juillet 2025, le Royaume-Uni est secoué par une vague de manifestations et d’arrestations liées à l’interdiction de l’organisation Palestine Action, récemment classée comme « terroriste » par le gouvernement. Cette décision, dénoncée comme disproportionnée par l’ONU, soulève des questions brûlantes sur les libertés publiques et le droit de manifester.
Quand la Solidarité Devient un Crime
Le 5 juillet 2025, Marji Mansfield, retraitée de Chichester, dans le sud de l’Angleterre, participe à une manifestation à Londres. Son crime ? Avoir soutenu Palestine Action, un groupe militant qui dénonce la complicité britannique dans le conflit israélo-palestinien, notamment à travers la vente d’armes à Israël. Ce jour-là, elle est arrêtée avec des centaines d’autres manifestants, dont une femme de 83 ans, dans un climat de tension palpable.
« C’est un choc terrible d’être accusée d’être potentiellement une terroriste », confie Marji Mansfield.
Pour Marji, cette arrestation est un coup dur. Après douze heures de garde à vue, elle est soumise à un contrôle judiciaire strict : interdiction de manifester à nouveau et de se rendre dans le centre de Londres. Une mesure qui l’empêche même d’emmener ses petits-enfants au Musée d’histoire naturelle. Pourtant, elle reste déterminée. « Nous ne sommes pas des terroristes, mais des gens ordinaires », insiste-t-elle.
Une Interdiction Controversée
L’interdiction de Palestine Action par le gouvernement britannique a déclenché une tempête de critiques. Classée comme organisation « terroriste » début juillet 2025, après des actes de vandalisme attribués à ses militants, cette décision est perçue comme une tentative de museler les voix pro-palestiniennes. Selon l’ONU, cette mesure est « disproportionnée » et menace les droits fondamentaux.
Le groupe Defend Our Juries, qui organise des manifestations contre cette interdiction, rapporte que plus de 200 personnes ont été arrêtées depuis juillet. Aucune n’a été inculpée, mais le simple fait de soutenir une organisation proscrite peut entraîner jusqu’à 14 ans de prison selon la loi antiterroriste britannique. Une audience judiciaire est prévue en novembre pour examiner la légalité de cette interdiction.
Chiffres clés :
- Plus de 200 arrestations liées aux manifestations depuis juillet 2025.
- 14 ans de prison : peine maximale pour soutien à une organisation proscrite.
- 500 personnes attendues à la prochaine manifestation à Londres.
Des Profils Variés, une Cause Commune
Les manifestants arrêtés ne correspondent pas au stéréotype du « militant radical ». Parmi eux, on trouve des retraités, des médecins, des étudiants. Alice Clack, 49 ans, obstétricienne, a été arrêtée le 19 juillet. Pour elle, manifester est une « responsabilité » face à l’inaction du gouvernement britannique sur la crise humanitaire à Gaza.
« Personne ne veut se faire arrêter. Mais il y a une responsabilité pour ceux qui le peuvent », explique Alice Clack.
Alice, qui a travaillé pour l’ONG Médecins Sans Frontières, dit être bouleversée par les images d’enfants affamés à Gaza. Ses douze heures de garde à vue ont été éprouvantes, mais elle reste convaincue de la justesse de son engagement. Une éventuelle inculpation pourrait toutefois lui coûter son habilitation à exercer la médecine.
Zahra Ali, étudiante en histoire de 18 ans, incarne une autre facette de ce mouvement. Arrêtée le même jour qu’Alice, elle dénonce l’inaction du gouvernement face à la famine à Gaza. « Si des gens de 80 ans peuvent manifester, alors moi aussi », affirme-t-elle. Pour Zahra, il ne s’agit pas de militantisme, mais d’une réaction humaine face à l’injustice.
Une Mobilisation Ancrée dans l’Histoire
La cause palestinienne résonne particulièrement depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché une guerre dévastatrice à Gaza. Les images d’écoles détruites et d’enfants sans abri ont galvanisé des citoyens britanniques de tous horizons. Pour beaucoup, comme Marji Mansfield, l’interdiction de Palestine Action est une atteinte directe à leur droit de s’exprimer.
Le mouvement Palestine Action, fondé en 2020 par Huda Ammori, se définit comme un réseau d’action directe. Il cible les entreprises et institutions britanniques impliquées dans la vente d’armes à Israël. Ses actions, bien que controversées, ont attiré l’attention sur la question de la complicité du Royaume-Uni dans le conflit.
Profil | Motivation | Conséquences |
---|---|---|
Marji Mansfield, 68 ans, retraitée | Solidarité avec Gaza, indignation face à l’interdiction | Garde à vue, contrôle judiciaire |
Alice Clack, 49 ans, médecin | Responsabilité humanitaire | Risque de perdre son habilitation médicale |
Zahra Ali, 18 ans, étudiante | Indignation face à l’inaction gouvernementale | Contrôle judiciaire |
Un Débat sur les Libertés Publiques
L’interdiction de Palestine Action soulève des questions fondamentales sur la liberté d’expression et le droit de manifester. Pour les militants, cette mesure vise à criminaliser la solidarité avec la Palestine. La ministre de l’Intérieur britannique, Yvette Cooper, défend cette décision en affirmant que le groupe n’est pas « non violent » et dispose d’informations préoccupantes sur ses activités.
Pourtant, les manifestants insistent sur leur pacifisme. « Nous sommes des gens ordinaires, pas des terroristes », répète Marji Mansfield. Cette rhétorique trouve un écho auprès de nombreux Britanniques, qui voient dans ces arrestations une atteinte à leurs droits fondamentaux.
Vers une Mobilisation Croissante ?
Une grande manifestation est prévue à Londres, avec environ 500 participants attendus. La police a déjà averti que de nouvelles arrestations sont probables. Malgré les risques, les organisateurs restent déterminés. Pour eux, il s’agit de défendre non seulement la cause palestinienne, mais aussi le droit de s’exprimer librement.
La bataille judiciaire à venir, prévue pour novembre, pourrait changer la donne. Si l’interdiction de Palestine Action est levée, cela pourrait renforcer la mobilisation. En attendant, des citoyens comme Marji, Alice et Zahra continuent de porter leur message, malgré la peur et les contraintes judiciaires.
Pourquoi cette mobilisation ?
- Indignation face à la crise humanitaire à Gaza.
- Opposition à l’interdiction de Palestine Action.
- Défense des libertés publiques et du droit de manifester.
Un Mouvement qui Transcende les Générations
Ce qui frappe dans ce mouvement, c’est sa diversité. Des retraités aux étudiants, en passant par des professionnels de la santé, tous se réunissent pour une cause qu’ils jugent juste. Zahra Ali, à seulement 18 ans, incarne cette nouvelle génération prête à s’engager, même au prix de lourdes conséquences personnelles.
Pour Marji Mansfield, la mobilisation est aussi une affaire de cœur. Sensibilisée depuis des années à la cause palestinienne, elle ne peut rester silencieuse face aux destructions à Gaza. « Les écoles détruites, les enfants sans maisons », énumère-t-elle, la voix chargée d’émotion.
Un Enjeu Global
Ce mouvement ne se limite pas au Royaume-Uni. La question de la liberté d’expression et du droit de manifester résonne dans de nombreux pays confrontés à des restrictions similaires. La solidarité avec la Palestine, portée par des citoyens ordinaires, met en lumière les tensions entre sécurité nationale et droits fondamentaux.
En attendant l’audience de novembre, les manifestations se poursuivent, portées par une conviction : défendre une cause ne devrait pas faire de vous un criminel. Alors que le débat s’intensifie, une question demeure : jusqu’où le gouvernement britannique ira-t-il pour réprimer ces voix dissidentes ?